RDC : La crise humanitaire s’intensifie malgré les déclarations du président Kabila

lalibre.be

RDC : La crise humanitaire s’intensifie malgré les déclarations du président Kabila

 Par Hubert Leclercq

Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila lors de son passage éclair à la 72e Assemblée générale des Nations Unies s’est voulu rassurant contredisant ce qu’avait dit la veille le Premier ministre belge Charles Michel.

Le chef du gouvernement belge, insistant sur les liens indéfectibles qui unissent l’Europe et l’Afrique, avait expliqué  qu’ « en RDC, la situation sécuritaire s’est fortement dégradée et la crise humanitaire est inquiétante ». Un message que refuse Joseph Kabila qui est venu à New York avec un tout autre discours, affirmant que la situation est sous contrôle et appelant les réfugiés qui ont fui les violences, notamment au Kasaï, à regagner leurs terres.

Une lecture de la situation qui ne semble pas correspondre à la réalité du terrain. Les réfugiés qui ont cherché refuge en Angola refusent de rentrer tant que leur sécurité ne sera pas assurée et c’est maintenant du côté de la Zambie que les réfugiés se pressent pour fuir les exactions perpétrés par les milices congolaises quand ce n’est pas l’armée officielle. « Nombre de témoignages sont accablants pour les forces armées congolaises« , explique un humanitaire travaillant sur la frontière nord de la Zambie.

6000 nouveaux réfugiés de la RDC

Le président zambien, Edgar Lungu s’est déjà entretenu de cette crise et de la menace qu’elle fait peser sur son pays avec le président sud-africain Jacob Zuma. Il devrait l’aborder dans les prochains jours avec le nouveau président angolais.  « Le mois dernier, ce ne sont pas moins de 6000 nouveaux réfugiés fuyant les violences en RDC qui sont arrivés en Zambie, ce qui fait craindre l’explosion d’une crise humanitaire », a expliqué la président Lungu lors de on passage aux Nations Unies.

Des milliers de personnes ont été tuées et plus de 1,3 million ont été contraints à l’exode dans le Kasaï oriental depuis le début de l’insurrection menée par les Kamwina Nsapu il y a près d’un an.

Armée congolaise pointée du doigt

Aujourd’hui, face à cette situation la Zambie doit accueillir 59.195 réfugiés et demandeurs d’asile venus essentiellement de la RDC (fuyant des affrontements entre l’armée congolaise et des milices autour des villes de Pweto et de Moba) mais aussi en moindre nombre d’Angola, du Rwanda, du Burundi, de Somalie et d’Ouganda, selon le haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Jusqu’ici, le gouvernement zambien et l’UNHCR sont parvenus à « accueillir »ces réfugiés et à leur fournir le minimum vital dans des camps protégés, a expliqué le porte-parole de la présidence zambienne.

« Les présidents Zuma, Lungu et le président angolais sortant Dos Santos n cachent pas leurs craintes face à la détérioration de cette situation politique », a poursuivi le porte-parole zambien, qui poursuit en expliquant que « les trois présidents désirent qu’un président africain à la retraite soit désigné pour mener à bien le processus électoral libre et inclusif qui, seul, peut permettre de faire baisser la tension qui a fait naître cette crise des réfugiés qui pourrait déstabiliser toute une région » .

Un discours zambien qui résonne en écho aux paroles de Charles Michel sur la « crise humanitaire inquiétante »… bien loin des mots d’un président congolais hors mandat, Joseph Kabila, qui soit ignore la vraie situation dans son pays, soit cherche à travestir la réalité. Dans les deux cas, le discours ne tient pas et les milliers de réfugiés congolais peuvent malheureusement en témoigner.

Leave a comment

Your email address will not be published.


*