Une image légitime pour la Rd Congo « Non à la balkanisation de la RDC »

Lepotentiel

La République démocratique du Congo est menacée par un projet visant sa balkanisation. La réflexion de Freddy Mulumba, dans le cadre du forum de l’innovation organisé par ministère de la Communication et Médias tenu du 24 au 25 septembre 2015, en dit long.
 
Mesdames et messieurs, distinguées invités, Je vais vous parler de la défense de mon pays contre le projet de sa balkanisation ou de son implosion.

En 2014, le professeur Henry Kissinger, ancien secrétaire d’Etat américain, a publié  aux Editions Penguin, un ouvrage sous le  titre, World Order, en français l’Ordre Mondial. Ce livre qui est considéré comme le dernier du Dr Henri Kissinger n’est pas encore traduit en Français, on ignore  les raisons.  Pour faire la promotion de son livre, il a accordé une interview au journal Allemand Spiegel   dans laquelle il s’interroge : » parachèverons-nous l’ordre mondial par le chaos ou la réflexion ? » .

Si, je vous parle du livre d’Henry Kissinger et de cette interview, c’est pour attirer notre attention sur ce qui nous arrive en République démocratique du Congo. Un nouvel ordre mondial est en train de se mettre en place. C’est dans ce contexte qu’il faut placer le projet de la balkanisation ou l’implosion de notre pays que je veux vous expliquer.

Mesdames et messieurs,

Depuis 1996 jusqu’à ces jours, notre pays traverse une période dramatique. En effet, la guerre dans ses provinces de l’Est  a fait déjà 19 ans, c’est-à-dire 1996 à 2015. Cette guerre d’usure a comme résultat,  la mort de plus de 6 millions de congolais et congolaises, un génocide oublié par la communauté internationale, 40 mille femmes violées et plus de 2 millions de réfugiés internes.
Les instigateurs de cette guerre d’usure poursuivent un objectif : la balkanisation ou l’implosion de notre pays pour permettre aux multinationales occidentales de contrôler les richesses du Congo vitales pour leurs économies en crise.

Dans un ouvrage intitulé, Noir Canada, pillage, corruption et criminalité en Afrique, publié au canada aux éditions Ecosociété en 2008, par alain Deneault avec delphine abadie et william sacher,  La guerre de pillage dans la partie est de la Rdc est soutenue et financée par certaines multinationales anglo-saxonnes dont une a son siège dans l’Etat de l’Arkansas de l’ancien président américain, William Clinton.

Face à cette tragédie, certaines élites congolaises pourtant bien informées ne comprennent pas que l’avenir de notre pays se jouent dans sa partie Est.

Comme en 1885, certaines élites occidentales estiment qu’ils peuvent décider du destin de l’Afrique et du Congo. Et pour cela, elles ont mis en place une association entre leurs multinationales qui tiennent à contrôler les matières premières, leurs penseurs et analystes qui développent des discours pour légitimer ce contrôle, et leurs hommes politiques qui sont porteurs de ce projet et certains pays africains qui doivent l’exécuter .  Bref, nous avons les investigateurs, les penseurs, les porteurs et les exécutants.

Qui sont les penseurs ?

Je vais vous en citer quelques-uns.

Le premier, il s’agit de monsieur Steven Metz, professeur à l’U.S Army War College. Il  a enseigné à l’académie de l’état-major de l’armée américaine. Il a publié une étude approfondie de la situation du Zaïre en 1996 pour évaluer les types d’interventions qui peuvent être demandés à l’armée américaine.

Dans le texte, Reform, conflit and security in Zaire (5juin 1996), il écrit à propos de la division éventuelle du Congo, ceci : certains observateurs estiment que le Zaïre n’existe plus longtemps en tant que nation – le Kivu a dirigé l’essentiel de son économie vers l’Est de l’Afrique ; le Kasai oriental refuse d’accepter la monnaie nationale ; le Shaba a été décrit comme une extension virtuelle de l’Afrique du Sud.

Les Etats-Unis n’auraient pratiquement pas d’autre choix que d’accepter tous les Etats nouveaux qui émergeraient du Zaïre, ils pourraient offrir du soutien diplomatique pour réduire au minimum la violence qui accompagnerait cette désintégration nationale et ils devraient ouvrir des canaux de communication avec les nouveaux Etats. Cette analyse est faite avant le début de la guerre d’agression débutée en 1995.
(Kabila et la révolution congolaise, panafricanisme ou néocolonialisme ? de Ludo Martens, tome 1 Editions Epo, Bruxelles 2002.

