Ndeko Eliezer Ntambwe demande un débat sur l’occupation

Trois jeunes congolais ont marqué et marquent encore, pour plusieurs compatriotes, la scène journalistique du Congo-Kinshasa. Contre vents et marées. Ils ont leur style et réussissent, tant soit peu, à vaincre la peur. Leur courage et leur ténacité m’ont poussé à rédiger un article les qualifiant d »’ascètes du provisoire » (http://www.ingeta.com/daniel-safu-mike-mukebayi-et-eliezer-ntambwe-trois-ascetes-du-provisoire/). Cela ne signifie pas que je partage, sans esprit critique, toutes leurs sorties médiatiques. Pour preuve, je vais, dans cet article, discuter l’approche d’ Eliezer sur l’occupation du Congo-Kinshas( https://www.facebook.com/yvesmaloukinshasamakambo/videos/909579819200779/) par les proxys des anglo-saxons et les élites compradores congolaises. Croyant dans la force de l’apprentissage en commun que dégage le débat, je réponds à son appel. Il aime le débat sur cette question.

Mes professeurs d’initiation à la recherche scientifique au séminaire ou à l’université insistaient beaucoup sur l’importance des sources pour l’écriture des textes. Ces sources peuvent être orales ou écrites. Elles peuvent être lues, comparées et permettre une prise de position informée et critique.
Leur diversification est souhaitable. Tout comme leur archivage.
L’attachement aux sources et aux archives ou aux sources archivées aide dans l’entretien d’une mémoire collective vivante.
Le temps que la guerre raciste et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa prend risque d’en falsifier la nature si les fils et les filles de ce pays oublient l’importance des sources ou arrêtent de se documenter. Pourquoi cette guerre fut-elle qualifiée de  »basse intensité » ? Tout simplement parce qu’elle est faite par des sous-fifres et/ou des proxys ougando-rwando-burundais interposée.
Elle est anglo-saxonne. Elle est menée par  »l’impérialisme intelligent ». (Lire M. COLLON, Les 7 péchés d’Hugo Chavez, Bruxelles, Investig’Action,2009, p.383)
Par sa nature, elle est une guerre d’occupation du pays par les Anglo-saxons se servant des sous-fifres africains et congolais. Cette occupation n’est pas  »classique ». Elle n’est pas décrite dans un dictionnaire. Elle nous force à produire notre propre dictionnaire. (Et le mien sera bientôt sur le marché). Ndeko Eliezer ne devrait pas oublier que les mots sont polysémiques. Ils peuvent revêtir plusieurs sens. Le contexte ou la forme du langage peuvent influencer le sens des mots. D’où l’importance des échanges et des débats pour éviter de s’empoigner.
Cette  »guerre de basse intensité » et raciste s’inscrit dans un contexte plus large de la production des  »Etats ratés » par l’OTAN et les USA. Ce contexte historique ne doit pas être perdu de vue. Le Congo-Kinshasa est produit comme  »Etat raté » à côté des bien d’autres pays tels que la Yougoslavie, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, la Libye, la Somalie, etc.
Elle s’inscrit, à la fin de la guerre froide, dans la perspective de protection de  »la sécurité nationale US ». C’est-à-dire le contrôle des énergies, des matières premières stratégiques et du marché ultralibéral à travers le monde. Elle s’inscrit aussi dans la perspective de la destruction des identités et de la dignité des peuples pour en faire de simples consommateurs sur le marché ultralibéral.
Elle produit de la régression anthropologique.
Le Congo-Kinshasa est occupé par des  »proxys » interposés et a  »sa tête » un ‘Cheval de Troie » du Rwanda. Sassou Nguesso fait cette confidence à Pierre Péan : »Joseph Kabila est un Cheval de Troie  » à Oyo en 2008. C’est-à-dire après Sun City qui est supposé être le moment où  »un pacte républicain » a été signé  »entre congolais ». Les preuves de Pierre Péan sont là :
« Pourtant, dix jours après la mort de son géniteur, il devient son successeur, et quatre jours plus tard il rencontre à Washington le président Bush et Paul Kagame en marge du National Prayer Breakfast, après avoir été reçu par le président français.
L’acceptation par Joseph Kabila d’une rencontre avec Paul Kagame, l’ennemi le plus acharné de son père, fournit un indice important pour lever un pan du mystère Joseph Kabila. D’autant que l’impacte de cette rencontre est rehaussé par une décision, en date du 1er février, d’abandonner la plainte que le défunt président avait déposée devant la Cour Internationale de justice à La Haye contre l’agression rwando-ougandaise de la RDC, après le 2 août 1998. » p. 413
