Candidat Commun de l’opposition : Pourquoi Félix Tshisekedi est-il l’homme de la situation? (Tribune)

Felix Tshisekedi, cadre de l’UDPS et membre du Rassemblement lors de travaux du dialogue national inclusif à Kinshasa, le 13/12/2016. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Le porte-parole de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, « UDPS », a, dans une tribune envoyée à 7SUR7.CD vendredi 9 novembre 2018, démontré comment Félix Tshisekedi est bien placé pour être désigné « candidat commun de l’opposition.

Pour Paul Tshilumbu, au-delà de la polémique autour de l’inexpérience de Fatshi, il n’y a aucun doute sur le fait que le président de son parti est l’homme de la situation.

(Ci-dessous, la tribune)

Candidat commun de l’opposition
POURQUOI FÉLIX TSHISEKEDI EST-IL L’HOMME DE LA SITUATION?

Les sept principaux leaders de l’opposition de la RDC se réunissent cette semaine à Genève en Suisse pour tenter de désigner un candidat unique à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018. Une tâche difficile au regard des ambitions des uns et des autres, mais pas impossible.

Parmi les prétendants à la candidature commune, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a une avance sur ses pairs pour plusieurs raisons :

– Certains opposants sont exclus du processus électoral. C’est le cas de Muzito, Bemba et Katumbi.

– Félix Tshisekedi est le président du plus vieux parti politique de l’opposition (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) en RDC. L’UDPS est bien implantée sur toute l’étendue du pays et à l’étranger. Son parti a une vraie base électorale et un ancrage national.

– Félix Tshisekedi est le fils d’Etienne Tshisekedi, une figure de proue et une légende de la politique congolaise qui s’est battu durant toute sa vie pour la démocratie et l’Etat de droit. Il a connu toutes les vicissitudes politiques avec son père. Félix n’est pas que fils biologique de Tshisekedi. Il est un militant de la liberté et de la démocratie. Il a traversé toutes les étapes comme les autres membres du parti. Il a hérité de son père, l’engagement politique, le respect de la vie humaine et la lutte pour le bien-être social. Contrairement à ce qui se dit, Félix Tshisekedi n’a pas été choisi chef du parti ou candidat à la présidentielle par son père. Il a été élu et désigné candidat à l’élection présidentielle par le congrès du parti.

D’aucuns se rappellent qu’Etienne Tshisekedi disait en son temps : « En démocratie, il n’y a pas de dauphin. Le choix est libre ». Donc, il ne l’a imposé à personne. Félix Tshisekedi est président du Rassemblement. Il est un rassembleur, un unificateur, un fédérateur, un homme de consensus et non de compromission.

Le jeu des alliances et le dépassement de soi

Lors de la signature de l’Accord de la Saint Sylvestre, le 31 décembre 2016, Félix Tshisekedi devrait occuper la primature. Mais, il y renonça parce qu’il tenait à la présence de Pierre Lumbi à la tête du Conseil national de Suivi de l’Accord (CNSA). Il est préoccupé par la cohésion et l’unité du Rassemblement conformément aux engagements de Genval. Le pouvoir de Kinshasa voulait le débaucher afin de dynamiter le Rassemblement. Mais, il avait décliné cette offre pour l’intérêt national. C’est la preuve de la constance politique, de l’esprit du dépassement de soi et de la parole donnée. Ceux du Rassemblement ayant accepté cette « offre toxique » ont-ils encore pignon sur rue aujourd’hui?

La prétendue inexpérience politique de Félix-Antoine Tshisekedi (Fatshi)

L’expérience est l’un des bons critères pour occuper la magistrature suprême. Mais, ce critère est vraiment décevant au Congo. Il est nauséabond, dramatique, tragique et chaotique. C’est ainsi que la prétendue inexpérience politique de Fatshi devient une qualité : il n’a jamais pris part à la gestion désastreuse du pays. Cela lui vaut le surnom de ‘’Maboko pembe’’ (mains propres). Il n’a jamais tué ni volé. Sa grande expérience c’est sa lutte au sein de l’UDPS pour un autre Congo. Un atout majeur.

