En audience a la Commission de l’Union europeenne (UE) CCE en appelle a une force d’imposition de la paix[i] en RDC

L’audience a eu lieu au cabinet de la Haute representante pour les Affaires etrangeres et la politique de Securite de l’UE et sa Vice-presidente, Madame Federica Mogherini, le mardi 4 juillet 2017, a 11h00. Conduite par sa Presidente, Madame Severine Tshimini Mbuyi, la delegation de la Convention des Congolais de l’Etranger, CCE en sigle, etait en outre constituee de la Presidente de la Commission de Suivi des Resolutions de la CCE, Mme Gisele Mandaila Malamba et du Secretaire general adjoint, M. Lwakale Mubengay Bafwa. De maniere globale, les echanges ont ete de bonne facture et les hotes manifestement bien receptifs.

Presentation de la CCE

De maniere vive, intense, percutante, incisive et concise, Mme Tshimini a si bien ramasse et cible autant le profil et le parcours de la CCE que ses preoccupations de l’heure que nul besoin n’a ete de completer sa tres brillante et emouvante prestation. Invoquant une gravissime et inedite situation que traverse La Republique democratique du Congo (RDC), la Presidente s’est notamment appesantie sur les trois missions fondamentales qu’elle impartit a la CCE :

–         federer tous les Congolais au-dela de toute consideration partisane ;
–         promouvoir une solidarite agissante et efficace a l’egard de la Mere-patrie ;
–         contribuer a l’integration et a l’ascension des Congolais dans leurs pays d’accueil.

Appel a une force d’imposition de la paix en prime doleance

Introduites par son Secretaire general adjoint, les doleances de la CCE ont d’abord ete articulees, de maniere incisive, autour de l’urgence et de l’imperative d’un mandat special d’imposition de la paix en RDC pour stopper, au plus vite, l’extermination ethnique actuellement en cours dans plusieurs coins du pays, notamment au Kasai, dans le Kivu et au Bas-Congo. M. Bafwa s’est alors appuye sur les leviers juridiques en invoquant l’article 42, chapitre VII de la Charte de l’ONU, certes ; mais aussi la jurisprudence avec le cas de la tardive Resolution 1244 face au massacre des civils bosniaques musulmans a Srebrenica ou de la Force internationale d’assistance a la securite (FIAS) en Afghanistan. Meme si en termes de morts, il y a un certain cynisme a opposer les statistiques, Bafwa ne s’est pas empeche de mettre en exergue l’ampleur incommensurable et la barbarie inconcevable qui caracterisent les atrocites en cours en RDC pour en imputer la responsabilite primaire a l’Occident, a l’UE notamment.

Pendant a cette doleance primordiale, c’est le principe d’une enquete internationale independante sur les tueries de masse commises un peu partout au Congo, qui a ete mis en evidence pour etablir les responsabilites penales et sevir afin d’en stopper la tragique spirale. Subsidiairement, les doleances exprimees par le Secretaire general adjoint de la CCE se sont etendues egalement a l’aide humanitaire, a meme d’attenuer les souffrances de ceux qui errent, brutalement chasses de leurs terres ou apeures par les violences vecues, ainsi qu’au soutien logistique, conformement a l’Initiative Europeenne pour la Democratie et les Droits de l’Homme (IEDDH) 1994,  a la CCE et aux autres associations militant la democratie, les droits humains, l’Etat de droit et la bonne gouvernance en RDC.

Plaidoyer pour la tenue des elections comme voie de sortie de la crise

Dans son intervention, avec la tonicite qu’on lui reconnait volontiers, la Presidente de la Commission de Suivi des Resolutions de la CCE, Mme Gisele Mandaila Malamba, a plutot voulu placer le processus electoral au coeur des doleances et a presente la tenue des elections dans les echeances convenues comme la voie royale et rassurante de sortie de la crise. Evaluant de maniere pragmatique les moyens reels d’intervention de l’UE dans une crise multiforme et aux ramifications internationales complexes, Mme Mandaila a estime que la Commission avait les moyens politiques et diplomatiques de contraindre le regime de Kinshasa a respecter les lois qu’il a lui-meme emises et les accords qu’il a signes sans s’exposer aux critiques d’ingerence. 

Requête des sanctions ciblées sur Joseph Kabila

Restant dans le registre du droit international et des instruments diplomatiques, Mme Mandaila s’est largement appesantie sur les sanctions ciblees frappant actuellement les pseudo-autorites congolaises. Pour elle, tant qu’elles ne frappent que de simples executants, des sous-fifres et larbins sans pouvoir reel, ni capacite d’influer sur le cours de la situation, ces mesures restent sans effets escomptes. D’une maniere tranchante et persuasive, elle estime et revendique que ces sanctions touchent aussi et avant tout celui qui detient les renes du pouvoir reel et dont la survie du systeme depend : le President Joseph Kabila et sa famille biologique.

Avis, reconsiderations et recommandations ciblees de M. Emilio Rossetti

De maniere tres etayee, illustrant une maitrise quasi parfaite de la crise congolaise et du contexte international d’y repondre, M. Emilio Rossetti relativise sensiblement les capacites de l’UE a influencer le cours de la situation. Bien que reconnaissant d’emblee l’ampleur excessive de la tragedie au Kasai, il n’y trouve des therapies dans des actions concertees au niveau onusien et en partenariat avec les pays et les organisations internationales de la region. Il releve notamment que l’UE s’est sensiblement eloignee de la contrainte dans ses interventions exterieures. Correlativement, il a invite la CCE a investir le lobbying aupres des pays et des organisations internationales africains ; aupres de l’Angola et de l’Union africaine notamment. Partageant l’analyse de Mme Mandaila sur la priorite a accorder au processus electoral comme voie de sortie de la crise, M. Rossetti a toutefois rejete l’idee des sanctions ciblees contre le President Joseph Kabila lui-meme. Selon lui, la mesure serait inefficace et meme contre-productive ; telle qu’elle a deja ete experimentee dans les cas de Mugabe et d’el-Bechir.

Auto-evaluation de la rencontre et enseignements

Apres l’audience et autour d’un repas gracieusement offert par Mme Mandaila dans un restaurant non loin de son cabinet de travail, l’evaluation de la prestation de la delegation de la CCE a donne lieu a quelques divergences d’appreciation. Mme Mandaila a notamment releve le fait que certaines doleances exprimees, specialement la requete en aide logistique pour le fonctionnement de la CCE, ne correspondaient pas aux competences de l’hote accueillant. Ce qui a donne et laisse l’impression d’une impreparation penalisante de la rencontre. Alors que pour Bafwa, les audiences etant difficiles a arracher aupres des decideurs sur le Congo, chaque rencontre devrait etre exploitee au maximum en placant plusieurs dossiers dans le circuit ; en comptant sur l’interlocuteur en face de nous ouvrir d’autres portes.

 

Lwakale Mubengay Bafwa
Rapporteur

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