Appel de fonds lancé pour une assistance humanitaire : Les humanitaires décrètent une urgence pour le Kasaï

64,5 millions $ attendus pour assister 731 000 personnes dans cette partie du territoire national. Ce nouveau financement servira au Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires et à d’autres  organisations internationales et locales de venir en aide à plus d’1 million de déplacés

Le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), par l’entremise du coordonateur humanitaire le Dr Mamadou Diallo, a animé, mardi 25 avril 2017, une conférence de presse à Kinshasa pour annoncer l’appel de fonds en vue d’assistance humanitaire au Kasaï.

« Ainsi, je viens lancer, en date d’aujourd’hui, un appel de fonds d’urgence de 64.5 millions de dollars américains afin de répondre aux besoins urgents et multiples pour assister près de 731 000 personnes durant les six prochains mois dans la grande région du Kasaï, à travers ces cinq provinces. Nous restons convaincus que ces fonds pourront nous permettre de répondre aux besoins urgents identifiés », a insisté le Dr Diallo.

Cet appel est lancé en direction des partenaires de la RDC au regard de la situation humanitaire préoccupante qui prévaut dans cette parti du pays. Cet argent servira à la communauté humanitaire déjà sur terrain au Kasaï de se concentrer sur la sécurité alimentaire, apporter des réponses à des zones à accessibilité réduite. Cet argent servira également à la protection, la santé, l’eau, l’hygiène et assainissement, l’éducation, la logistique et la nutrition.

Plus d’un million en errance

« A ce jour, on estime à plus d’un million le nombre de personnes déplacées depuis le début de la violence partie du Kasaï-Central en août 2016, avec des conséquences et ramifications enregistrées dans les provinces voisines de Kasai, Kasai-Oriental, Lomami et Sankuru.

Cette violence qui a entraîné la mort des civils et d’autres violations flagrantes des droits de l’homme, a également affecté les écoles, perturbant ainsi l’éducation des milliers d’enfants; des centres de santé et d’activités de subsistance. Elle a, en plus, exacerbé les risques de malnutrition et d’épidémie dans une région traditionnellement connue pour le taux élevé de malnutrition et un système de santé faible », a affirmé le coordonateur humanitaire.

La situation humanitaire au Kasaï est alarmante avec plus d’un million de personnes déplacées par les violences qui ont secoué les provinces du Kasaï, Kasaï-Central, Kasaï-Oriental, Lomami et Sankuru depuis aoûy 2016. Selon l’ONU, la crise au Kasaï a généré des besoins qui dépassent les capacités de réponse de la communauté humanitaire. Cette crise est la plus complexe au monde, regrette le Dr Mamadou Diallo. Et le taux de dépassement des prévisions humanitaires en 2017 pour la seule province du Kasaï-Central est de 400%.

40 ong à pied d’œuvre sur terrain

Sur terrain, il ya plus de 40 organisations humanitaires qui travaillent pour venir en aide aux victimes, et OCHA mobilise et coordonne une action humanitaire efficace dans le respect des principes humanitaires en partenariat avec les acteurs locaux et nationaux.

« Actuellement, quelque 40 organisations humanitaires nationales et internationales travaillent dans les cinq provinces avec les moyens disponibles, plusieurs le font sur des fonds propres qui sont vite en train de s’amenuiser. Il y a quelques semaines, le Fonds central de réponse aux urgences, basé à New York, a alloué 4.5 millions de dollars américains à la réponse. En tant que Coordonnateur humanitaire et responsable du Fonds Commun, je compte allouer 5 millions de dollars supplémentaires », a-t-il dit.

Parmi les personnes déplacées dans la région du Kasaï, plus de 60% proviennent du Kasaï-Central, note OCHA. Ce chiffre a plus que doublé comparablement au précédent rapport de situation. Cela est dû aux améliorations méthodologiques et nouvelles données.

L’assistance se poursuit avec une quarantaine d’acteurs humanitaires présents sur le terrain, apportant une assistance humanitaire multisectorielle pour au moins deux mois à 352 000 personnes vulnérables dans les provinces du Kasaï, Kasaï-Central et Kasaï-Oriental.

En raison de contraintes sécuritaires et physiques, l’accès humanitaire est un défi immense à prendre en compte dans la stratégie d’intervention humanitaire en cours de développement. Il faut également améliorer le système de veille et d’alerte mis en place pour suivre les déplacements et les besoins humanitaires.

Crainte de l’ONU

L’ONU redoute que la situation humanitaire puisse s’aggraver en raison du basculement progressif de la crise, marqué par le morcellement des milices, une intensification des violences contre les civils, et l’importance croissante des dynamiques de conflits intercommunautaires selon une logique autochtone  contre les allogènes. Le risque des affrontements intercommunautaires est particulièrement élevé à Luiza (Kasaï-Central) et Mweka (Kasaï).

Dans le contexte volatile de l’urgence complexe dans le Kasaï, les mouvements des populations sont actuellement dynamiques et complexes (avec des parfois déplacements pendulaires, préventifs ou multiples). Ceci rend la distinction entre personnes déplacées et retournées présentement difficile à établir dans les provinces du Kasaï-Central, Kasaï, de la Lomami et du Sankuru.

Ce chiffre des retournés vaut uniquement pour la province du Kasaï-Oriental où l’accalmie rapportée dans certaines zones a permis aux déplacés internes de rentrer dans leurs zones d’origine de manière permanente. De nouveaux déplacements internes de personnes fuyant les violences dans diverses zones sont rapportées quotidiennement sous forme d’alerte humanitaire à travers les cinq provinces kasaïennes (Kasaï, Kasaï-Central, Kasaï-Oriental, Lomami et Sankuru).

En date du 6 avril dernier par exemple, un déplacement de plus de 57 000 personnes a été signalé dans les zones de Mweka et Luebo (province du Kasaï). De même, le 8 avril, une information a fait état d’un mouvement de 200 personnes dans la zone de Luilu (Kasaï-Oriental).

Pour rappel, ces déplacements internes sont causés d’une part par les risques de protection générés par la présence des FARDC et les attaques des miliciens dans les villages, et d’autre part par les affrontements entre ces parties.
OCHA observe un phénomène de déplacements multiples et pendulaires en fonction des lieux ou éclatent les affrontements entre milices et groupes armés au Kasaï.

Par GKM et Deborah Baningela/Stagiaire IFASIC

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