RDC : Gizenga destitue Muzito du Palu pour avoir « organisé des tribunes au sujet du fonctionnement de la République »

RDC : Gizenga destitue Muzito du Palu pour avoir « organisé des tribunes au sujet du fonctionnement de la République »

Le « patriarche » de l’opposition politique en République démocratique du Congo (RDC), l’ancien Premier ministre du président Joseph Kabila entre 2007 et 2008, le Secrétaire général- chef du Parti lumumbiste unifié (Palu) Antoine Gizenga, a destitué le mercredi 12 août 2015 son successeur Adolphe Muzito.

Menacé d’une « peine d’exclusion définitive », l’ex-chef du gouvernement congolais (2008-2012) est accusé d’avoir « organisé des tribunes au sujet du fonctionnement de la République ».

Le Palu, qui avait permis à Joseph Kabila Kabange de remporter l’élection présidentielle en 2006 face à son challenger Jean-Pierre Bemba du Mouvement de libération du Congo (MLC), est en effet « allié » de la Majorité présidentielle.

C’est aux termes de cette alliance que le Palu s’est vu attribuer le poste de Premier ministre, chef du gouvernement, durant le premier quinquennat présidentiel (2006-2011) de Joseph Kabila.

Le deal ainsi conclu impose la « solidarité gouvernementale », d’autant plus que le Palu est vice-Premier et ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, en la personne de Willy Makiashi dans l’actuel « gouvernement de cohésion nationale » du Premier ministre Augustin Matata Ponyo.

« Motifs de la destitution »

« Monsieur Adolphe Muzito est destitué avec interdiction de briguer au sein du Palu un poste pour une période d’un mandat (selon les statuts du Palu, le mandat est de 03 ans) », dispose l’article 1er de la « Décision numéro PL/SGCP/0045/2015 du 12 août 2015, portant destitution d’un militant cadre du Parti lumumbiste unifié »

Selon la « Décision » de Gizenga, « les motifs » de la « destitution (exclusion temporaire) sont : Monsieur Muzito a organisé des tribunes au sujet du fonctionnement de la République ; Monsieur Muzito a créé le Muzitisme, doctrine inconnue au Palu ; Monsieur Muzito a invité le Palu et ses cadres de le suivre dans la recherche des Mosaïques des partis socialistes satellites ».
Bien plus, « Monsieur Muzito a usurpé le pouvoir de la Direction du parti et insubordination et non-respect des directives…, fautes lourdes passibles de la peine d’exclusion définitive ».

« Six tribunes » ravageuses

En fait, l’ancien Premier ministre Muzito tire la substance de ses « tribunes » des exposés et débats qui ont été faits lors des « ateliers » que le Palu a organisés en 2014 pour son cinquantenaire.

Les thèmes et sous-thèmes de ces échanges sur l’état de la nation congolaise, développés aussi bien par des membres du gouvernement que par des experts de l’opposition politique et de la Société civile n’ont jamais été dénoncés par le Secrétaire général du Palu, Antoine Gizenga !
Lorsque, dans sa 4ème tribune, Muzito se demande « Comment le pays en est-il arrivé à ce nouveau statut ? » alors que « la RDC, hier pays pauvre très endetté est devenue depuis 2010, pays pauvre sous endetté », où est le « péché » ?

La 6ème tribune d’Adolphe Muzito, qui a annoncé une « 7ème » pour lundi 17 août 2015, porte sur « Kinshasa : l’enfer au paradis », où il s’« interroge sur l’avenir de cette ville, capitale de la RDC » et « tente sur cette base d’appréhender la préfiguration des autres villes du pays dans une prochaine étude ».

« La ville n’a jamais disposé d’un plan relatif à son extension et à sa modernisation. Cette situation, qui date de nombreuses années, pose aujourd’hui de graves problèmes : d’infrastructures économique et sociale ; de santé publique et environnementale ; de salubrité, de transport ; de desserte en eau potable, en électricité ; de logements », constate-t-il.

Il note qu’« à ces problèmes s’ajoutent celui de chômage pour une population de 12 millions d’habitants qui va aller à 20 millions à l’horizon 2025 ».

Tout cela étant du domaine de la planification, le « poison » serait-il alors dans la 5ème Tribune intitulée « Le chômage en RDC : Hier, aujourd’hui et demain » ?

« Nous avons promis, dans notre 4ème tribune, de débattre de la question du chômage et de ses effets dans notre pays en partant des données statistiques communiquées par le Gouvernement au mois de mai dernier, à la suite de sa réunion de la +Troika+ politique », rappelle Adolphe Muzito s’agissant de la « problématique ».

« En effet, à cette occasion, le Gouvernement a présenté à l’opinion nationale et internationale, comme ci-après, les statistiques sur l’emploi et le chômage dans notre pays : +Il se crée en RDC depuis 2012, 100.000 emplois en moyenne chaque année et le taux de chômage en 2014 est de 43% tandis qu’en 2000, il a été de 67%+ », explique-t-il.

A son avis, « cette évolution supposée ou réelle soulève ainsi 4 questions de fond à savoir :

1) Comment, mathématiquement, le Gouvernement pouvait-il, en 3 années, réduire le taux de chômage de 51% en 2012 à 43% en 2014, en ne créant que 100.000 emplois par an, dans une économie qui a vu dans la période arriver sur le marché de l’emploi, chaque année, près de 2.000.000 de nouvelles demandes d’emplois ?

2) Comment serait-il possible d’inverser, en 3 ans, la courbe du chômage dans une économie dont les caractéristiques sont :

– Un taux de croissance démographique de 3% ;
– Une évolution de la population active dominée par une forte proportion des jeunes (50%) qui, chaque année, finissent les cycles de secondaire, de graduat ou de licence, soit ± 1 million des jeunes (aptes à travailler) ;
– Un secteur agricole prédominé par l’activité informelle et de cueillette;
– Un tissu industriel embryonnaire, désintégré et extraverti, absorbant moins de 6 % du marché d’emploi ;
– Un tertiaire aussi informel, caractérisé par un commerce assis, non pas sur l’industrie locale, mais sur des produits importés et un réseau bancaire peu dynamique ;
– Un marché intérieur étroit et à faible débouché.

3) Quelles sont les tranches d’âge retenues par le Gouvernement pour déterminer la population active, dans la période concernée (2012-2014), en vue de la distinguer de la population inactive ?

4) En d’autres termes, quel a été pour le Gouvernement le total annuel de nouvelles demandes d’emplois auxquelles l’économie a fait face dans la période et dans quelles branches d’activité ? Autrement dit quel est le total de jeunes qui sont arrivés sur le marché d’emploi chaque année (2012, 2013 et 2014) et pour la période ? ».

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