Adhérer à un pacte de redressement du Congo-Kinshasa

Mon approche du  »pacte de redressement du Congo-Kinshasa » part d’un principe : il ne sert à rien de recourir aux forces du statu quo ayant plongé ce pays dans un gouffre d’une misère anthropologique sans fond pour l’en extraire. Leurs tactiques, méthodes et stratégies ont marqué leurs limites. Il est temps de faire autre chose autrement. Ce principe n’exclut pas qu’il y ait  »re-conversion » ou  »co-ruption » dans leurs rangs. Mais compter sur elles comme actrices de premier plan serait contre-productif. Cela étant, il serait possible que  »les forces novatrices » aillent fouiner dans  »la réserve de la res publica » pour mobiliser les énergies dormantes.
Quand les Congolais(es) décident de se concentrer sur un objectif quelconque et en font le sujet de leurs préoccupations quotidiennes, il arrive qu’ils (elles) réussissent à obtenir des résultats satisfaisants. Historiquement, ils (elles) ont créé  »une alliance intelligente » autour de Lumumba et en ont fait leur premier Ministre en 1960. Des exemples plus récents peuvent aussi être cités. Quand les combattants ont décidé que leurs compatriotes musiciens ne pouvaient plus se produire en Europe, ni  »les collabos » du néocolonialisme venir s’y pavaner à leur guise, ils ont réussi leur pari pendant plusieurs années. Hier, une bonne mobilisation congolaise pour que leurs artistes musiciens arrêtés à Goma au cour de leur manifestation contre les assassinats commis à Beni et au Kasaï soient libérés a obtenu le résultat escompté. Le 02 août 1998, mobilisés comme un seul homme autour de Mzee Laurent Kabila, chauffés à blanc par une chanson fétiche, composée par l’un des meilleurs d’entre nous,  »Tokufa po na Congo »(https://www.youtube.com/watch?v=sG_Y3qW4Vbc), les compatriotes de Lumumba ont tenu en échec  »les escadrons de la mort » au service de l’Ouganda, du Rwanda et des multinationales (avant que la Monusco ne viennent à leur secours en novembre 1999).Depuis lors, l’élan de la résistance intérieure est sapé au quotidien. Une politique de la valorisation de la misère intellectuelle est mise en place. La re-conversion des élites intellectuelles en  »affairistes » cupides et avides a empiré cette misère intellectuelle et a facilité l’installation de la fausseté, du mercenariat et de du vampirisme au cœur de l’Afrique. Avec les conséquences allant avec : la dégradation de la dignité humaine, l’avilissement des masses populaires et leur abrutissement. Depuis lors, le Congo-Kinshasa devient de plus en plus  »un espace vague » où les discours souverainistes cachent le lobbying mené auprès des néocolonialistes et d’autres vendeurs d’armes afin de tenir les Congolais(es) dans une soumission esclavagisante. Et une novlangue appelle  »insécurité »,  »sécurité »,  »tyrannie »,  »démocratie »,  »mercenariat »,  »présidence de la République »,  »république bananière »,  »jeune démocratie »,  »guerre »,  »paix »,  »désordre »,  »ordre ». Elle procède par inversion sémantique au point que dans cet Etat-raté-manqué les mots n’ont plus de sens. C’est-à-dire, leur usage n’oriente pas les vies de leurs usagers de façon en faire des vies sensées, épanouies ; des  »vies bien ».
Les textes critiques, les dénonciations de cette situation infra-humaine sont produits au quotidien par les filles et les fils de ce grand pays.
Ne serait-il pas venu le temps de proposer à nos masses populaires  »une nouvelle donne intelligente » sur laquelle nous pouvons tous et toutes travailler sur le court, moyen et terme en assumant la diversité de nos appartenances politiques, religieuses, philosophiques, tribales et ethniques ? L’un ou l’autre groupe s’essaie sur ce plan. Les compatriotes de  »La Nouvelle Conscience Congolaise » ou ceux du  »Mouvement civico-écologique congolais(Likambo ya mabele) peuvent être cité parmi tant d’autres.
L’une de nos difficultés de croire que nos divergences sont tellement profondes que travailler ensemble sur  »une nouvelle donne politique, sociale, économique et environnementale »,  »une donne intelligente » est impossible. Mais si elle est coulée dans  »un pacte commun de redressement » du pays, elle peut permettre, tant soit peu, que ces divergences devenant un objet d’un débat soutenu, nous arrivions à l’enrichir de quelques éléments de convergences.
En ne considérant que nos divergences, nous risquons de devenir des apatrides. Les ennemis internes et externes de notre pays aiment nos terres, nos forêts, nos savanes et nos eaux ; ils n’ont que du mépris à notre endroit. Cela ne sert plus à rien de nous plaindre.
Une autre difficulté sera liée au choix de celui ou de ceux qui pourraient assumer le leadership. Ne serait-il pas réaliste qu’il soit assumé par celui qui, ayant mieux organisé son mouvement ou son parti, réussit, sur terrain, à renverser les rapports de force ? Oui. Mais en attendant ? Ne serait-il pas souhaitable qu’une identification associative de  »patriotes dignes de ce nom » se fasse autour de  »nouveaux mouvements » ayant de  »nouvelles propositions » allant dans le sens de  »la donne intelligente » ? Des sources dignes de foi, nous apprenons, par exemple, que  »le mouvement civico-écologique congolais » fera sa sortie officielle au mois de septembre ( à la rentrée). Voilà une occasion, un rendez-vous à saisir.
Mon approche du  »pacte de redressement du Congo-Kinshasa » part d’un principe : il ne sert à rien de recourir aux forces du statu quo ayant plongé ce pays dans un gouffre d’une misère anthropologique sans fond pour l’en extraire. Leurs tactiques, méthodes et stratégies ont marqué leurs limites. Il est temps de faire autre chose autrement. Ce principe n’exclut pas qu’il y ait  »re-conversion » ou  »co-ruption » dans leurs rangs. Mais compter sur elles comme actrices de premier plan serait contre-productif. Cela étant, il serait possible que  »les forces novatrices » aillent fouiner dans  »la réserve de la res publica » pour mobiliser les énergies dormantes.
Si cet appel vient après plusieurs autres allant dans le même sens, je serai disposé à échanger avec les compatriotes les ayant lancés. Il y a urgence.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

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