Le deuxième penseur. Il s’agit de madame Marina Ottaway, auteur d’un ouvrage, Africa’s new leaders, democracy or state reconstruction, caregie endowment for international peace, 1999
Madame Marina Ottaway, co-directrice du projet « Démocratie et Etat de droit », a fait un témoignage accablant devant la sous-commission de l’Afrique du Sénat américain, le 8 juin 1999, quels jours avant la mise en place de la Monuc (Mission de l’organisation des nations unies au Congo. Il a souligné que  « Les interventions peuvent être très louables, mais des interventions pour une partition du territoire africain et pour la création des nouvelles entités politiques et institutions, placeraient les Etats unies et d’autres puissances étrangères dans le rôle colonial. Ce qui n’est pas une décision à prendre à la légère.  L’alternative, que je crois être plus appropriée pour le moment, est de laisser les pays africains trouver leurs propres solutions. Inévitablement, cela comprendra une continuation des combats internes et entre Etats et probablement la division  de certains pays avant d’arriver à une nouvelle stabilité. Ce n’est pas une perspective réjouissante, mais il y a pas d’alternatives réalistes ».

En 2006,  John Le Carré, romancier et ancien de services de renseignements britanniques publie un roman, avec comme Titre The Mission Song (le chant de la mission).  Il souligne que : « Rien que des théoriciens avant-gardistes, des néoconservateurs en vue, des sommités de la géopolitique. Le genre de types qui     se réunissent dans les stations de ski pour décider du destin des nations. Ce n’est pas la première fois qu’ils se penchent sur le Congo oriental, et qu’est-ce qu’ils y voient ? L’anarchie comme résultat probable des prochaines élections, les chinois qui grattent à la porte pour rafler toutes les matières premières. Alors que faire ?  Les congolais n’aiment pas les américains, et c’est réciproque. De leur côté, les rwandais méprisent les congolais, ils sont disciplinés et surtout efficaces. Alors, le plan américain, c’est consolider la présence économique et commerciale du Rwanda au Congo oriental  jusqu’à le rendre incontournable. Ce qu’ils veulent, concrètement, c’est une annexion en douceur, et ils comptent sur un coup de main de la Cia.

En 2009, un article publié dans un magazine américain  Foreign vient renforcer les propos de Marina Ottaway tenus devant le sénat américain en 1999. Cet article signé par le professeur Jeffrey Herbst, chef de chaire à l’université de Miami, dans l’Etat ’Ohio, aux Etats-Unis  et Greg Mills de la fondation Brenthrust basée en Afrique du Sud sous le titre « There is No Congo » en français, le Congo n’existe pas. Selon ces deux auteurs, il est temps de cesser de prétendre le contraire. Ils d’inviter la communauté internationale à reconnaitre ce fait.

A cet article de Jeffrey et Greg, il ajouté Selon l’étude élaborée par « The Brookings Institution, Think Thank américain, proche du parti démocrate, et publiée par Global Poverty dans le cadre du développement de l’Afrique, plusieurs causes seraient à la base du retard que connaissent plusieurs pays africains. Ill s’agit de l’étendue géographique, de la densité démographique, des ressources naturelles et de la montée de l’ethnicisme.  Pour cette institution, plus un pays est grand, plus la gouvernance est difficile. Il en est de même du nombre élevé de la population.  Cette situation se répercute ensuite sur la gestion des ressources naturelles et favorise des conflits interethniques. Pour les analystes de Brookings Institution, seuls les « petits Etats » sont bien gouvernés en Afrique. Les pays tels que le Nigéria, le Soudan, l’Angola et la Rdc sont indexés.

Le 22 septembre 2012, le quotidien New York times, publiait la nouvelle carte géographique de la planète de demain, avec les Etats-nations qui naitront de la nouvelle redistribution des frontières. La nouvelle carte futuriste du monde et l’article qui l’accompagne sont de Frank Jacobs et Parag Khanna. L’article annonce la disparition de fait de certains pays actuels dans le monde, dont le Congo.  L’analyse des deux auteurs est basée essentiellement sur la dotation en gisements de ressources naturelles du pays, et leur convoitise extérieure.
S’il existe les penseurs et intellectuels du projet de la balkanisation, il y a aussi les porteurs et défenseur de ce projet.

Qui sont-ils ?

Le premier porteur, il s’agit de monsieur First William, président de la sous-commission  du senat américain sous l’Administrtion Clinton en 2001. Je le cite : la frontière congolaise serait la source de déstabilisation tant par les forces internes que par les forces externes dont l’objectif consiste à favoriser le découpage du pays en cinq Etats indépendants : le Kivu-maniema, le Kasai, le Shaba, la province orientale et l’Equateur, le Bandundu et le Bas-congo ».

