Comme il y  a un permis de tuer les Congolais(es)

Comme il  y a un permis de tuer  les Congolais(es), tout Congolais, toute Congolaise devrait, en conscience, approfondir la connaissance de lui-même, d’elle-même ; mais aussi de l’autre.  Mais aussi de son mode opératoire, de ses méthodes, de ses stratégies, de ses tactiques, de sa capacité de mobiliser  »les experts » et de mener un lobbying avilissant et abrutissant.
Une Nouvelle Conscience Congolaise Collective devrait s’imposer comme voie de dépollution de la pensée et des mœurs. Un grand Mouvement civico-congolais d’éducation et de formation à la citoyenneté responsable devrait transformer la crise anthropologique  que le Congo-Kinshasa connaît depuis l’assassinat de Lumumba  en une opportunité pour créer des  »foyers d’émergence de la dignité congolaise ». Dans une certaine mesure, les réseaux sociaux aident, petit à petit, à mettre une bonne partie de la jeunesse congolaise debout afin qu’elle rompe avec des jérémiades déresponsabilisantes.

Les procédures et les méthodes du réseau d’élite de prédation opérant au Congo-Kinshasa  peinent à être maîtrisées par plusieurs d’entre nous. Un réseau (humain) est une intersection, une association de plusieurs membres, mouvements et même groupes d’intérêts. La lecture du rapport des experts de l’ONU de 2002   permet de comprendre le mode opératoire du réseau d’élite opérant au Congo-Kinshasa depuis la guerre raciste et de prédation menée contre ce pays avec la complicité des Congolais(es) de l’AFDL, des proxys rwandais, burundais, ougandais, etc.
En lisant, par exemple,  »Noir Canada » ou  »Les nouveaux prédateurs », le mode opératoire de ce réseau mis au service du néolibéralisme devient facile à comprendre. Il y a plusieurs livres allant dans le même sens et dont les titres  peuvent être cités à titre illustratif :  »Carnages. Les guerres secrètes des Grandes puissances en Afrique »,  »Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales »,  »Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent »,  »Les faiseurs de paix ». Gestion d’une crise dans un Etat sous tutelle », etc.
Ces guerres tuent les populations civiles innocentes. A quoi servent-elles ?  « En fait, répond Michel Collon, il s’agit d’une simple tactique commerciale. Il s’agit d’imposer aux pays récalcitrants que leurs richesses soient placées sous le contrôle de telle ou telle multinationale. Ce qui implique de dominer la vie économique et politique de ce pays. » Il explicite cette thèse, il prend quelques exemples.  « La guerre  contre l’Irak, chacun sait que c’est une guerre pour le pétrole, c’est-à-dire pour les bénéfices d’Exxon et de Chevron. Mais c’est pareil pour toutes les opération « humanitaires » des grandes puissances. La guerre au Congo (menée par l’intermédiaire du Rwanda, de l’Ouganda et de certaines milices), c’est une guerre pour les bénéfices des multinationales du diamant, du coltan, de l’uranium et d’autres minerais. » (M. COLLON,  Bush, le cyclone, Bruxelles, Oser dire, p.18-19) Disons que l’accès à certaines matières premières stratégiques passe par la guerre. Elle peut être menée directement par les grandes puissances ou par des milices, des mouvements, des proxys ou des élites compradores mis sous leur contrôle.
Sa durée prolongée peut contribuer à la dégradation des cœurs  et des esprits, à la chasse de  »la matière grise ». Faite sur le temps long, elle peut cacher ses procédures, tactiques, méthodes et stratégies et conduire  à  »la culpabilisation globalisante des victimes ».
Menée sur le temps long, elle met ses experts à profit pour qu’ils imposent  »sa narration officielle » au dépens de l’histoire réécrite par les dignes filles et fils des pays attaqués.
Disons qu’une guerre perpétuelle comporte une dimension d’usure de la pensée plurielle au profit de  »la narration des gagnants ». Elle dégrade  »les perdants » que  »ses experts » culpabilisent afin que se haïssant, ils normalisent leur extermination au cours de cette opération commerciale.
Comme il semble y avoir un permis de tuer les Congolais(es), une attention particulière devrait être accordée à une remise en question permanente de  »la narration officielle » de cette  »guerre par morceau ». Cela d’autant plus qu’elle doit être située dans le temps long, comme l’ a indiqué une fois le Pape François. Elle est menée depuis 1914-1918, 1940-1945, etc.
Elle doit être étudiée et maîtrisée. Les mensonges lui permettant de se perpétuer doivent être mis à nu. Une partie du  »salut russe » est lié à une bonne maîtrise de cette histoire (à partir de la Révolution de 1917). La relecture de cette histoire et l’attachement à sa culture a aidé la Russie à se reconstruire après la fin de l’URSS en 1992. Elle s’est reconstruite rapidement et est en train de s’imposer comme une nation souveraine, malgré tout. Elle a su identifier ses ennemis, faire revivre sa fibre slave et se tracer sa voie au cœur  de grands ensembles qu’elle a contribué à façonner.
Comme il semble y avoir un permis de tuer  les Congolais(es), tout Congolais, toute Congolaise devrait, en conscience, approfondir la connaissance de lui-même, d’elle-même ; mais aussi de l’autre.  Mais aussi de son mode opératoire, de ses méthodes, de ses stratégies, de ses tactiques, de sa capacité de mobiliser  »les experts » et de mener un lobbying avilissant et abrutissant.
Une Nouvelle Conscience Congolaise Collective devrait s’imposer comme voie de dépollution de la pensée et des mœurs. Un grand Mouvement civico-congolais d’éducation et de formation à la citoyenneté responsable devrait transformer la crise anthropologique  que le Congo-Kinshasa connaît depuis l’assassinat de Lumumba  en une opportunité pour créer des  »foyers d’émergence de la dignité congolaise ». Dans une certaine mesure, les réseaux sociaux aident, petit à petit, à mettre une bonne partie de la jeunesse congolaise debout afin qu’elle rompe avec des jérémiades déresponsabilisantes.
Comme il semble y avoir un permis de tuer les Congolais(es), les aînés impliqués dans les deux mouvements susmentionnés et dans bien d’autres devront, en conscience,  travailler au quotidien  au  passage de relais. Ils savent qu’ils sont dans la ligne de mire de ceux qui ont peur  de la pensée et d’une pensée autonome ancrée dans les fondations posées par Kimpa Vita, Kimbangu, Lumumba, Kasavubu et plus récemment  »Muwule Nkwasa », Ya Tshitshi. Ce dernier, avant de passer de ce monde à l’autre, leur a dit : « Prenez-vous en charge. » (http://www.ingeta.com/prenez-vous-en-charge-dixit-etienne-tshisekedi/)

Babanya Kabudi
Génération Lumumba

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