America first, oui. Le Congo-Kinshasa d’abord, oui.

Il nous avait semblé curieux que des compatriotes ayant participé à la présentation des Mémoires d’Herman Cohen à Bruxelles ait fait semblant de n’avoir pas suivi le discours de campagne du prochain président américain, Donald Trump. Plusieurs de ces compatriotes donnaient l’impression de n’avoir pas entendu les propos de Trump sur une Afrique qui n’était bonne que pour faire des enfants et qui devrait être encore colonisée pour 100 ans. Sous les apparences d’une certaine innocence, ils demandaient à Herman Cohen de leur dire ce que l’administration Trump allait faire du  »dossier Kabila ». Pathétique ! Ces compatriotes semblaient n’avoir pas entendu Trump dire : « America first » !(http://www.lalibre.be/actu/usa-2016/america-first-i-will-build-a-wall-toutes-ces-promesses-faites-par-trump-durant-sa-campagne-58230e51cd70958a9d5ef0ca) Kokamwa !
Il est curieux qu’après de discours, il y ait un américain au Congo-Kinshasa pour pousser les Congolais(es) de la Majorité dite Présidentielle et ceux du Rassemblement à se mettre ensemble pour trouver une réponse à la crise congolaise réduite à sa plus simple expression : le respect de la Constitution et l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques après les délais prescrits par cette même Constitution.
Il est possible que, dans un format réduit, dans deux ou trois jours, un autre dialogue ait lieu. Malheureusement, il ne va traiter de la crise de légitimité politique au Congo-Kinshasa, mais de la crise électorale dans un contexte où la légitimité électorale peut être achetée par les entreprises multinationales et/ou transnationales à travers  »leurs petites mains » comme cela a été le cas au Congo-Kinshasa en 2006 et en 2011. Dans ce pays, la crise de légitimité politique date des années 1961. Elle est consécutive à l’assassinat du premier ministre élu au profit des marionnettes qui se sont succédé  à la tête du pays depuis cette date jusqu’à ce jour.
Penser trouver une réponse à la crise électorale sous les bons offices de ceux qui ont créé la crise de légitimité politique en 1960-1961, c’est s’apprêter à répondre à leur schéma marionnettiste et à mentir aux populations congolaises assoiffées d’une véritable émancipation sociale, économique, culturelle et politique. Contrairement aux Congolais(es) de la MP et du Rassemblement, les créateurs de la crise de légitimité des années 1961 semblent avoir du suivi dans leurs idées. Ils ont signé dans les années 1950 un droit de préemption sur l’uranium congolais. Conscients du retour de la Chine et de la Russie en Afrique, ils ne voudraient pas que les ressources stratégiques dont regorge le Congo-Kinshasa passent entre les mains de leurs concurrents. Leur doctrine de la sécurité nationale et leur envie homogénéisante du monde le leur interdit. Ils ont donc des lignes jaunes ou rouges qu’ils s’efforcent de ne pas franchir dans les pays qu’ils considèrent comme vassaux. (Lire cet article peut rafraîchir la mémoire sur cette question :http://www.investigaction.net/les-guerres-sont-vendues-avec-de-la-decoration-comme-on-vend-une-bagnole/)
Créer une  »guerre par morceau et perpétuelle » et vouloir faire croire aux Congolais(es) qu’on voudrait leur éviter le chaos alors que l’on est spécialiste en  »stratégie du chaos » est un mensonge.
Connaître l’histoire de ces  »vendeurs de la démocratie et des droits de l’homme » aurait aidé les Congolais(es) à les prendre aux mots maintenant que Trump a opté pour le patriotisme économique en disant haut et fort  »America first ». Les Congolais(es) auraient répondu à  »cet acte de foi trumpiste » en clamant haut et fort :  »Le Congo-Kinshasa d’abord ». Cela d’autant plus que c’est l’Amérique d’Obama (et de Trump) qui a coalisé avec la Grande-Bretagne et leurs proxys Ougandais et Rwandais pour piller le Congo-Kinshasa, tuer sa population, occuper ses terres et le balkaniser.
Adopter  »le Congo-Kinshasa d’abord » comme  »mantra » aiderait à désarmer les egos surdimensionnés de ces   »Mandela Congolais », de ces  »Hommes d’Etat », de ces  »Eternels opposants » ne jurant que par  »l’esclavage volontaire » à l’endroit des  »décideurs internationaux » et des autres  »wumelocrates » dont le faux patriotisme  se mesure à leur capacité de vider les caisses de l’Etat-manqué congolais pour cacher le fruit de leur kléptocratie  dans les paradis fiscaux.
Clamer haut et fort  »le Congo-Kinshasa d’abord » devrait conduire au désarmement de la culture de  »chance eloko pamba » pour un patriotisme social, économique et politique fondé sur les compétences et les mérites ; sur un travail fini et bienfait.
L’option de Trump pour un patriotisme économique américain devrait être lue comme  »un kaïros », un moment favorable poussant les Congolais(es) à rompre avec leur faux débat sur  »le pouvoir » pour créer la paix et la sécurité pouvait permettre à la matière crise du pays de Lumumba de retourner sur les terres de leurs ancêtres pour créer des industries, des PME et des PMI. Oui. Cette expertise est là. Elle existe.
Comment faire cela sans lutter contre l’ensauvagement ayant corrompu plusieurs cœurs  et plusieurs esprits ; mais aussi contre le viol de l’imaginaire conduisant plusieurs d’entre nous à obéir consciencieusement ou inconsciemment au diktat du maître disant : « “Il ne faut surtout pas que l’Afrique s’industrialise” (See more at: http://www.investigaction.net/gabon-la-francafrique-face-a-ses-contradictions-et-ses-deboires/#sthash.4Pbr78NT.cbcaSYkg.dpuf )
Des Congolais(es) voulant se rencontrer et travailler  au devenir meilleur de notre beau pays ne devraient pas mettre entre parenthèses les questions liées au marionnettisme, à l’esclavage volontaire,à la mise sous tutelle du pays, au déformatage et au reformatage des cœurs  et des esprits : à une sérieuse thérapie des désenvoûtement  des cœurs  et des esprits. Ou pour dire les choses simplement, à la décolonisation mentale.
Les jeunes décidés à contribuer à l’avènement de la paix au pays de Lumumba ne devraient pas oublier qu’il n’y a pas de paix sans un minimum de justice dans un pays où  »une guerre par morceau et perpétuelle » a fait plusieurs millions de morts. Ces  Africains ayant vendu d’autres Africains au cœur  de l’Afrique, comme dirait Mufoncol Tshiyoyo, devraient, de l’une ou de l’autre façon, répondre de leurs actes, ne fût qu’à partir d’un travail mené par une Commission Justice, Vérité et Réconciliation.
 »Le Congo-Kinshasa, d’abord ». Oui. Etudions les conditions de faisabilité de cela sans nous laisser enfermer dans un espace temps calculé par ceux qui, hier et aujourd’hui encore, estiment que tout leur est permis et que les Congolais(es) sous-humanisé(es) ne sont bon(ne)s que pour l’esclavage volontaire. Ne confondons surtout pas crise de légitimité politique et crise de légitimité électorale.
Un appel à l’Afrofédéralisme devrait être lancé par ceux et celles qui estiment que le devenir meilleur du Congo-Kinshasa impulsera celui de l’Afrique tout entière.

Mbelu Babanya Kabudi

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