Remettre nos cerveaux à l’endroit.  »La Communauté internationale » ne pouvait pas soutenir l’enquête sur  »le génocide en cours au Kasaï »

Il se pourrait que plusieurs compatriotes aient oublié que Carla Del Ponte fut procureure au Tribunal Pénale Internationale pour le Rwanda à Arusha et qu’elle a mené une instruction sur cette guerre. Et qu’elle avait comme porte-parole Florence Hartmann. Et que celle-ci a écrit un livre partageant certains  »secrets » de cette guerre menée dans la sous-région des Grands Lacs Africains intitulé : Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales (2007).
Attendre de  »la communauté internationale » une enquête sur  »le génocide en cours au Kasaï » , c’est lui demander la lune. Pourquoi ? La guerre raciste et de prédation en cours au Congo-Kinshasa depuis 1990 est aussi la guerre de la politique et de la justice internationale. Dire cela ne signifie pas céder à  »la théorie du complot ». De plus en plus, dans certains milieux congolais, cette théorie est évoquée pour éviter de lire les faits et les témoignages. La guerre menée contre le Congo-Kinshasa est  »transnationale ». Elle a ses commanditaires, ses acteurs pléniers et ses acteurs apparents congolais et étrangers. Ceci relève d’une étude de terrain détaillé. Elle peut être lue encore aujourd’hui dans ce livre:Guerre et droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Regard du Groupe Justice et libération (2009).
Il se pourrait que plusieurs compatriotes aient oublié que Carla Del Ponte fut procureure au Tribunal Pénale Internationale pour le Rwanda à Arusha et qu’elle a mené une instruction sur cette guerre. Et qu’elle avait comme porte-parole Florence Hartmann. Et que celle-ci a écrit un livre partageant certains  »secrets » de cette guerre menée dans la sous-région des Grands Lacs Africains intitulé : Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales (2007).
Si les Congolais(es) peuvent être accusé(es) de participer à  »une théorie du complot » sur les malheurs que connaît leur pays, une journaliste d’un média dominant de la trempe de Colette Braeckman devrait faire exception à cette règle. Pourtant, suivant cette guerre (de près ou de loin), elle a écrit : Les nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique (2003). En la lisant, une chose saute aux yeux : la relation entre les nouveaux prédateurs de la sous-région des Grands-Lacs et les commanditaires de cette  »guerre par morceau ». Pierre Péan abonde dans le même sens en écrivant  »les guerres secrètes des grandes puissances  » en Afrique (2010). Un livre bien sourcé et traitant de l’un des enjeux de cette guerre économique : la concurrence entre les USA, leurs alliés et la Chine en Afrique.
Après la publication de  »Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique » (2008), Alain Deneault et les coauteurs de ce livre dressant la liste des multinationales opérant au Congo-Kinshasa pendant cette guerre raciste et de basse intensité ont été traduits en justice au Canada à causes des révélations contenues dans ce livre. Ce n’est pas tout.
Cynthia McKinney, préfaçant  »Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise » de Charles Onana (2009) avoue que c’est son pays qui a armé l’Ouganda et le Rwanda contre le Congo-Kinshasa. Qui était-elle ? Elle était l’Envoyée spéciale de Bill Clinton dans les Grands Lacs africains en 1997. Et quand ce franco-camerounais, Charles Onana, en bon citoyen européen démontre la complicité de certains acteurs pléniers occidentaux, supposés défendre  »la démocratie et les droits de l’homme » à travers la monde, dans la tragédie congolaise, il n’est contredit par personne dans  »les pays de vieille démocratie ». Son livre  »Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent » est encore d’actualité.
L’année dernière, un américain, un intellectuel de haute facture, Noam Chomsky, a coécrit, avec le philosophe André Vltchek, un petit livre très critique à l’endroit du  »fondamentalisme du marché » et des médias dominants décervelants dans lequel il traite du  »supergénocide congolais ». Le livre est intitulé :  »L’Occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones ».
Tous ces auteurs participeraient-ils de  »la théorie du complot » ?
Je me garde de citer toute la production historico-politique et littéraire sur cette guerre menée par proxys interposés. Dernièrement, un député européen a dit, à une haute et audible voix, ce que, dans les milieux congolais informés, est considéré comme des  »secrets de Polichinelle ». Il a établi la responsabilité des Occidentaux et de leurs multinationales dans la tragédie congolaise. Il peut encore être entendu (https://www.youtube.com/watch?v=CBhJN4Z0hY8). Désormais, comme dirait Ndeko Eliezer,  »les paroles ne s’envolent plus ». Si malgré tout ça, nous persévérons dans la volonté d’ignorer ce qui se passe chez nous en brandissant  »la théorie du complot », nous aurons refusé de remettre nos cerveaux à l’endroit. Les luttants le feront avec ceux qui ont compris et poursuivront leur lutte  »en criant au désert ».
Il est donc temps de disqualifier tous ces politicards congolais qui, forts de leur esprit d’esclaves volontaires, continuent à faire croire aux Congolais(es) que  »la Communauté Internationale » qui leur mène la guerre depuis 1885 va se convertir en  »pompier » sans renversement de rapports de force de l’intérieur après un bon, long et sérieux travail d’organisation, d’information et de formation des masses populaires. Un autre classe politique (et citoyenne) doit pouvoir se mettre debout au Congo-Kinshasa. Elle doit pouvoir aller conter toute cette histoire aux masses populaires afin qu’ensemble, elles deviennent les démiurges de leur propre destinée. Elle doit pouvoir aller vers des alliés humanistes et internationalistes, critiques sévères du  »fondamentalisme du marché » ayant échoué là où  »il est né » pour un apprentissage collectif et en commun.
Théâtraliser  »le génocide en cours au Kasaï » en faisant comme s’il n’y avait pas eu le rapport Mapping en 2010 ne sert qu’à endormir les cerveaux paresseux. Tout est connu de cette  »communauté internationale ». L’ONU est un instrument à son service pour casser toute forme de résistance chez les peuples épris de liberté et d’émancipation politique. Relisons Frantz Fanon.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

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