Déserteur des FARDC arrêté en Tanzanie : colonel Tshibangu, Congolais, Zambien ou Centrafricain ?

Lephare
En 2012, au moment où le M23 (Mouvement du 23 mai), sous la conduite
du colonel Sultani Makenga, menaçait de marcher sur Kinshasa, après
avoir occupé une bonne partie du Nord-Kivu, dont Rutshuru et Goma, le
colonel John Tshibangu, disparaissait dans les forêts du Kasaï, avec
un fort contingent de militaires et une importante cargaison d’armes
et munitions. Chef auto-proclamé d’un mouvement rebelle sorti de
nulle, il annonçait à la cantonade la chute du régime de Kinshasa dans
les 45 jours suivant sa désertion. On connaît la suite.

Sans base arrière et sans appui politique et logistique, le colonel
John Tshibangu quittait son maquis, après avoir échappé à une traque
sans merci de l’armée régulière et était signalé, à partir de 2013, au
Kenya, où il vit en exil depuis 5 ans. Disparu des radars sécuritaires
et politiques, on le dit en grande difficulté à Dar-es-Salam, en
Tanzanie, où il vient d’être arrêté, par la police de ce pays, en
provenance du Kenya. Bien que porteur d’un pasteur Zambien, sous
l’identité de Jordan Kabamba, et d’un passeport Centrafricain, dont
l’identité n’a pas été révélée, cet ancien officier des FARDC aurait
été reconnu formellement comme étant le colonel John Tshibangu.
Selon la FIDH (Fédération Internationale des Droits l’Homme) qui suit
de près le dossier, les autorités congolaises ont d’ores et déjà
contacté celles de Tanzanie en vue de l’ouverture de la procédure
d’extradition du fugitif. Ce qui bloque dans l’affaire, c’est la
triple nationalité dans laquelle se trouverait le colonel John
Tshibangu. Présentement dans son lieu de détention, aucun papier
d’identité n’indique qu’il serait Congolais. Par conséquent, la police
tanzanienne attendrait, semble-t-il, des preuves de sa nationalité
congolaise avant de lever l’option de l’extrader ou non vers Kinshasa,
en dépit des pressions des services des renseignements congolais de
voir le dossier être traité en urgence.
Selon plusieurs sources, l’individu présenté comme étant le colonel
Tshibangu nierait répondre à ce signalement. Le flou est d’autant
grand dans son dossier qu’il n’était, au moment de son arrestation,
porteur d’aucun document pouvant attester qu’il serait ressortissant
de la RDC. Le suspense reste de mise. Entre-temps, du côté de
Kinshasa, on soupçonne le précité d’avoir fait mouvement vers la
Tanzanie dans l’intention bien arrêtée de traverser la frontière et de
rejoindre probablement un maquis du Sud, de l’Est ou du Nord du pays.
Il y a lieu de signaler que dernièrement, deux ex-combattants de son
groupe, qui avaient passé plusieurs mois en détention à Bangui, se
sont échappés de l’hôpital où ils avaient été transférés momentanément
pour des raisons de santé, avec la complicité de leur médecin
traitant. Les fugitifs, pense-t-on, auraient pris le chemin de
l’ex-Equateur. La fuite de ces deux « rebelles » activement recherchés
par Kinshasa et la présence du présumé colonel Tshibangu à
Dar-es-Salam ne seraient pas, croit-on, des faits du hasard. D’où le
souci des autorités congolaises de se faire remettre ce dernier en vue
de lui tirer les vers du nez au sujet du mobile de son départ du Kenya
pour la Tanzanie.

Kimp

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