« L’affirmation suivante du docteur Helmut Strizek me semble pertinente : « Après la mort de Laurent-Désiré Kabila, Kagame obtiendra de ses alliés américains et européens- l’intervention de l’Eufor au Congo est à situer dans ce contexte- que le Congo soit dirigé par  »un jeune homme inoffensif », en la personne de Joseph Kabila. Ceci permettrait au Rwanda de faire main basse sur les richesses du Congo et à Kagame d’être sûr que le danger, dans la lutte contre le pouvoir dictatorial, ne viendra pas de la République Démocratique du Congo. » p. 418 (Deux extraits de P. PEAN,Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010).
En 2012, Charles Onana écrit : Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent (Paris, Duboiris ». Les thèses de la fabrication du  »Raïs 100 %  » par les parrains de Kagame défendues dans ce livre n’ont jamais été détruites par une quelconque étude sur le pays de Lumumba.
Et un député européen est venu enfoncé le clou :https://www.youtube.com/watch?v=eMCfiNyl48k.
Cette petite vidéo de plus ou moins deux minutes vient rappeler aux plus amnésiques d’entre nous que le Congo-Kinshasa est  »géré aiffairisment » par  »un jeune rwandais jugé manipulable ».
Quelle preuve d’occupation Ndeko Eliezer voudrait-il avoir ? Celle du  »Raïs 100% » s’est accompagnée des mécanismes de brassage et de mixage. Ils font partie de la  »thérapie du choc » ou de  »la théorie du chaos » constructeur d’un désordre contrôlable par les initiateurs de  »la guerre raciste de basse intensité » et leurs sous-fifres. Ce que Ndeko Eliezer nomme infiltration participe des mécanismes de consolidation de l’occupation et de la néocolonisation du pays de Lumumba.
En dehors des sources déjà mentionnées, il y a des documentaires ; Rwand’as untold story, quand les éléphants se battent, le conflit au Congo. La vérité dévoilée, etc. Ils facilitent la compréhension de cette occupation. Et de plus en plus, des anglo-saxons voulant comprendre cette guerre perpétuelle et ses conséquences se rendent eux-mêmes sur terrain. Après, ils écrivent des textes soutenant que ce sont eux qui nous livrent la guerre et nous pillent. Ils veulent maintenir les Congolais(es) dans l’Etat de  »non-personnes ». Ils commettent  »un supergenocide » dans ce pays. (Lire N. CHOMSKY et A. VLTCHEK, L’Occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones, Montréal, 2015). Il est curieux que même avec toutes ces preuves, il y ait encore des compatriotes qui rejettent la thèse de l’occupation du pays et qui parlent de  »la République » (bananière?) et de  »notre jeune démocratie » Il semble donner raison à Mufoncol Tshiyoyo quand il soutient qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec l’homme congolais (http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=12043).
Mais après avoir entendu Ndeko Eliezer, il serait aussi mieux d’écouter les réponses de Valentin Mubake aux questions des journalistes sur cette vidéo :https://www.youtube.com/watch?v=HQttYvipk0M). Ses réponses sont d’une très grande qualité. Il sait que son pays est sous occupation et il sait qui occupe le pays par des proxys interposés. Témoin politique de la marche historique de notre pays, il est celui à qui Thabo Mbeki avait dit ceci à Sun City:  »Il m’a été imposé de vous imposer Joseph Kabila ».
Ndeko Eliezer pourrait rétorquer est dire :  »Il y a eu des élections dans ce pays ». Et je le renverrai à Moïse Katumbi et les deux faux penalties (http://www.ingeta.com/moise-katumbi-les-faux-penaltys-et-larbitre/).
Jeune licencié et journaliste admiré par plusieurs compatriotes, Ndeko Eliezer gagnerait davantage sa lutte citoyenne en se documentant suffisamment sur la guerre perpétuelle et raciste menée contre son pays depuis bientôt plus de décennies. Je suis disposé à mettre plusieurs livres à sa disposition. Il a les aptitudes pour participer à un bon et bel entretien de notre mémoire collective. Il peut aussi apprendre de ses aînés sur place. Apprendre est un devoir citoyen de tout instant. Nous y sommes tous contraints.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

Leave a comment

Your email address will not be published.


*