Présidentielle en RDC : mauvais signal de la SADC

Le Phare


        La présence d’Emmanuel Ramazani Shadari, dauphin officiel de Joseph
Kabila à la présidentielle du 23 décembre 2018, au 38me Sommet des
Chefs d’Etat et de gouvernement de la SADC (Communauté de
Développement de l’Afrique Australe), le 17 et 18 août à Windhoek, en
Namibie, continue d’intriguer plus d’un Congolais. Elle trouble
d’autant les esprits qu’il y a une dizaine de jours, lors de sa visite
éclair à Kinshasa, le président sud-africain, Cyril Ramaphoza, l’avait
reçu en audience, pour une raison restée opaque.

        Quel intérêt auraient-ils les chefs d’Etat des pays de la sous-région
de l’Afrique Centrale et Australe à faire la connaissance physique de
celui qui est appelé à se battre, au même titre que plus d’une
vingtaine de candidats, pour la conquête du fauteuil présidentiel dans
six mois, s’il était question de satisfaire leur curiosité au sujet du
futur successeur de Joseph Kabila à la présidence de la République, le
principe de la neutralité commandait que l’exercice concerne les 26 «
présidentiables ».
        La « participation » de Shadary ou sa présence à une rencontre
exclusivement réservée aux Chefs d’Etat ou à leurs représentants
serait-elle le signal du choix anticipé, par ces derniers, d’un
candidat déjà victorieux dans les urnes avant terme ? La question
reste posée, d’autant que dans les « bagages » de Kabila à Windhoek se
trouvait aussi le président de la CENI (Commission Electorale
Nationale Indépendante), Corneille Nangaa, que plusieurs forces
politiques et sociales au pays soupçonnent de rouler pour le pouvoir
en place à Kinshasa.
        Par ces temps où, après le renoncement de Joseph Kabila à son
troisième mandat, l’attention du grand nombre se focalise sur la
machine à voter et le fichier électoral, qui passent aux yeux de beaucoup
pour les « armes » décisives de la Majorité Présidentielle pour
falsifier les résultats des urnes, la SADC vient de lancer un très
mauvais signal à tous ceux qui doutent de la transparence des
élections combinées présidentielles, législatives nationales et
provinciales en général mais surtout de la présidentielle en
particulier.
        Au vu de la maladresse politique et diplomatique de la SADC, la crise
de confiance entre la CENI et une large frange de la classe politique
congolaise n’a fait que s’aggraver, d’autant que lors de leurs
dernières consultations avec les candidats à la présidentielle et les
délégués des partis et regroupements politiques, les différents
animateurs de cette institution d’appui à la démocratie n’ont cessé de
réaffirmer le caractère incontournable de la machine à voter. En
laissant aux Congolaises et Congolais la désagréable impression
d’avoir déjà choisi leur camp, les Chefs d’Etat et de gouvernement
membres de cette organisation sous-régionale poussent d’aucuns à
croire que la vérité des urnes ne sera pas au rendez-vous en décembre
2018.
        Et si les choses devraient effectivement se passer ainsi, ce serait
dommage pour le souverain primaire congolais, qui risque d’être
victime d’un nouvel holdup électoral, alors que son vœu, après les
déceptions de 2006 et 2011, était d’être, cette fois, maître de son
destin dans le choix de futurs animateurs des institutions de la
République, en commençant par la très prestigieuse magistrature
suprême du pays. Ceux qui doutaient de l’indépendance de la CENI et de
la neutralité des Chefs d’Etat africains par rapport au processus
électoral congolais sont désormais en droit de rester mobilisés contre
la machine à voter et un fichier électoral qui héberge encore un quart
d’électeurs fictifs.   Kimp

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