Que retient-on des politiciens ayant occupé de hautes fonctions en RDC ? La prédation, la corruption, la concussion, le détournement des deniers publics, le pillage, la criminalité, la cruauté, la gabegie, l’inconscience, l’insouciance, la trahison… Bref, la destruction du pays. Qui oubliera le ‘’coup de crosse’’ de Mgr Monsengwo contre la médiocrité ou le coup de gueule du pasteur Ekofo face à l’inexistence de l’Etat ? L’expérience dans le contexte actuel est synonyme du statu quo et de l’immobilisme. L’alternance ne serait qu’une utopie, un horizon totalement fuyant et jamais atteint. On ne change pas une société avec des conservateurs mais avec des réformateurs. Peut-on faire du neuf avec du vieux ? Si on ne change pas une équipe qui gagne ; que doit-on faire avec celle qui perd ? Choisir un oligarque comme candidat unique de l’opposition quelle que soit sa conversion, équivaut à la stagnation car, « il n’y a pas de vierges à la maternité », dit un proverbe africain. Il y a des cadavres dans tous les placards.

Ces présumés politiciens expérimentés ont-ils encore des leçons à donner ? Ces derniers devraient demander pardon au peuple congolais pour le chemin de la croix qu’ils lui ont infligé.
En outre, la transhumance politique, l’errance idéologique et l’inconstance discréditent plusieurs candidats. Des opposants multicolores et hybrides pratiquant la politique de la chauve-souris ou du caméléon ne représentent pas une alternative aux yeux du peuple congolais qui se méfie totalement d’eux. Certains sont soupçonnés d’être des candidats sous-marins du pouvoir injectés dans l’opposition pour la déstabiliser. Certes, il n’existe pas un certificat d’opposition. Toutefois, certains individus peuvent être vus comme des arrivistes. L’un d’eux déclarait en 2011 : « Je laisse la paternité de l’opposition à celui qui se l’approprie. Je ne veux pas faire carrière dans l’opposition. Je veux prendre le pouvoir ». L’a-t-il déjà pris ? A défaut de se faire châtier, les versatiles devraient faire preuve d’humilité pour la ‘’rémission de leurs péchés’’. L’expérience est un grand handicap pour ceux qui ont géré le pays. Leur bilan est tout à fait sombre. Ils ont transformé le pays en enfer. Leurs excuses valent mieux que leurs ambitions personnelles démesurées.

La température politique par le sondage BERCI et le GEC

Le Bureau d’Etudes, de Recherches et de Consulting International (BERCI) et le Groupe d’Etudes sur le Congo (GEC) ont publié récemment un sondage sur les intentions de vote des Congolais. Félix Tshisekedi est en tête avec 36 %, soit le double de ses challengers Kamerhe et Shadary qui obtiennent respectivement chacun 17 et 16 %. Il faut absolument tenir compte de cette donne. Ce sondage est par ailleurs consolidé par les micros baladeurs des médias locaux. Quoique l’on dise, face à la réalité et à l’évidence, l’objectivité a sa place dans cette étude. A part les prédateurs, personne n’accepte la continuité de la gouvernance actuelle en RDC. Un candidat président de la République doit éviter une politique paroissiale. Il doit disposer d’une assise nationale.

Ceci confirme l’ascendance et la prépondérance de Félix Tshisekedi sur les autres opposants. Certains candidats disparaissent rapidement dès qu’ils sont en dehors de leurs provinces d’origine.
Cependant, la prééminence de Fatshi lui attire aussi pas mal d’ennuis au sein de l’opposition. Le loup se trouve peut-être dans la bergerie. Ce dernier temps, on assiste à une campagne d’intox, de diabolisation, de lynchage médiatique et de dénigrement à son encontre. Un travail de sape contre la candidature commune sous prétexte que Félix a accepté de participer aux élections avec ou sans la machine à voter pour accompagner le régime qu’il combat. Il faut noter que cette cabale contre Fatshi procure des dividendes à certaines personnes. Au-delà du lynchage médiatique, il existe des prébendes. Aussi, des mercenaires en communication sont-ils utilisés pour l’anéantir.

