Certains membres des  »FCC » disent :  »La politique n’est pas (de) la morale » !

Le politique en reliant les subjectivités entre elles se fonde sur certaines règles et principes promoteurs d’un  »bien-vivre-ensemble ». Il a comme horizon la production d’un  »vivre-ensemble harmonieux », d’un  »bien-vivre-ensemble. Le débat, la délibération et les décisions collectives servent ce  »bien-vivre-ensemble » ou sont supposés le servir. Les règles et les principes promoteurs du  »bien-vivre-ensemble » sont codifiés dans les textes des lois et de la  »Loi fondamentale ». En principe, ils fixent les limites que l’exercice du pouvoir réel ne doit pas dépasser pour éviter de tomber dans la démesure, dans l’hybris ou dans l’hédonisme nihiliste.

De temps en temps, il est bon de suivre le débat entre compatriotes sur les Télévisions kinoises et les réseaux sociaux. Ce débat peut permettre d’avoir l’une ou l’autre idée sur l’approche que les uns et les autres ont de la politique et du politique. Personnellement, il arrive que j’entende des propos qui me font sursauter. Peut-être à tort ou à raison. Un exemple. L’approche péjorative de la politique comme étant un ensemble de magouilles destinées à mettre en mal son adversaire et/ ou la vigilance populaire pour accéder et/ou conserver  »le pouvoir-os » est en train de gagner beaucoup de cœurs et d’esprits au Congo-Kinshasa.

La politique-affairiste vécue comme un  »jeu de cache-cache » entre copains et coquins pour conserver l’accès à  »la mangeoire » dénature son sens noble. Cette approche de la politique est compréhensible. Elle est le reflet d’un contexte où les seigneurs du crime sont au  »pouvoir-os » et demeurent impunis pendant plus de deux décennies. Leur impunité a induit une croyance et/ou des croyances : voler, violer, prendre des terres, tuer, torturer, participer à la production d’un  »non-pays » et/ou un  »non-Etat » pour acquérir et/ou conserver un  »pouvoir-os » dans un contexte néocolonial et néolibéral, c’est faire  »de la politique ». La production et l’entretien de ce système d’enrichissement criminel, illicite et illégal par un  »conglomérat d’aventuriers » affairistes sont des éléments de cette approche  »tshididiste » de la politique.

Les partisans des Fosses Communes Congolaises (FCC) ne questionnent presque pas les fondements culturels et anthropologiques de leurs assertions. A partir d’où parlent-ils ? Qui sont-ils ? Quelles sont les sources de leur approche politicarde ?

Quand ils affirment que  »la politique n’est pas (de) la morale », ils sont loin de comprendre que cette affirmation est (aussi) le produit (lointain) de la rationalisation des sphères de la vie dont l’un des  »maîtres » est Max Weber. Rationaliser les différentes sphères de la vie, les subdiviser pour mieux les étudier, cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas un entrelacement entre elles. L’économicisme et son fondamentalisme du marché sont le fruit de cette erreur d’appréciation.

En tenant compte de l’entrelacement entre les différentes sphères de la vie du monde commun, il y a lieu de se rendre compte du lien existant entre le culturel(avec son éthique), le politique (avec ses règles et principes, son éthique) et le religieux (avec sa morale). Dès qu’il y a atteinte à cet entrelacement ou instrumentalisation de l’une de ces sphères de la vie, l’intégration sociale en paie le prix. Celui-ci peut être très fort. La production des monstres nihilistes en est une illustration.

Le politique en reliant les subjectivités entre elles se fonde sur certaines règles et principes promoteurs d’un  »bien-vivre-ensemble ». Il a comme horizon la production d’un  »vivre-ensemble harmonieux », d’un  »bien-vivre-ensemble. Un minimum de moralisation de la vie publique lui est nécessaire. Le débat, la délibération et les décisions collectives servent ce  »bien-vivre-ensemble » ou sont supposés le servir. Dans ce contexte, la politique est entrevue comme étant l’art de la gestion collective de cité par  »la parole, l’action et par le temps ». Ceux et celles qui aspirent à avoir des postes de responsabilité politique ont cette gestion collective de la cité comme  »sacerdoce ». Ils sont au service de l’intérêt général.

Les règles et les principes promoteurs du  »bien-vivre-ensemble » sont codifiés dans les textes des lois et de la  »Loi fondamentale ». En principe, ils fixent les limites que l’exercice du pouvoir réel ne doit pas dépasser pour éviter de tomber dans la démesure, dans l’hybris ou dans l’hédonisme nihiliste.

Dans un contexte normal du respect de la  »res publica », les services publics et la justice sociale sont assurés, la nation est unifiée, la vie humaine est respectée, l’administration et la sécurité citoyennes sont assurées. L’égale souveraineté des peuples est protégée.

Ce minimum vital dit la vitalité politique d’un pays et/ou d’un Etat. Quand il manque, les lieux de la production des règles et des principes ainsi que celui de  »la fabrication des politicards » peuvent être questionnés. Donc, quand les partisans des Fosses Communes Congolaises (FCC) affirment que  »la politique n’est pas (de) la morale », il faut toujours se poser la question de savoir  »qui parle en eux » ? Quelle est cette expérience qu’ils ont faite et qui les conforte dans cette conviction ?

L’impunité de leurs mentors et seigneurs du crime y est pour quelque chose. Il y a aussi l’accompagnement de leurs copains et coquins dits de  »l’opposition ».

Un exemple. Ils disent tous que  »le dauphin » des FCC n’ a pas respecté  »la loi électorale ». L’un d’eux vient de démontrer que  »la machine électorale » de Naanga est  »une machine à tricher ».

Comment peuvent-ils, après constat, aller s’adresser au concepteur de la tricherie pour qu’il punisse le  »dauphin » avec lequel il coopère ? Comment peuvent-ils, dans ce contexte de l’amoralité perpétuelle, vouloir aller aux  »élections-pièges-à-cons » ?

Peut-être parce qu’ils ont, les uns et les autres, une même approche de la politique,du traitement de ses règles et de ses principes. Peut-être qu’ils trouvent tous leur part dans la pratique du  »tshididi » confirmant ainsi leur statut des adeptes du statu quo. Ayant les mêmes parrains, ils auraient de la peine à travailler à l’avènement d’un Congo-Kinshasa réellement juste et souverain.

Que faut-il faire ? Une question que les compatriotes posent souvent à la lecture des articles de ce genre. Ils n’y voient pas des bribes de réponses : avoir une approche collective  »civilisée » de la politique, la partager avec les masses populaires le plus possible afin de provoquer une insurrection des consciences, disqualifier les partisans du statu quo et renouveler la classe politique congolaise, penser aux initiatives alternatives productrices d’une autre élite politique, des élites organiques liées aux masses populaires  »par la parole, l’action et le temps ».

Qui va le faire ? Les minorités organisées et éveillées s’y adonnent au niveau du pays et de la diaspora. Leur synergie se renforce de plus en plus. Elles savent qu’une  »éthique reconstructive » est indispensable à un autre départ congolais ; que seule la lutte libère. A court, moyen et long terme. Une lutte portée par un leadership collectif et des collectifs citoyens devenus démiurges de leur propre destinée.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

 

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