Comprendre le mode opératoire de l’APR/FPR de Kagame au Rwanda et au Congo-Kinshasa

En lisant Judi Rever, je portais quelques questions dont celle-ci :  »Comment l’humain peut-il devenir capable de tuer de sang froid son semblable et être applaudi ? »

Il peut y arriver par une certaine formation militaire et idéologique enracinées dans la haine de l’autre, la cupidité et l’avidité du pouvoir et l’héritage reçu des  »pères dominants ». Cet héritage peut engendrer  »une trop haute idée de soi » en tant que  »fils héritier ».

Tout ceci peut finir par produite  »une conscience morale viciée » niant l’altérité et rendant capable du pire. Plusieurs membres du staff dirigeant de l’APR/FPR en sont arrivés là.

Couper une tête et rigoler, éventer une femme après en avoir abusé, demander à ceux qui vont être tués de creuser eux-mêmes leurs tombes, inviter les femmes, les vieillards mourants, les enfants, les jeunes et les hommes dans un stade en leur promettant de la nourriture et/ou du boulot et les éliminer tous au moyen des grenades et des armes à feu, tout cela trahit cette  »conscience morale viciée » et le goût effréné du  »pouvoir-os » pour le  »pouvoir-os ». Cette  »conscience morale viciée » recourt au mensonge et à la ruse pour triompher en semant la mort.

Ayant été le seul maître de l’espace mortifère qu’il a créé avant, pendant et après le génocide, ce staff dirigeant de l’APR/FPR, ses services de sécurité  »civils » et ses parrains ont eu le temps de se fabriquer l’image des  »héros ».  » Et un héros n’est pas un criminel » (Judi Rever, 2020, p. 153) à ses propres yeux , aux yeux de ses fanatiques et à ceux de ses  »créateurs ».

En détaillant les crimes de l’APR/FPR, riche de plus de deux cents (200) sources dont les ex-membres de l’APR/FPR et certains documents confidentiels du TPIR), Judi Rever, après bien d’autres auteurs, aide à déconstruire cet  »image du héros » fabriquée par Kagame, ses proches collaborateurs, ses fanatiques, ses parrains et les médias mainstream.

A travers les confidences faites à Judi Rever, j’ai davantage appris qu’il y a des humains qui peuvent se transformer en monstres ; tout comme il y en a d’autres qui, même quand ils sont pris dans les affres des crimes odieux, n’arrivent pas à tuer en eux  »la petite voix intérieure qui nous dit qu’un acte est bon ou mauvais »,  »la vraie conscience ». Et que le passage de l’une de ces deux catégories à l’autre reste un choix possible. Il peut être forcé. Il peut devenir une option après une formation militaire et idéologique nourries par  »une trop haute idée de soi-même » ou par les passions tristes.

Sans une résistance farouche aux humains devenus des  »monstres » (au Rwanda, au Congo-Kinshasa et dans les Grands Lacs Africains), sans une bonne rééducation, sans une justice juste et des médias alternatifs pour poursuivre le travail de la publicisation de leurs crimes, sans une thérapie collective, ils peuvent encore faire beaucoup de victimes. Celles-ci peuvent être innocentes, consentantes ou ignorantes. Elles peuvent souffrir des syndrome de Stockholm ou du larbin. Le Congo-Kinshasa a déjà produit plusieurs millions dans ce sens.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

Leave a comment

Your email address will not be published.


*