»Le terrorisme » au Congo-Kinshasa. Une question de culture générale et historique

Les Etats-Unis ont posé leurs avions au Congo-Brazzaville au moment où, au Congo-Kinshasa, des compatriotes se préparent aux  »élections-pièges-à-cons ». L’arrivée de ces avions est accompagnée d’un récit que les Congolais(es) se transmettent sur les réseaux sociaux. Le voici :  »Les terroristes du Hezbollah menacent de frapper l’ambassade et les intérêts des USA à Kinshasa ! En effet, suite à une réunion de sécurité que présidait le Président Trump le vendredi 23 novembre en personne. Ce dernier à demander que le Département d’État ferme à titre exceptionnel ce lundi 26 novembre 2018 l’ambassade des USA à Kinshasa. Cependant, des faisceaux d’indices concordants indiquent que des terroristes du Hezbollah que la CIA avaient mis sous surveillance à Kinshasa préparent un attentat de grande envergure contre les intérêts US à Kinshasa. Est-ce pour se venger contre l’arrestation par le FBI au Maroc et l’extradition aux USA de Kassem Tajedine le propriétaire de l’immeuble Congo futur que le FBI accuse de blanchiment d’argent et financement du terrorisme que ce mouvement terroriste menace de frapper les intérêts US à Kinshasa ? Après une audience préliminaire, Kassem Tajedine s’est résolu à pouvoir collaborer avec le FBI et les services US. Il aurait non seulement révélés un certain nombre des têtes couronnées du régime de l’Afdl qui protègent les intérêts du Hezbollah à travers des sociétés immobilières et des supermarchés au Congo ! Toujours est-il que tous les services des renseignements US sont en alerte maximale. Depuis juin 2018, le Président Kabila refuse de recevoir en audience de remise des lettres de créances Mike Hammer, le nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des USA au Congo. Ce dernier déjà à Kinshasa avec femme et enfants passe son temps entre le golf de la Gombe et le Pullman Grand Hôtel de Kinshasa ! Depuis la guerre froide Kinshasa est une importante place diplomatique et point de replie en Afrique des services des renseignements US notamment la CIA. Il faut souligner une autre chose importante, après les USA, la RDC est un des rares États au monde où le dollar US est devenu une monnaie officielle sans que les US et la RDC n’aient signer un accord quelconque. »

Après ce récit, il y a un autre, publié par Enough Project. Le voici : https://enoughproject.org/press-releases/enough-project-lauds-passage-strong-bipartisan-dr-congo-bill-u-s-house-representatives?fbclid=IwAR2V37-bq7I0fDD8HJnyqUDOmQ8KP_1ldMBO10fy6apFoWQ479ZFZRmHSeQ.

L’orientation du deuxième texte peut être comprise. Enough Project est une ONG très critique à l’endroit d’Alias Joseph Kabila. Elle participe, de près ou de loin, à la forme  »soft » de  »la guerre perpétuelle » et raciste menée contre le Congo-Kinshasa. Si son orientation peut être comprise, le récit que les Congolais(es) se transmettent témoigne, à mon avis, du souci de partager ce qui se raconte. Mais il peut aussi être un signe d’un manque criant de culture générale et historique. Ce récit attesterait qu’il y a des compatriotes qui n’ont rien compris de la signification de  »la guerre contre le terrorisme ».

Dans un article intitulé,  »Les USA lancent officiellement leur campagne de recolonisation militaire du Congo Kinshasa », Mufoncol Tshiyoyo vient au secours de la paresse intellectuelle et de l’amnésie de plusieurs d’entre nous en évoquant quelques récits historiques mensongers au sujet de la guerre US contre  »le terrorisme ». Contrairement à Mufoncol Tshiyoyo, les compatriotes qui se transmettent le récit mensonger du  »terrorisme » entretenu par le Hezbollah au Congo-Kinshasa pourraient ignorer carrément l’histoire récente ! Terrible ! Comment en arrivons-nous là ? Tout récit mensonger est-il bon à diffuser et à soutenir quand il s’agit de  »Kabila dégage » ? Même quand nous refusons d’étudier et de dire de quoi Alias Joseph Kabila est le nom ?

