Au Congo-Kinshasa, nous avons un problème sérieux du point de vue de la recherche scientifique

Il est possible que je sois distrait. Je n’arrive pas à comprendre que les livres produits sur le Congo-Kinshasa ne suffisent pas à alimenter les propositions sur le pays que nous voulons bâtir demain. Je ne comprends pas. Il est possible que ma capacité de compréhension soit limité. C’est possible.

Néanmoins, fidèle à mes cours de recherche scientifique, j’aurais souhaité que les compatriotes cherchant des propositions concrètes alignent leurs lectures. Ils nous diraient par exemples ceci :  »Nous avons lu  »Les crimes organisés », nous n’y trouvons aucune proposition. Nous avons lu  »Noir Canada », il n’y a rien de consistant dedans. Nous avons lu  »La République Démocratique du Congo face au Complot de balkanisation et d’implosion », c’est du n’importe quoi.  »Les Congolais rejettent le régime de Kabila », c’est du n’importe quoi. Nous avons lu  »Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique », ce livre ne nous apprend rien. Nous avons lu  »A quand le Congo ? » ou  »Demain, après Kabila », ou  »L’Afrique est en danger », ou  »Le temps de nous-mêmes est arrivé » ou  »Le Canada dans les guerres secrètes en Afrique centrale », ou  »Stratégie du chaos et du mensonge », etc. et cela ne nous avance pas. » Non. Ils ne font pas ça. Il suffit qu’un compatriote s’inscrivant dans la dynamique de toute cette production scientifique produise un petit article pour qu’un quidam lui demande :  »Qu’est-ce que vous nous proposer ? »

Cela se passe comme si, au Congo-Kinshasa, il y a, d’une part des acteurs ; et d’autre part, des spectateurs attendant que les premiers viennent leur mettre de la nourriture dans la bouche, leur apprennent à mâcher et à digérer. Non. Nous avons un problème sérieux ! Si cette procédure ne marche pas, ce sont  »les intellectuels » qui sont fautifs et/ou qui n’existent pas. C’est comme si la production scientifique des  »intellectuels congolais » était toute absorbé par  »la trahison des élites » ou  »la paresse intellectuelle » des autres.

Personnellement, je suis de plus en plus fier du travail produit par mes compatriotes intellectuellement engagés. Ils ne sont pas aussi compliqués à comprendre que Mudimbe quand il écrit  »L’odeur du père ».Mais ils font du bon travail. Les jeunes intellectuels congolais de demain auront de la bonne matière pour leur édification. Blague au coin, ils ont toute une grande bibliothèque à consulter. Ils doivent se méfier de tous ces paresseux qui ne font que demander :  »Qu’est-ce que vous proposez ? ». Ils le font pendant que des tonnes de propositions congolaises existent déjà et qu’ils refusent d’aimer le livre.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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