RDC : les miliciens de Kamuina Nsapu derrière l’évasion de la prison de Matete ?

Par /jeuneafrique

Dans la nuit du 10 au 11 juin, une vingtaine de personnes cagoulées ont attaqué le commissariat et le parquet de la commune de Matete, au sud de Kinshasa. Si les autorités congolaises n’ont pas encore mis la main sur les assaillants, des témoignages indiquent la piste Kamuina Nsapu.

Le commissariat du district de Mont-Amba et le parquet de Matete, distants de 50 mètres, ont été attaqués par une vingtaine de personnes non identifiées dans la nuit du 10 au 11 juin. Blessé par balle, un seul de ces assaillants a pu être arrêté par la police, juste avant de succomber à sa blessure. Au total, 17 détenus se sont enfuis, dont 14 qui se trouvaient dans les cellules du commissariat et trois au parquet. D’après un responsable local, les assaillants chantaient et dansaient en citant le nom de Kamuina Nsapu : « Après avoir vu plus d’une fois le mode opératoire de la bande de Kamuina Nsapu [milice active dans le Kasaï et en proie à une forte répression des autorités, NDLR], tout laisse à croire que ces sont ses adeptes qui se sont pointés à Matete cette nuit-là ».

Contacté par Jeune Afrique, la police congolaise n’exclut pas cette hypothèse. » Ils nous a été rapporté que les assaillants entonnaient des chants à la gloire de Kamuina Nsapu mais, pour l’instant, nous ne pouvons affirmer que ce sont eux les auteurs de l’attaque », a précisé son porte-parole, le colonel Pierre Rombaut Mwanamputu Empung, soulignant que « l’enquête [était] en cours ».

Pourquoi pas les Kuluna ?

La commune est connue à Kinshasa pour être mouvementée. C’est notamment dans ce secteur que les Kuluna, ces gangs de jeunes criminels, faisaient régner la terreur il y a quelques années. Mais aux yeux du bourgmestre Thierry Gaibene Bayllon, les auteurs de l’attaque ne sont pas issus de leurs rangs : « Ces jeunes ne font plus parler d’eux en mal et je doute fort que ce soit eux. À ce stade, laissons la police militaire mener l’enquête. »

Ces incidents sont extrêmement graves

Du coté des politiques, ça grogne. « Ces incidents sont extrêmement graves », s’exclame le député et membre du Rassemblement de l’opposition, Claudel Lubaya, contacté par Jeune Afrique. « Les prisons sont des lieux de haute sécurité, poursuit-il. Si les prisons sont attaquées assez régulièrement, que les agents de l’ordre ne parviennent pas à rattraper les assaillants et que les autorités chargées de s’en occuper ne sont pas démises de leurs fonctions, cela prouve à suffisance la défaillance et la complaisance du système militaro-sécuritaire du pays. »

Le 17 mai dernier, c’était la grande prison de Makala qui était attaquée par les combattants de Ne Mwanda Nsemi, le chef de la secte Bundu Dia Kongo, occasionnant ainsi sa sortie de prison, avec dans son sillage plus de 4 000 autres détenus. Les autorités congolaises, qui s’étaient exprimées par la voix d’Alexis Tambwe Muamba, ministre d’État en charge de la Justice, n’avaient fourni aucun bilan sur cet incident dans lequel au moins huit personnes ont trouvé la mort.

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