Après Genève, virage à 180 degrés de She Okitundu !

Le Phare

« L’argent n’a pas d’odeur ». Ainsi pourrait-on dire du Vice-Premier
ministre et ministre congolais des Affaires Etrangères, Léonard She
Okitundu, chaud partisan du boycott de la Conférence de Genève sur la
situation humanitaire de la RDC, qui vient d’effectuer un virage à 180
degrés dès l’annonce de la mobilisation, par la communauté
internationale, d’une enveloppe de 528 millions d’euros en faveur des
populations congolaises vulnérables. Elle concerne plus de 16 millions
de personnes, dont 4,5 millions de déplacés internes.

Le gouvernement congolais, qui venait de faire une annonce
de 100 millions de dollars américains, à étaler sur deux ans, au
profit de ses citoyens frappés par les conflits armés, la
malnutrition, les maladies, le manque de logements et autres besoins
élémentaires, ne s’attendait sans doute pas à un signal fort des
donateurs internationaux.

Comme si Kinshasa n’a jamais roulé pour l’échec de la
rencontre du vendredi 13 avril 2018 à Genève ni salué l’appel au
boycott relayé bruyamment par les Emirats Arabes Unis, le ministre
congolais des Affaire Etrangères soutient aujourd’hui que la RDC n’a
jamais dit non à la solidarité internationale. A l’en croire, la
situation humanitaire aurait été surévaluée, ce qui aurait
sérieusement écorné l’image de marque du pays et découragé de nombreux
investisseurs.

Curieusement, c’est le même ministre qui exige que le pays soit
étroitement associé au processus de décaissement et d’affectation de
cette manne financière sur le terrain.

Ce qui étonne de nombreux observateurs, c’est l’entêtement
des autorités congolaises à ne pas admettre une triste réalité : la
persistance d’une situation humanitaire catastrophique pour plusieurs
millions de Congolais, dans des zones de conflit armé comme dans des
villes et villages non touchés par l’insécurité.

De nombreux concitoyens sont d’avis que les « amis du Congo
» ont vu juste. Car les besoins de l’écrasante majorité des citoyens
congolais sont si immenses en termes de nourriture, d’eau potable, de
médicaments, de kits scolaires, de logements, de vêtements… qu’il
serait hypocrite de ne pas accepter la main tendue de ceux qui
disposent de plus de moyens que l’Etat congolais. L’option de sabotage
de la Conférence de Genève a été perçue, par beaucoup, comme une
volonté de ne pas porter assistance à des millions d’hommes, de femmes
et d’enfants abandonnés à leur triste sort dans les deux Kasaï, au
Tanganyika, au Sud-Kivu, au Nord-Kivu, en Ituri, voire au Nord et
Sud-Ubangi.

Les bonnes volontés qui ont résolu de porter secours aux Congolais
devraient être chaleureusement remerciées car même si la crise
humanitaire n’a pas atteint le niveau L3, en tout cas, les populations
sinistrées ne sont pas loin de cette cote d’alerte. Le geste de la
communauté internationale est d’autant significatif qu’il a été d’une
spontanéité touchante. Par ailleurs, les 528 millions de dollars
américains ne représentent que le tiers de l’aide globale à mobiliser.
Ce qui veut dire que la situation humanitaire qui prévaut en RDC est
prise très au sérieux par les donateurs extérieurs. Ce montant n’est
pas négligeable car représentant le 1/10me du budget national.

L’autre fait qui intrigue les observateurs, en sus de
l’attitude négativiste du gouvernement congolais à l’égard de la manne
humanitaire internationale, c’est l’absence des Etats africains,
jusque-là, sur la liste des bienfaiteurs du peuple congolais. On ne va
pas jusqu’à affirmer qu’ils se réjouiraient des malheurs du peuple
congolais. On peut être porté à croire que le boycott, par les
décideurs politiques congolais, de la Conférence de Genève, n’était
pas de nature à stimuler les donateurs à mettre la main à la poche.
S’il y a une leçon à tirer de ce qui vient de se passer en Suisse,
c’est le devoir de réserve dont devraient faire montre certains
décideurs congolais face à l’immixtion positive des autres dans nos
problèmes internes.

Kimp

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