Unitaristes et fédéralistes congolais. Un débat édulcoré ?

Baudouin Amba Wetshi venait de souligner dans l’un de ses derniers articles, une vérité que plusieurs compatriotes refusent ou ne veulent pas tout simplement entendre. Il écrivait ceci :   »Depuis soixante ans, le professionnel congolais de la politique est resté un « commun de mortels » au lieu d’être le « meilleur parmi nous ». Ce commun de mortels ignore des notions essentielles pour une vie collective harmonieuse: la justice, la paix, la solidarité, l’unité, la tolérance. Bref, le bien commun.Depuis soixante ans, le politicien congolais d’hier et d’aujourd’hui préfère servir un homme plutôt qu’une idée. Une politique. Ces politiciens considèrent le pouvoir comme le bien personnel d’un clan au sommet duquel se trouve une prétendue « autorité morale », vénérée et élevée au rang de « demi-dieu » » (Je pourrai ajouter à ces notions essentielles la liberté et la sécurité et souligner que le concept  »professionnel congolais de la politique » est discutable..)

 »Ce commun de mortels » a contaminé son électorat, ses fanatiques, ses thuriféraires et ses applaudisseurs de tous bords. Ils rejettent le débat d’idées lié à certaines questions historico-politiques de fond ou ne veulent pas tout simplement en entendre parler au nom du culte de la personnalité.

Savoir par exemple que les deux sécessions des années 1960 (du Kasaï et du Katanga) ont été l’oeuvre des  »milieux d’affaires » occidentaux proches de l’Union Minière du Haut-Katanga et de la Forminière du Kasaï) aurait pu alimenter, à nouveaux frais, un débat entre  »les unitaristes » et  »les fédéralistes » congolais. Hier, les uns, proches de Lumumba, voyaient dans  »le fédéralisme », dont Tshombe et certains membres de l’ABAKO étaient  »les fers de lance », une tentative d’application de  »la politique du diviser pour régner » propre aux milieux d’affaires susmentionnés. Ils estimaient que sans un Congo uni, le rêve panafricain, fédérateur des peuples du continent-mère serait irréalisable.

Dans ce débat opposant les unitaristes et les fédéralistes congolais,  »les joueurs en coulisse » ont instrumentalisé la fibre tribaliste pour réaliser leur  »projet politique » :  »Diviser pour régner ».

Qu’en est-il aujourd’hui ? La décentralisation est-elle préférable à l’unitarisme et au fédéralisme ? Qu’en pensons-nous ? Comment faut-il faire pour réellement rapprocher les gouvernants et des gouvernés ? Quel est le poids politico-économique de ces gouvernants dans un pays où le fait économique (mafieux) domine le fait politique amateuriste et médiocre ?

La RTBF vient de publier un article suffisamment clair sur  »ces coulisses » et discutable sur certaines de ces affirmations. J’espère que les compatriotes ayant perdu le fil de notre histoire pourront le lire et avoir une idée sur la question. L’article est ici :Congo 1960 – épisode 10 : le 14 septembre 1960, le premier coup d’Etat de Mobutu et l’« élimination politique » de Lumumba

 
 
 

Ce débat fut et est encore édulcoré quand il alimente  »la guerre tribale » entre (certains)  »Kasaïens » et

(certains) Katangais dans l’ignorance totale de cette histoire au nom  »des questions d’actualité ». Ses  »coulisses » et  »ses tireurs de ficelles » sont complètement ignorés au moment où le Congo-Kinshasa est pris en otage par  »les huissiers du capital ». Terrible ! Pour cause. L’appauvrissement anthropologique est une véritable arme destruction massive au cœur de l’Afrique.

Un bon débat d’idées, une refondation de l’école, de l’université et de la famille dans un Etat réellement souverain peuvent être un début de sortie de cette crise anthropologique devenue un débâcle ! Comment y arriver dans un pays placé sous les fourches caudines des  »huissiers des créanciers » ? L’équation devient très compliquée.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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