Des compatriotes répandant le récit mensonger du  »terrorisme made in Hezbollah » au Congo-Kinshasa ne savent pas que  »la guerre contre la terreur (es) un alibi d’un crime de masse ». Ils jouent avec le feu. Ils peuvent se ressourcer en lisant cet article de Bruno Guigue :https://www.legrandsoir.info/la-guerre-contre-la-terreur-alibi-d-un-crime-de-masse.html.

En voici un extrait :  »Une étude récemment publiée par l’Institut Watson (Brown University, USA) a révélé que les Etats-Unis avaient dépensé 5 900 milliards de dollars depuis le 11 septembre 2001 pour « guerre contre la terreur ». Engagée dans 76 pays, soit 39% des Etats de la planète, cette guerre héroïque du Bien contre le Mal a coûté une fortune colossale qui correspond au PIB annuel cumulé de la France et du Royaume-Uni. Mais ce n’est pas le pire : elle peut également se vanter d’un bilan humain hors compétition. D’après cette étude, entre 480 000 et 507 000 personnes ont été tuées dans les opérations menées par les Etats-Unis en Irak, en Afghanistan et au Pakistan durant cette période. A ces victimes directes de la guerre menée par Washington, les auteurs de l’étude estiment qu’il faut ajouter les victimes indirectes, beaucoup plus nombreuses. Ce demi-million de morts n’est donc qu’une estimation extrêmement basse, la face émergée de l’iceberg. Car 76 pays au total ont fait l’objet de la généreuse croisade anti-terroriste menée par les USA, et la comptabilité de ces victimes immolées sur l’autel du Bien, si elle était poussée jusqu’à son terme, donnerait le vertige. »

J’en ajoute un deuxième :  »Non seulement le terrorisme ne s’est jamais aussi bien porté depuis que les USA prétendent le combattre, mais les Etats souverains qui l’affrontent pour de vrai – aujourd’hui comme hier – figuraient depuis longtemps sur la liste noire des faucons du Pentagone. Afghanistan envahi, Irak laminé, Libye pulvérisée, Soudan tronçonné, Syrie agressée, Iran sanctionné, Yémen affamé : la guerre contre la terreur est l’alibi d’une destruction méthodique des structures étatiques (…) »

Au Congo-Kinshasa,  »L’Occident terroriste » a déjà produit un  »Etat raté », un  »non-Etat », un  »non-pays » en se servant de ses sous-fifres rwandais, ougandais, burundais, etc. Le mercenaire, alias Joseph Kabila, lui est utile. Il pourrait lui servir d’alibi dans l’intensification de la violence aux prochaines  »élections-pièges-à-cons » pour parachever son œuvre de balkanisation et d’implosion du pays. Il est un merveilleux  »bouc émissaire » pour  »le changement de régime » au cœur de l’Afrique. C’est pour cela qu’il a été fabriqué. Oui, il a été fabriqué afin que la guerre raciste de basse intensité soit perpétuelle et que les efforts pour reconvertir les masses populaires en peuple soient réduits continuellement à zéro ; que le désir de liberté et d’émancipation politique soit réduit à néant au cours du processus de différentes  »élections-pièges-cons ».  »Les faiseurs des rois » voudraient, tout en perpétuant la néocolonisation du Congo-Kinshasa par le biais de  » nouveaux mercenaires » et/ou  »d’ anciens faussement reconvertis en démocrates », donner aux plus naïfs d’entre nous l’impression du  »changement ».

Que des compatriotes pris dans le piège du faux récit sur  »le terrorisme au Congo-Kinshasa » prennent le temps d’acquérir un minimum de culture générale et historique.

Je leur propose quelques livres. Ils peuvent en lire les extraits à travers les miens. Ils peuvent se passer de moi en lisant les articles cités dans celui-ci ou s’acheter ces quelques livres :

N. CHOMSKY et A. VLTCHEK, L’occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones, Montréal, Ecosociété, 2015

J.-L. IZAMBERT, 56. L’ Etat français complice de groupes criminels. Tome 1, Marseille, IsEdition, 2015

J.-L. IZAMBERT, Crimes sans châtiment, Paris, 20 cœurs, 2013

S. ERBS, V. BARBE et O. LAURENT, Les réseaux soros à la conquêtes de l’Afrique. Les réseaux d’influence à la conquête du monde, Versailles, VA Edition, 2017

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

 

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