Deuxième porteur du projet, c’est l’Ambassadeur Herman Cohen, ancien Sous Secrétaire d’Etat américain, lobbyste et porteur du projet de la balkanisation de notre pays. Il a déclaré dans une interview accordée à un journaliste congolais  du site 00243 et reprise par le journal Le Potentiel du 12.8.2011, que «Dans ma lettre au président Obama, j’ai suggéré que l’on légalise le commerce des minerais au Kivu qu’exploitent les hommes d’affaires rwandais. Le Rwanda a envahi le Kivu en 1998. Pendant six ans, il a mis en place des réseaux pour l’exploitation des minerais, surtout le coltan qui rapporte des milliards de dollars. Je pense que tout le monde trouvera son compte et la Rdc percevra des impôts. J’ai proposé que le commerce des minerais soit légalisé. Mais, j’ai rencontré une farouche opposition de la part des congolais  qui évoquent la question de la souveraineté.  Souveraineté ? Au Département d’Etat, le  Kivu fait partie du Rwanda ».

Cette interview a suscité les réactions de l’Ambassade américaine à Kinshasa et le droit de réponse  de monsieur Cohen lui-même au journal Le Potentiel.  Pour l’ambassade américaine à Kinshasa, les propos d’Herman Cohen n’engagent pas le gouvernement  américain. Du coté de monsieur Cohen, pour la première fois depuis que l’on publie ses déclarations et écrits dans le quotidien Le Potentiel, il va envoyer un droit de réponse à la rédaction, en ces termes dans sa conclusion : « je demande aux amis congolais de ne pas chercher midi à quatorze heures avec des débats juridiques inutiles. Il faut plutôt qu’ils cherchent des solutions sur le terrain ».

3. Monsieur Johnnie Carson, l’ancien sous-secrétaire américain aux affaires africaines sous le premier mandat du Président Barack Obama. Invité par le Think thank américain Brookings Institution basé à Washington pour parler de la crise en Rdc, monsieur Johnnie Carson déclare :« la seule manière de procéder consiste à adopter une solution subtile bénéficiant de l’appui de la communauté internationale ». Cette solution-miracle, selon lui, est celle que les Nations Unies ont expérimentée en Yougoslavie(Europe) et au Soudan(Afrique).  « Nous sommes parvenus à une telle solution pour mettre un terme au conflit dans l’ex-Yougoslavie par le biais des Accords de Dayton. Nous avons réussi à mettre un terme à la plus longue guerre civile qu’ait connue l’Afrique, le conflit au Soudan, grâce à l’Accord de paix global négocié par les États membres de l’EGAD et appuyé par les États-Unis, la Norvège et la Grande-Bretagne.
Point de citation.

Qui sont les exécutants ?

Le Rwanda et l’Ouganda bien sûr.

Conclusion

Face à ce projet de la balkanisation ou d’implosion de la Rdc, certains congolais ont réagi. Les premières réactions sont venues des intellectuels et les journalistes qui publient des articles dans la presse nationale, publient des livres et organisent des conférences pour barrer la route à ceux qui pensent encore que le Congo leur appartient.
Les secondes réactions sont venues du président de la République, Joseph Kabila. Dans son discours de vœux en 2010, le président a déclaré que je le cite : en dépit du complot visant sa déstabilisation et sa balkanisation, la rdc demeure unie dans ses frontières de  1960. Récemment, lors de l’anniversaire de notre pays le 30 juin 2015 devant la nation congolaise,  le président Joseph Kabila reste catégorique. « La Rdc, ce précieux héritage de nos aïeux et reste sujette à convoitise et objet de machinations de toute sorte, de la part de ceux qui pensent que son territoire est trop grand
et trop riche pour revenir aux congolais et à eux seuls. Et renchéri : pour nous, congolais, la rdc est le bien le plus précieux au monde. Nous devons l’aimer, la chérir et la protéger, quoi qu’il en soit, quoi qu’il en coûte. Fin de citation.
Enfin, l’Eglise catholique, Eglise mère, a publié en 2012 deux déclarations importantes qu’on vous a distribués dans lesquelles sa position contre la balkanisation et claire :   Non à la Balkanisation de la Rdc et peuple congolais lève-toi et sauve ta patrie.

Nous pensons que nous ne pouvons pas empêcher les autres de réfléchir ou d’avoir des ambitions sur notre pays et nos matières premières. Mais, il est de notre devoir en tant que citoyen congolais de défendre l’Indépendance de notre pays, les libertés pour notre peuple.

Après cinq siècles de domination occidentale, c.-à-d., après l’esclavage et la traite negrière, la colonisation et la néo-colonisation, nous devons tirer les leçons de l’histoire pour éviter que le pire nous arrive.

A cet égard, le penseur français, Raymond Aron, disait que « L’histoire des peuples ne se déroulent pas en ligne droite, sur une surface plane ; un peuple s’affirme en surmontant les épreuves que lui réservent ses échecs aussi bien que ses succès, il progresse de crise en crise.
Je vous remercie.

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