La Majorité opte pour un passage en force !

La signature de l’Arrangement Particulier, annexe à l’Accord Politique et Global du 31 décembre 2016, est annoncée pour ce jeudi 27 avril 2017 à 11 heures dans la salle des Congrès du Palais du Peuple. C’est l’essentiel du communiqué signé conjointement par Aubin Minaku et Léon Kengo, respectivement président de l’Assemblée Nationale et du Sénat,
et transmis hier mercredi 26 avril en début d’après-midi par texto aux députés nationaux et sénateurs.

Cela est d’autant surprenant que le lundi 27 mars 2017, après le constat d’échec fait par la Cenco, suite à la persistance des divergences autour de la Primature et du Conseil National de Suivi de l’Accord, la situation est restée en l’état.

Accueillie avec chaleur dans le camp de la Majorité Présidentielle et ses « alliés », qui estiment que l’heure de la mise en œuvre de ce compromis politique a largement sonné, la nouvelle a provoqué une vive colère dans celle du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement. Selon la famille politique du Chef de l’Etat, plus rien ne s’opposerait à la signature de l’Arrangement Particulier, dès lors que le Chef de l’Etat a déjà nommé un Premier ministre issu du Rassemblement (aile Olenghankoy) et que cette plate forme politique est pilotée par un nouveau chef, en la personne de Joseph Olenghankoy,
qui brandit à tout vent l’acte notarié lui reconnaissant cette qualité ainsi que la liste de ses partisans (Bruno Tshibala, Vincent Mubake, Roger Lumbala, Raphaël Katebe Katoto, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, Me Tshibangu Kalala, Eva Mwakasa, Ingele Ifoto, etc).

Côté Limete, on s’interroge sur le scénario que la Majorité compte offrir à l’opinion tant nationale qu’internationale, d’autant que la Cenco (Conférence Episcopale Nationale du Congo), médiatrice attitrée dans les pourparlers du Centre Interdiocésain, est ignorée et que le chef de la délégation du Rassemblement à ces négociations politiques, Félix Tshisekedi, est d’office pointé absent.

Par conséquent, il y a à se demander comment va se dérouler la cérémonie de signature de l’Arrangement Particulier, dans un contexte d’absences quasi certaines de la Cenco, de l’Opposition et de la Société Civile non signataires de l’Accord de la Cité de l’Union Africaine. Va-t-on instrumentaliser, pour la circonstance, de vrais-faux représentants des Evêques catholiques, du Rassemblement, du Front pour le Respect de la Constitution, qui a déjà décliné l’offre de participer à un quelconque gouvernement pendant la transition, et de la Société Civile non signataire de l’Accord du 18 octobre 2016 ?

Le passage en force… pour quel résultat ?

Dans le cercle des analystes politiques, un constat est fait : la
famille politique du Chef de l’Etat a opté pour un passage en force.
Cette option est mise en œuvre non seulement contre les forces
politiques et sociales internes qui exigent le respect strict de
l’esprit et de la lettre de l’Accord du 31 décembre 2017, notamment à
ses points relatifs à la désignation du Premier ministre et du
président du Conseil National de Suivi de l’Accord, mais aussi contre
la Communauté internationale (Nations Unies, Union Européenne,
Organisation Internationale de la Francophonie, Etats-Unis d’Amérique,
Belgique, France), qui s’en tient également à l’observation stricte du
même deal politique, du reste coulé en Résolution onusienne (2348).
La volonté bien arrêtée de la Majorité Présidentielle d’exécuter
l’Accord du 31 décembre 2016 et l’Arrangement Particulier contre les
avis de la Cenco, du Rassemblement et de la Communauté internationale,
ne fait plus l’ombre d’un doute.
La question de fond est de savoir à quel résultat va aboutir une
démarche qui, à l’image de l’Accord de la Cité de l’Union Africaine,
risque de montrer rapidement ses limites. On se souvient qu’au
lendemain de la « comédie » politique d’Edem Kodjo, il était dit avec
force que c’est le gouvernement Samy Badibanga qui allait conduire le
peuple congolais aux élections avant la fin de l’année 2017, avec à la
clef des solutions aux problèmes socio-économiques des Congolais. Ce
qui est curieux est qu’à la veille de son entrée en fonction, un
nouveau dialogue, réellement inclusif, était lancé au Centre
Interdiocésain, dans un objectif qui n’échappait à personne : son
départ de la scène. Au bout de trois mois de mandat, l’homme rendait
le tablier.
Apparemment, Bruno Tshibala est appelé à remplir, lui aussi, la
fonction de « fusible » à court terme, avant que « de vraies solutions
soient trouvées aux vrais problèmes des Congolais », comme le
soulignait récemment un prélat catholique. Le scepticisme est donc
total au sujet de la prétendue mission confiée au nouveau Premier
ministre de stabiliser la situation socio-économique, de rétablir la
paix sur l’ensemble du territoire national et d’organiser les
élections. S’il est acquis que la signature de l’Arrangement
Particulier intervient dans un climat d’exclusion de l’Opposition
politique la plus représentative des aspirations du peuple congolais,
à quoi va servir un nouveau round d’usure politique ?
Ceux des compatriotes qui n’ont pas la mémoire courte s’inquiètent du
réchauffement, par les faucons de la Majorité Présidentielle, au sein
desquels se recrutent plusieurs « Mobutistes », d’une vieille recette
qui avait empêché le maréchal Mobutu de sortir de la scène politique
par la grande porte, après avoir totalement épuisé ses multiples
mandats de Président-Fondateur du MPR (Mouvement Populaire de la
Révolution) et de droit Président de la République, entre 1965 et
1997.                                                                                                   Kimp

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