La France et l’Espagne bloquent une résolution de l’UE condamnant la barbarie de Kinshasa

Le régime de  »la kabilie » a eu recours au principe de la force brute pour empêcher les manifestations prévues par le Comité Laïc de Coordination ce dimanche 31 décembre 2018. Plusieurs compatriotes et hommes et femmes de bonne volonté à travers le monde condamnent cette  »barbarie ». Mais ils semblent oublier que  »la kabilie » n’en est pas à son premier coup. Surtout, ils n’arrivent pas à dire que ce n’est pas la première fois que ce  »conglomérat d’affairistes » tue dans les églises et les profane. Depuis la guerre de l’AFDL (et ses parrains anglo-saxons), plusieurs croyants, chrétiens et pasteurs de l’église catholique ont été et sont encore tués à l’Est de notre pays ; dans les couvents tout comme dans les églises.

Plusieurs chrétiens et croyants congolais semblent oublier, en se plaignant des attaques des  »lieux sacrés », que  »l’humain » est  »le premier lieu sacré ».  »L’humain baptisé est le temple de l’Esprit Saint ». Tuer donc l’humain est la première et la plus grande profanation. Les Baluba attachés au culte de leurs ancêtres disent du  »Muntu » qu’il est  »un Muntu-wa-Bende ». L’humain est un être-d’autrui-de-Dieu. Le seul fait qu’il soit  »un être-d’autrui » exige, pour  »les initiés », qu’il soit protégé, accueilli et pas tué. Il y a donc des Congolais(es) dont la responsabilité liée à la protection d’autrui n’est pas le fruit de leur conversion au christianisme.

La guerre que mène  »le régime de la kabilie » est à situer dans le contexte où les valeurs culturelles et traditionnelles, les valeurs spirituelles et chrétiennes sont  »colonisées » par les principes économiques de compétitivité, de rentabilité et d’utilité. Dans ce contexte,  »la guerre est une opération économique rentable », comme dirait Riccardo Petrella. Dans ce contexte,  »la colonisation des autres domaines de la vie » (par le domaine économique) est une entreprise mondialiste.

Quand la France et l’Espagne refusent de soutenir une résolution condamnant la barbarie de la kabilie à Kinshasa, elles nous renvoient à la logique dominante de la rentabilité (http://www.lesouverain.com/rdc-france-lespagne-bloquent-declaration-condamner-regime-congolais-de-lue/). Il y a plus. Elles nous informent que l’UE ne peut pas se tirer une balle dans le pied après avoir soutenu, pendant longtemps,  »la kabilie ». Elles nous poussent à comprendre que le politique et la politiques sont pris en otage par les nouveaux cercles de pouvoir que sont les multinationales. Elles peuvent avoir pour dénominations Glencore, Total, Bouygues, Bolloré ou Siemens, etc., c’est blanc bonnet bonnet blanc. Ce phénomène de prise en otage du politique et de la politique par l’économique date de la nuit des temps. A la lecture de Noam Chomsky, une chose saute aux yeux :  »Les nouveaux cercles du pouvoir » commencent à s’imposer sérieusement à partir des années 1990. Aux USA, des entreprises accèdent aux mêmes droits que les personnes humaines. Avec Total, la France donne l’impression d’être tombé dans  »un totalitarisme pervers ».

Quelques ouvrages pour aller plus loin (avec Total et le reste) :

A. DENEAULT, Le totalitarisme pervers. Aux origines de la médiocratie, Paris, Ed. Rue de l’échiquier, 2017

E. JOLY, Notre affaire à nous tous, Paris, Les Arènes, 2000

E. JOLY, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, Paris, Les Arènes, 2003

E. JOLY, La force qui nous manque, Paris, Les Arènes, 2007

N. CHOMSKY, Deux heures de lucidité. Entretiens avec Denis Robert et Weronika Zarachowicz, Paris, les Arènes, 2001

N. CHOMSKY, Requiem pour le rêve américain, Paris, Climats, 2017.

L’avenir nous exige que le terrain de la pensée s’occupe des questions liées aux  »nouveaux cercles de pouvoir », à leur lobbying ainsi qu’à leur capacité d’édicter des lois au cœur des Etats prétendument souverains et de peser de tout leur poids sur les instances légiférantes ou de lobotomiser les citoyens en les convertissant, par les médias à leur solde, en de simples consommateurs compulsifs et acéphales.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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