Comprendre facilite l’action. Le cas d’Ekofo au Congo-Kinshasa

 »Deux heures de lucidité »,  »ces entretiens » entre Noam Chomsky, Denis Robert et Weronika Zarachowicz commencent par un chapitre intéressant portant sur  »Les intellectuels ».

Voici la première question qui lui est posée :  »Vous êtes un penseur majeur de notre époque, une sorte d’éternel dissident. On pourrait dire aussi que vous transmettez des  »cours d’autodéfence intellectuelle », que vous donnez des clés qui permettent de se prémunir contre toute manipulation… ».

Chomsky répond en indiquant que se prémunir contre la manipulation, s’exercer à l’autodéfense intellectuelle est  »une tâche qui incombe à tout un chacun ». Pourquoi ?  »En réalité, dit-il, le rôle des intellectuels -et cela depuis des milliers d’années-consiste à faire en sorte que les gens soient passifs, obéissants, ignorants et programmés. Alors qu’il commentait les programmes d’éducation, Ralph Waldo Emerson, le plus grand essayiste et philosophe américain du XIXe siècle, a dit : « Nous devons éduquer le peuple de sorte qu’il ne nous attrape pas à la gorge », autrement dit : « il faut le rendre si passif qu’il ne se retournera pas contre nous. ». Et  »ce penseur majeur de notre époque » prend soin de préciser que dans plusieurs domaines, et à quelques exceptions près, les intellectuels participent de  »la fabrication du consentement ». Il avoue avoir emprunté cette expression à Walter Lippmann,  »la personnalité la plus marquante du journalisme américain, au XXe siècle, qui était aussi un esprit progressiste. Dès les années 20, il a attiré l’attention sur l’importance des techniques de propagande pour contrôler les masses et fabriquer du consentement. » Il appartient à  »des citoyens responsables » de gérer le pays. Cette  »avant-garde » doit être capable de tenir le reste des citoyens.  »Pour cela, il faut contrôler ce qu’ils pensent et les enrégimenter comme des soldats. Tels sont, incidemment, les termes exacts utilisés par un autre penseur progressiste de premier plan, Edward Bernays, l’un des fondateurs de l’immense industrie des relations publiques qui, comme Lippmann, fit partie de la machine de propagande officielle de Woodrow Wilson. » Vers les années 20, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont excellé dans cette entreprise.

 »Pourquoi, précisément, dans ces deux pays ? », telle est la deuxième question posée à Noam Chosmky. Et voici sa réponse :  »Il s’agissait des sociétés industrielles où la liberté était la plus grande. Plus une société devient libre, plus il est difficile d’utiliser la force, plus il faut déployer d’énergie d’énergie pour contrôler les opinions et les comportements. Ce n’est pas par hasard si l’industrie de la propagande est née en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis ». Et, mutatis mutandis, ce n’est pas par hasard que ces deux pays, par mépris raciste et par cupidité, ont choisi de soumettre la sous-région des Grands-Lacs africains en recourant au mensonge systémique entretenu par  »le trio des KA » (Kaguta, Kagame et alias Kabila).

Depuis les années 20, ces deux pays  »fabriquent le consentement » par leurs fabriques des idées et leurs experts interposés. Ils plongent leurs peuples dans l’ignorance. A quelques exceptions près. Et ces peuples ignorants, plongés dans leur complexe de supériorité, ne se posent pas de questions sur les millions des morts que leurs gouvernants font dans les pays qu’ils cherchent à conquérir au profit de l’empire. Rares sont les penseurs de la trempe d’André Vltchek cherchant à en savoir plus (https://www.investigaction.net/fr/le-chien-de-guerre-americain-veut-mordre-mais-quoi-et-comment/). Dieu merci ! En Grande-Bretagne, un procès vient d’être mené contre l’impérialisme et l’appel à la naissance des médias alternatifs vient d’être lancé (http://www.ingeta.com/congolaises-lisez-et-ecoutez-ce-proces-il-est-recent/). Des journalistes et citoyens occidentaux ont compris que l’une des façons de lutter contre notre mort collective, c’est de décrier à la face du monde le monstre. Un internationalisme des citoyens conscients du danger que ce monstre représente est en marche. C’est sûr qu’il sera soutenu par des minorités organisées, conscientes et consciencieuses au sujet de ce vieux mensonge systémique.

Dans ce contexte,  »les intellectuels subversifs » de la trempe d’Ekofo sont  »dangereux ». Pourquoi ? Ils disent la vérité en face des inventeurs du mensonge systémique et de leurs proxys. Il y a plus. Ekofo est pasteur. Il risque d’entraîner les masses des croyants dans  »la connaissance de la vérité qui rend libre ». Il devient encore plus dangereux. Et dans l’entre-temps,  »les faux intellectuels » sont fabriqués dans les universités congolaises. Et  »les faux diplômes » sont distribués aux  »technocrates » et autres  »prophètes de la cour des rois fainéants ». Tel est le contexte où  »les intellectuels subversifs » de la trempe du Professeur Alphonse Maindo deviennent dangereux. Ils doivent être traduits en justice ou chassés du pays. Minaku et Matata peuvent les remplacer et poursuivre, avec Mende,  »la fabrique du consentement » au profit  »des maîtres provisoires du Nord ».

Comprendre le fonctionnement de  »l’industrie de la propagande » en Occident, facilite l’organisation des actions internationalisantes au Sud du monde. Oui. Comprendre, c’est déjà agir.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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