Questionnement

Faut-il boycotter les élections de cette année pour laisser le boulevard au pouvoir en place ? Que signifie inclusivité électorale ? Y’a-t-il un messie attendu sans lequel aucun changement n’est possible au Congo, même lorsqu’il est en dehors des règles du jeu ? Beaucoup déclarent que Félix Tshisekedi n’a pas d’argent pour battre la campagne et faire face au candidat du régime qui dispose de tous les moyens de l’Etat. C’est contradictoire que les mêmes disent que le pouvoir a soudoyé Fatshi pour accompagner son candidat. C’est curieux de voir un adversaire fournir des ‘’armes’’ à un autre pour « l’abattre », alors que chacun lutte pour sa victoire. Dans cette optique, Félix Tshisekedi devrait être étouffé voire écrasé par le régime et non soutenu.
Malgré ce climat malsain au sein de l’opposition, Fatshi ne se considère pas comme le plus grand. Il écoute et discute avec ses partenaires. Un leader c’est aussi celui qui encaisse des coups. Il n’y a pas de cadeaux en politique.

Fatshi est-il détenteur d’un diplôme universitaire?

Un titre académique est l’une des conditions pour être candidat président de la RDC. C’est logique que les opposants maintiennent cette disposition légale pour désigner leur champion. Mais, tout en soutenant ce critère, on peut se poser la question : Quels sont les résultats des diplômes politiquement acquis au Congo ? Sur ce sujet, Félix Tshisekedi a subi plusieurs attaques. Cet argument devrait être du pain béni pour le pouvoir afin d’écarter un challenger redoutable. Il n’en était rien. Le complot a échoué. La Commission électorale a approuvé le dossier de Fatshi et la Cour constitutionnelle l’a validé. Fini le débat sur cette question !

Entre l’ouverture et l’isolement diplomatique

Aucun pays ne peut vivre en autarcie. Les alliances sont dictées par les intérêts des États. La RDC est secouée par des guerres à répétition depuis des années. Le pays est au centre de toutes les convoitises. Si on ne peut pas gagner la guerre par les armes, il faut passer par le dialogue entre les parties en conflit. Il n’y a pas de honte à rencontrer les présidents des États voisins impliqués dans la crise en RDC.

L’Allemagne et la France sont aujourd’hui des alliés. Pourtant, elles se sont fait la guerre. Félix Tshisekedi, candidat président de la République doit avoir un carnet d’adresses et être actif sur le plan international. La souveraineté d’un État n’est pas synonyme de l’isolationnisme. Tout candidat qui ignore la marche des affaires internationales souffre de la cécité politique. Rien ne se fait aujourd’hui totalement à huis-clos à l’intérieur d’un pays sans les autres. Certains domaines de la vie nationale exigent l’apport extérieur. D’où, l’importance de la coopération. A ce point, Fatshi serait mieux placé pour damer le pion aux adversaires frappés par des sanctions internationales. Des pseudo-nationalistes ou ultra-souverainistes sollicitent mordicus la levée de ces sanctions. On fait donc la politique de l’autruche.

Il est temps pour chaque opposant de revenir au bon sentiment. Rien ne vaut que l’homme agissant sous la conduite de la raison. Le chef d’une équipe n’est pas toujours le plus doué ou le plus compétent. Chaque opposant est censé faire des concessions. Si la cause commune est l’alternance pour le bien du Congo, le combat doit être mené contre l’axe du mal pour obtenir le changement. L’absence d’un compromis à Genève serait, de la part des opposants, une manière de trahir le peuple. La nation est plus importante que la somme des égoïsmes ou les positionnements individuels.

Professeur Paul Tshilumbu Kantola
(Porte-parole de l’UDPS)

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