Demain, après Kabila, effacer ce  »mot-fétiche-menteur » (alternance) de notre vocabulaire

Le Congo-Kinshasa a prioritairement besoin de l’alternative et non de l’alternance. L’alternance s’inscrit dans la logique anglo-saxonne de  »la chronite », de la précipitation confondue avec la vitesse, du  »time is money ».La recherche de l’alternative prend du temps. Le temps du débat d’idées éclairées avec les masses populaires ; de leur éducation et de leur formation. Le temps de la création des collectifs citoyens au cœur desquels les intellectuels organiques et structurants s’adonnant à un apprentissage en commun avec les masses populaires passent patiemment avec elles du statut de  »populace » à celui du  »peuple ». C’est-à-dire au statut d’un ensemble de citoyens conscients de leur identité, de ses droits et de ses devoirs, de la noblesse de la cause de sa lutte et disposés à aller jusqu’au bout pour la défendre. Un ensemble de citoyens alliant de manière continue la connaissance de son histoire et la maturation de sa conscience identitaire. Le temps que prend l’avènement de l’alternative fatigue  »la populace ».
Au Congo-Kinshasa, le temps de pourrissement se poursuit (http://www.ingeta.com/le-congo-kinshasa-et-le-temps-de-pourrissement/). Il va s’intensifier. Pourquoi ? Il joue sur la capacité de résistance des intellectuels organiques et structurants et  »les masses congolaises éveillées ». Ce temps vise l’anéantissement de tout ressort de résistance avant que les initiateurs de la guerre raciste de prédation imposée au pays de Lumumba depuis les années 1990 (et même avant, 1885) n’imposent  »au pouvoir-os » de Kinshasa, leurs nègres de service.
Pour ce faire, ils doivent, par leurs nègres de service interposés, gagner la bataille des idées. En faisant quoi ? En utilisant un vocabulaire respectueux du système de notre assujettissement, de notre avilissement et de notre abrutissement collectifs et en l’imposant aux masses de leurs thuriféraires et autres tambourinaires. Ces nègres de service ceinturent l’espace public et y parlent de l’alternance et des élections. Ils y a parlent aussi de l’amélioration du climat des affaires. L’alternance (au pouvoir-os), les élections et l’amélioration du climat des affaires sont  »leurs mots et expressions fétiches » et menteurs. Ce sont des éléments de langage qu’ils partagent tous :  »la majorité dite présidentielle »,  »les différents Rassemblements de l’opposition » et plusieurs ONG de la société civile.
Le premier  »mot-fétiche-menteur », c’est l’alternance. Qui l’a mis dans leurs bouches, leurs têtes et leurs cœurs ? Que signifie ce mot  dans le contexte politique qui est congolais ? Il signifie une substitution d’un groupe d’individus à un autre au  »pouvoir-os » sans qu’intervienne un changement en profondeur du système économico-politique du pays. En d’autres mots, c’est la perpétuation du système néocolonial et néolibéral au cœur duquel opèrent les Institutions Financières Internationales, les trans et les multinationales ainsi que leurs  »petites mains » comme acteurs majeurs ou pléniers et les Congolais(es) comme acteurs apparents (sans effectivité du pouvoir économique et jouant le rôle d’élites compradores).
Dans la pratique de l’alternance, les élites compradores sont aliénés ; sans dignité, sans identité propre. Elles sont des vendues au service du système néolibéral contre les intérêts de leurs masses populaires. Elles hypothèquent la souveraineté du pays, le principe de la réciprocité dans les relations avec d’autres pays et celui de la non-ingérence dans les affaires internes du Congo-Kinshasa au nom de leur ventre. C’est-à-dire pour avoir de grosses bagnoles, les villas, les lunettes fumées et des comptes dans les paradis fiscaux. L’acceptation volontaire de ce rôle d’élites compradores relève du  »viol de l’imaginaire » et de  »la désorientation existentielle » créée par les assassinats des héros de notre souveraineté nationale et internationale.
L’alternance est  »un mot-fétiche-menteur » dans la mesure où il porte des promesses mensongères d’amélioration qualitative de la conduite souveraine de notre pays alors qu’il n’en est rien.
