Reprise du dialogue en RDC: la Cenco reste confiante malgré des divergences

Des évêques dont de gauche à droite ; Nicola Djomo, Marcel Utembi, Fridolin Ambongo, François-Xavier Maroy et en arrière Fidèle Nsielele Zi Mputu, s’avancent pour entrer dans la salle de réunion au Centre Inter diocésain ou se tient le dialogue, le 23/12/2016 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Les membres de la Cenco congolaise arrivent pour débuter les discussions politiques, le 21 décembre dernier, à Kinshasa.
© REUTERS/Thomas Mukoya
 Par RFI

Pour l’Eglise catholique, « 95 % » du protocole d’accord est déjà sur la table. Il ne reste plus qu’à intégrer les deux derniers amendements. A savoir le partage du pouvoir au niveau de l’exécutif, tant national que provincial.

Le Rassemblement de l’opposition aimerait se voir attribuer la primature, pour contrebalancer le maintien au pouvoir du président Kabila. La plateforme qui s’est regroupée autour du vieil opposant historique, Etienne Tshisekedi, souhaiterait également voir remaniés les gouvernements provinciaux, accusés de réprimer les militants de l’opposition.

Pour la majorité, les élections des gouverneurs viennent juste d’avoir lieu et le gouvernement d’union nationale issu du précédent accord, moins inclusif, a déjà été investi. Pas possible de revenir là-dessus. Les discussions entre les deux parties se sont poursuivies une partie de la nuit de mercredi à jeudi.

Deux personnalités ont été déléguées par leur camp respectif : le conseiller du président Kabila, Adolphe Lumanu pour le compte de la majorité, et le député Delly Sesanga pour le Rassemblement de l’opposition, qui ont discuté une partie de la nuit. Ils ont promis aux évêques une réponse dans la matinée ce jeudi.

Des compromis trouvés la semaine dernière

Toutes les autres questions auraient été tranchées au cours d’une plénière marathon le week-end dernier : pas de troisième mandat pour un président qui en a déjà effectué deux… Le nom de Joseph Kabila n’est pas cité. Ni d’ailleurs de révision de la Constitution qui interdit ce troisième mandat.

Les parties se seraient également accordées sur la mise en place d’une haute autorité de la transition chapeautée par l’opposition, qui aurait pour mission de faire respecter l’accord, sur une « redynamisation » de la Commission électorale, mais pas une refonte. Et sur l’organisation d’une présidentielle et de législatives fin 2017. Même si l’un ou l’autre de ces compromis n’est pas du goût de l’un ou l’autre des acteurs.


Cacophonie à la reprise des négociations

Le directeur adjoint de cabinet du président tweete le matin une phrase qui en laisse songeurs plus d’un : « Les annonces sur la certitude de signer un accord sous l’égide de la Cenco participent de la manipulation », écrit Jean-Pierre Kambila.

Du côté du Rassemblement de l’opposition, on menace de claquer la porte si des mesures fortes ne sont pas prises pour décrisper l’espace politique. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) exige qu’il soit fait mention que lui et sa coalition, le Front pour le respect de la Constitution sont contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila.

Une opposition vent debout contre le président de la Commission électorale jugé trop favorable au glissement. Et dans l’entourage du chef de l’Etat, on assure que Joseph Kabila n’acceptera jamais de signer lui-même un accord qui l’abaisserait à réaffirmer qu’il ne briguerait pas de troisième mandat.

Une cacophonie que la conférence épiscopale se refuse à écouter. Pour son secrétaire général, il serait irrespectueux de revenir sur les acquis de la semaine dernière. L’abbé Nsholé l’assure, l’accord est presque bouclé. « Ce serait vraiment désolant, je dirais même irrespectueux vis-à-vis des évêques de retirer les concessions déjà faites. Si nous avons affaire aux acteurs politiques sérieux, nous croyons que c’est possible (…) Au moment où je vous parle, pour les évêques, nous clôturons vendredi. »

Pour la Cenco, la signature de cet accord est une question de crédibilité. L’Eglise catholique est l’une des institutions les plus proches du peuple, mais craint aussi sa colère si les pourparlers devaient s’éterniser. Le week-end dernier, un évêque avait confié que deux paroisses avaient été attaquées lors des mouvements de protestation contre le maintien de pouvoir de Joseph Kabila.

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