Transition sans Kabila : Mukwege se positionne

Dans une déclaration rapportée par le média belge Le Soir, Dénis Mukwege  a dressé un tableau sombre de la situation en RDC, sa méfiance du pouvoir actuel et a évoqué l’éventualité d’une transition sans Kabila.

« Pour que des élections claires, transparentes et crédibles puissent avoir lieu, il faut que le pouvoir actuel se retire. Il faudra alors mettre en place une équipe neutre qui sera chargée de mettre les choses en place et d’organiser les élections. Il faudra mettre en œuvre les principes qui permettront que désormais tous les partis politiques, après transition, puissent concourir à égalité des chances, défendre leur programme », a-t-il dit.

S’il déclare qu’il n’est candidat à rien, il précise juste après qu’il a une vision et qu’il ne serait pas indifférent de l’appel de la « base ».

« Ah…cette question…Je ne suis candidat à rien. Il faudrait que le peuple comprenne mon raisonnement : plus encore que la transition, que les élections elles-mêmes, ce qu’il faut réaliser, c’est le changement de mentalité, pour mettre l’homme au centre des préoccupations…Deux ans, ce sera juste le temps de jeter les bases pour aller vers un changement du système…C’est un rôle qu’on ne peut jouer que si le peuple le décide. Ce n’est pas moi qui dois solliciter, mais si la base me le demande, c’est qu’elle va me soutenir dans la vision qui est la mienne. Et alors je peux être sûr que cette construction va se mettre en place », a-t-il ajouté.

Pour le contexte, une dizaine d’organisations de la société civile et personnalités dont Sindika Dokolo avaient exigé le 18 août 2017, à Paris, en France, une transition sans le président Kabila. A travers un manifeste dénommé « Esili », ces organisations souhaitent une transition qualifiée de “citoyenne” dont les animateurs devraient être désignés à la suite d’une concertation nationale. Avec pour mission principale d’organiser des élections crédibles, transparentes, ouvertes et libres. Elles disent s’appuyer notamment sur l’appel de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), le 23 juin 2017. Ces organisations ont reçu notamment le soutien de Sindika Dokolo qui a lancé récemment son mouvement citoyen.

Début septembre, le Rassemblement avait salué et soutenu l’adoption du « Manifeste Esili ».

« Le Rassemblement salue et appuie les initiatives récentes de la société civile à travers l’adoption, le 18 aout 2017 à Paris, du manifeste du citoyen et de la déclaration des intellectuels congolais sur la responsabilité sociale des universitaires, le 29 aout COURANT ; Le Rassemblement prend acte et demande à l’ensemble du peuple congolais de se mobiliser en conséquence, » avait dit le Rassemblement dans un communiqué publié le 1erseptembre.

Cette plateforme de l’Opposition ne s’est pas encore clairement positionnée sur cette personnalité consensuelle qui devrait conduire cette éventuelle transition sans Kabila. Cependant, Martin Fayulu Madidi, député national et cadre du Rassemblement, a loué les qualités de Denis Mukwege qu’il propose comme dirigeant d’une probable transition.

« La notoriété de Mukwege peut nous aider. Il a l’aura. Quand vous avez Messi dans votre équipe, vous ne le mettez pas sur le banc. Il peut nous aider notamment à avoir de l’argent pour les élections à l’international. J’ai été le premier à le proposer à la présidence pour une éventuelle transition », avait dit Martin Fayulu dans le NewsForum organisé d’ACTUALITE.CD le 9 septembre 2017.

Au pays comme à l’étranger, Mukwege sensibilise, mobilise et se positionne. Même à Kinshasa, où se recrutent ses plus fervents opposants, l’homme s’avance en participant aux activités de sensibilisation. Sa sortie médiatique fin août à la conférence sur l’engagement des intellectuels congolais dans la résolution de la crise congolaise était particulièrement remarquée.

 

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