La jeunesse africaine au coeur du discours d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron à l’université Ouaga1, le 28 novembre 2017, face aux étudiants burkinabè.
© REUTERS/Philippe Wojazer

Près de 3 heures de discours et de face-à-face entre les étudiants et le président français à l’université de Ouagadougou au Burkina Faso. Emmanuel Macron a tenu ce mardi midi son premier grand oral africain. « Il n’y a plus de politique africaine de la France », a-t-il déclaré. Comment tout cela a-t-l été perçu sur place ?

Avec notre envoyé spécial à Ouagadougou,  Christophe Boibouvier

Pour faire simple, on peut dire qu’il a fait un tabac parce que d’abord il a eu un discours dans lequel il n’a pas oublié les étudiants. Justement, il a parlé notamment de cette proposition de créer un visa long séjour pour les étudiants africains qui viennent en France et qui après ne veulent plus revenir dans leur pays de peur de ne plus jamais pouvoir revenir en France un jour.

Il leur dit : « non, rentrez dans votre pays. Si vous êtes médecin, allez exercer votre art au Bénin et je vous promets qu’avec ce visa long séjour, vous pourrez revenir plus tard en France. » C’est ce qu’il appelle le « visa de circulation de longue durée ». Cela est une proposition qui a fait mouche.

Il y a aussi sur le plan de la démographie – c’était dans la partie des questions de la fin de la séance  une partie assez agitée. Il a été attaqué notamment sur ce fameux mot : « S’il y a trop d’enfants, c’est un phénomène civilisationnel, et je regrette d’avoir eu ce mot ». Le président Kaboré était juste à ses côtés à ce moment-là et il a eu raison de lui faire ce reproche. « Je retire ce que j’ai dit sur ce plan-là. En revanche, je continue de penser que 7 ou 8 enfants par femme dans certains pays, ce n’est pas normal. Et peut-être qu’un certain nombre de femmes qui ont autant d’enfants ne le souhaitent pas ».

Il a beaucoup insisté, cela a été un des points centraux de son discours sur l’égalité homme-femme, aussi bien « en France, a-t-il dit, qu’en Afrique ». Ce qui a réjoui toutes les jeunes femmes. J’étais à côté d’un certain nombre de jeunes étudiantes et elles applaudissaient à tout rompre. Il y avait une forte proportion de femmes dans cet amphithéâtre.

Puis, il y a eu un moment assez fort. C’était au début des questions, quand une jeune femme a dit « Qu’est-ce que viennent faire vos soldats français chez nous ? » et quand il a dit « Mais écoutez, les soldats français qui sont là, certains sont morts pour vous sauver ». Et là, la salle pouvait partir dans un sens ou dans un autre. La salle est partie de son côté. Il a provoqué une salve d’applaudissements.

Enfin sur la démocratie, il n’était finalement pas très interrogé sur la démocratie dans les autres pays africains. C’était assez centré sur le Burkina Faso. Il a eu ce mot : « La démocratie, vous avez gagné ce combat dans votre pays, mais il reste sur le continent une grande partie de la population africaine qui n’a pas pu gagner ce combat ».

On pense évidemment à tous les pays qui sont toujours gouvernés par des régimes sans alternance. Et il a eu cette petite phrase : « Ceux qui pensent qu’on peut avoir le même pouvoir pendant des décennies, eh bien ça ne va pas ».

C’était pas vraiment un discours qui veut sortir le peuple burkinabè et africain de leurs souffrances

En France, réaction mitigée des députés de l’opposition

« Je regrette qu’Emmanuel Macron ait choisi d’évoquer ce qu’il appelle les crimes de la colonisation. » A droite, ce sont les propos du président sur l’histoire de la France et du continent africain qui ont immédiatement fait réagir. Guillaume Larrivé en a marre de la repentance : « Je pense que c’est aux historiens de dire l’histoire, ce n’est pas au président de la République. »

Une analyse aux antipodes de celle de Clémentine Autain. La députée de La France insoumise se réjouit au contraire que le président Macron parle d’histoire, qu’il déclassifie tous les documents sur l’assassinat de Thomas Sankara : « Je prends acte de cette très bonne nouvelle. »

Sa réserve vient plutôt des annonces en matière d’aide au développement : 0,55% d’ici 2022 c’est bien, à condition que cela soit fait : « Je dis faisons attention entre l’annonce et la réalité des actes qui sont posés dans le budget. La France est la 6e puissance économique mondiale et simplement le 12e contributeur en matière d’aide au développement. »

Même prudence du côté des « constructifs » et des socialistes, où on rappelle que pour financer la mesure, il faudra trouver 6 milliards d’euros.
RFI

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