Maintien de Kabila : le plan en six points de la MP

– Aucune élection avant fin 2019

– Présidentielle au second degré

– Vote semi-électronique pour garantir la victoire de JKK

– Couplage de toutes les élections

– Pas d’élection sans l’enrôlement des Congolais de l’étranger

Le schéma concocté par la MP pour conserver le fauteuil de son autorité morale a fuité. Selon des sources diplomatiques basées à Washington, la feuille de route actualisée est libellée en six points. La Céni est mise à contribution pour repousser les élections au-delà de 2019, tout en garantissant la victoire de Joseph Kabila au moyen d’un vote semi-électronique, après le référendum constitutionnel.

La Majorité présidentielle ne craint pas l’échéance de décembre 2017, date prévue pour la tenue de la présidentielle. Comme en 2016, ses principaux ténors sont convaincus que le ciel ne va pas leur tomber sur la tête. Un cadre bien placé de la MP, en séjour à Washington, a d’ailleurs glissé sur un ton ironique : « Le 31 décembre 2017 passera comme le 31 décembre 2016 ».

D’où la MP tire-t-elle cette arrogance ? La vérité est qu’au sein de la famille politique, des stratèges ont actualisé le plan de glissement du processus électoral afin de conforter davantage le pouvoir du président Joseph Kabila dont le deuxième et dernier mandat a pris fin en décembre 2016. Il s’agit d’une feuille de route élaborée en six points, à savoir plus question de troisième dialogue ; vote semi-électronique pour garantir la victoire de Joseph Kabila ; élection présidentielle au second degré ; couplage de toutes les élections ; aucune élection avant fin 2019 ; pas d’élection avant la fin de l’enrôlement des Congolais de l’étranger.

La MP y travaille à fond. Pour y arriver, elle a mis à contribution la Céni. Le camouflage est bien trouvé : donner un semblant de légitimité au lugubre schéma.

Dans ces mêmes colonnes, Le Potentiel avait, après recoupement, simulé la première mouture que la MP prévoyait de mettre en œuvre dès janvier 2018. Ce schéma renvoyait les élections au plus tard fin 2019. La Majorité est revenue à la charge en actualisant sa copie, enrichie de nouvelles trouvailles.

Le fond du problème, c’est que la MP anticipe sur la publication du calendrier électoral. Elle ne semble même pas s’en émouvoir. Elle reste convaincue que rien ne sera précipité tant que la centrale électorale n’aura pas bouclé les opérations dans le Grand Kasaï et au niveau de la diaspora congolaise.

La supercherie repose sur le gain de temps. Trois ou quatre mois pour couvrir toutes les circonscriptions du Grand Kasaï ; trois ou quatre mois davantage en faveur des Congolais basés à l’étranger. Qu’est-ce qu’ils sont bien inspirés, les stratèges de la MP dans leur quête de suffisamment de prétextes pour justifier le glissement du processus électoral et de la prolongation du bail de leur autorité morale au sommet de l’Etat! Vu sous cet angle, le bouclage de l‘enrôlement des électeurs ne pourrait pas intervenir avant le second semestre de 2018. Et les élections sont bien renvoyées aux calendes grecques. Ce qui est sûr pour l’instant c’est que, dans ce contexte créé de toute pièce, les jeux sont faits ; la publication d’un calendrier électoral réaliste et consensuel comme l’exige la communauté internationale devient une gageure pour la Ceni.

 LA MP A DÉCIDÉ DE FAIRE BRULER LE PAYS

Certes, la centrale électorale dit attendre les conclusions de la tripartite Céni-Gouvernement-CNSA prévue du 12 au 16 octobre 2017 pour publier son calendrier. Mais d’aucuns sont d’avis que c’est juste de la poudre aux yeux de l’opinion publique pour calmer les ardeurs d’une population remontée par l’incertitude qui plane sur le processus électoral.

En réalité, la MP est à pied d’œuvre sur un schéma qui s’écarte totalement de ce qu’attend l’ensemble de la population. Selon elle, seul le maintien au pouvoir de son autorité morale passe avant tout. Qu’importe les élections!

En tout cas, la MP n’entrevoit pas la tenue d’élections avant 2019. Elle mise également sur un changement de la Constitution qui modifierait le mode de scrutin présidentiel, passant d’un scrutin direct à un tour à un scrutin indirect au niveau du Parlement.

Pour compliquer davantage la donne électorale, la MP prévoit le couplage de toutes les élections essentielles, à savoir la présidentielle ainsi que les législatives nationales et provinciales, alors qu’elle est consciente des contraintes logistiques et financières sous condition d’enrôler les Congolais de la diaspora.

La MP a donc décidé de voguer à contre-courant de l’histoire. Au moment où tous ne jurent que par la tenue d’élections, la MP s’inscrit dans un schéma risqué : le saut périlleux. Les fuites qui ont été organisées autour de sa feuille de route en témoignent.

Comme on l’a toujours prédit, la fin de cette année est entourée d’une très grande incertitude. Dans les tiroirs, la feuille de route est déjà bien ficelée. Il ne reste plus qu’à passer à (‘action pour en accélérer la mise en œuvre. Toujours est-il qu’à ce stade, la famille politique écarte l’option d’un 3ème dialogue par lequel elle pensait séduire l’aile la plus dure de l‘Opposition, c’est-à-dire le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

A tout prendre, on n’est plus loin d’une confrontation. Comme le peint Christophe Rigaud, analyste politique à Afrikarabia, « une chose est sûre, les Congolais ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes pour provoquer les élections et l’alternance au sommet de l’Etat. La population le sait bien… et les groupes armés aussi. A Uvira, la semaine dernière, le mouvement insurrectionnel qui a essayé de prendre la ville se fait appeler Alliance de l’article 64 (AA64), e référence au fameux article de la

Constitution congolaise. Mais il n’y a pas que les groupes armés qui plaident pour l’application de l’article 64 : mouvements citoyens et politiques de tous bords brandissent désormais la menace. Tout est donc prêt pour l’explosion … il ne manque plus que l’étincelle ».

En décidant de brûler le pays pour protéger à tout prix son autorité morale, la MP s’est lancée dans une aventure périlleuse dont l’issue reste la grande inconnue.

Par LE POTENTIEL

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