La RDC dans une impasse : Les deux péchés commis par Joseph Kabila

Le régime, en difficulté pour faire face au front social, brandit une souveraineté nationale inexistante

La désapprobation de la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre par les puissances occidentales (Union européenne, Etats Unis d’Amérique, France, Belgique et Canada) est un nouvel épisode dans le bras de fer opposant le Président de la RDC, Joseph Kabila, et ces puissances qui avaient approuvé son accession au Pouvoir en 2001 et qui avaient consolidé son régime en 2006 au détriment de J.P. Bemba.

Le régime de Joseph Kabila a commis deux péchés qui lui coûtent cher aujourd’hui. Le premier péché est celui qu’il a commis contre l’Occident en se tournant vers la Chine en 2007, à travers des accords de troc qui devraient permettre à cette puissance de l’extrême Orient d’exploiter des minerais stratégiques de la RDC, en contrepartie de la construction des grandes infrastructures (routes, pont, écoles, hôpitaux,…). Le deuxième péché du régime de J. Kabila est commis contre le peuple congolais.

Il a négligé le social de la population avec des salaires de misère et un taux très élevé de chômage des jeunes. C’est ainsi que le chef de l’Etat a ouvert deux fronts contre lui, sans peut être le vouloir et le savoir : d’un côté les puissances occidentales et de l’autre la majeure partie de la population qui croupit dans la misère.

Pourquoi s’en prendre seulement à l’Union européenne ?

Mardi dernier, le ministre des Affaires étrangères de J. Kabila a, sur injonction du bureau politique de la Majorité présidentielle qui s’est réunie lundi, diffusé un communiqué de presse contenant des menaces d’expulsion du chef de la délégation de l’Union européenne (UE) en RDC pour avoir désapprouvé dans un communiqué la nomination du Premier ministre Tshibala alors que la RDC est un Etat souverain.

Pendant que Léonard She Okitundu s’en prenait à l’UE sur les antennes des télévisions et des radios officielles et privées, les Etats Unis d’Amérique, la Belgique, la France, puis le Canada ont à leur tour désapprouvé cette nomination qui, selon eux, n’est pas conforme à l’esprit et à la lettre de l’accord politique du 31 décembre 2016. On s’attendait à la même réaction musclée du gouvernement congolais contre les Etats Unis, la Belgique, la France et le Canada, comme cela a été le cas pour l’UE, mais il n’en est rien jusqu’ici.

Le régime de J. Kabila a fait  profil bas, parce qu’il sait bien que la souveraineté nationale de la RDC qu’il brandit n’existe pas. En réalité, la RDC est un Etat en faillite socioéconomique, un pays sous tutelle internationale avec la présence des troupes de l’ONU (près de 19.000 militaires et policiers) depuis 17 ans, un pays saigné à blanc par des puissances étrangères qui exploitent à souhait et à grande échelle le cuivre, le cobalt, l’uranium, le diamant, le coltan et l’or.

Un pays qui produit plus ou moins un million de tonnes de cuivre par an avec un budget annuel qui n’atteint pas 8 milliards de dollars est-il vraiment souverain et indépendant ? Le fait de déclarer qu’on ne tolérera aucune ingérence extérieure dans le processus électoral congolais est en réalité une façon de ne pas vouloir organiser les élections pour s’éterniser au pouvoir, étant donné que le pays n’a pas les moyens nécessaires.

Par LW

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