Utilisé à temps et à contretemps, ce mot a fini par s’imposer dans les cœurs et les esprits des masses populaires formant  »une populace » autour des élites compradores et autres nègres de service luttant pour l’accès au  »pouvoir-os » demain.
Ce mot est confondu avec cet autre : l’alternative. Celui-ci signifie l’altération en profondeur du système néocolonial et néolibéral en place au Congo-Kinshasa afin que naisse un autre système dans un pays devenu souverain économiquement, politiquement, culturellement, spirituellement, etc. Pour que le nouveau système naisse au Congo-Kinshasa, il faut que l’ancien meurt. Et que les résistants congolais gagnent, petit à petit, la bataille des idées. Ils pourraient effectuer des pas de géant en recourant à nos langues vernaculaires pour expliquer, dans les rues du pays de Lumumba, la différence essentielle entre  »alternance » et  »alternative » et en montrant comment le premier mot est menteur. Des actions fondées sur des idées éclairées par des masses populaires conscientes, éduquées, formées et informées les aident à devenir les actrices majeures de l’avènement d’un Congo souverain. Ceci fait peur aux élites compradores. Elles refusent le renversement de rapports de force dans la guerre raciste de prédation que mènent leurs mentors contre notre bien commun le plus précieux, la terre de nos ancêtres : le Congo-Kinshasa.
Dans la recherche de l’alternative, les facteurs essentiels du système néolibéral et néocolonial sont exposés et débattus avec les masses populaires. L’un d’eux, c’est l’appel néolibéral à l’amélioration du climat des affaires. Il est une attaque à la souveraineté économique du Congo-Kinshasa dans la mesure où il est une invitation à appliquer dans ce pays les principes du Consensus de Washington conçus pour le triomphe de la cupidité du 1% des oligarques d’argent et l’asservissement des peuples entiers.
La recherche de l’alternative prend du temps. Le temps du débat d’idées éclairées avec les masses populaires ; de leur éducation et de leur formation. Le temps de la création des collectifs citoyens au cœur desquels les intellectuels organiques et structurants s’adonnant à un apprentissage en commun avec les masses populaires passent patiemment avec elles du statut de  »populace » à celui du  »peuple ». C’est-à-dire au statut d’un ensemble de citoyens conscients de leur identité, de ses droits et de ses devoirs, de la noblesse de la cause de sa lutte et disposés à aller jusqu’au bout pour la défendre. Un ensemble de citoyens alliant de manière continue la connaissance de son histoire et la maturation de sa conscience identitaire.
 »La populace » composée de tambourinaires et de thuriféraires est attentiste. Elle est fanatique. Elle recourt plus à l’émotion qu’à la raison. Son fanatisme la rend incapable de critique et de remises en question de  »ses gourous » politiques. Elle a l’injure facile et est prête à tout pour que  »ses gourous » la maintienne dans une situation de dépendance perpétuelle pourvu que ramassant les miettes, elle ait suffisamment d’énergie pour les applaudir et violenter leurs contradicteurs. Souvent, elle avance tête baissée vers l’abattoir où  »ses gourous » la conduise. Au Congo-Kinshasa, elle est nourrie des mantras du genre : »Kabila dégage » ;  »Kabila doit partir, même si demain nous sommes dirigés par un chien ». Elle n’a pas de mémoire. Elle ne demande pas pourquoi, le même discours tenu sous Mobutu n’a pas conduit au bonheur collectif partagé sous les Kabila. Elle n’accepte même pas que les questions de ce genre soient posées pour l’inviter à la méditation et à la réflexion.
Fanatiques de  »ses gourous », elle refuse de leur dire que  »les élections sont des pièges-à-cons » au Congo-Kinshasa depuis 2006.
La recherche de l’alternative a beaucoup plus de créer un peuple que le porte que d’une populace qui l’ insupporte. Le peuple ayant atteint une masse critique devient plus qu’une bombe atomique.
Demain, après Kabila, nous devrions privilégier l’usage de nos langues vernaculaires dans les débats publics et les collectifs citoyens, déconstruire  »les mots-fétiches-menteur » pour rompre collectivement avec le élites compradores et les autres nègres de service les utilisant pour gagner la bataille des idées contre les masses populaires congolaises. Il y va du salut de tout un pays.
Le mot  »alternance » devrait être utilisé sans négliger sa différence avec l’alternative.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba

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