La crise d’orientation intensifiée au Kongo-Kinshasa

 »Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force » S. BOLIVAR

Il suffit que  »la guerre par morceaux » menée contre le Kongo-Kinshasa s’intensifie après  »les élections-pièges-à-cons » pour que nous perdions, majoritairement le nord du point de vue de certaines analyses. L’erreur, me semble-t-il, est l’oubli du jeu des coulisses et la prise en considération exagérée des bêtises commises par des  »acteurs apparents » en costumes et cravates.

Il est un fait que ceux-ci font beaucoup de mal au pays. Mais, ils ont été choisis pour cela : créer  »le chaos constructeur ». Souvent, les textes dont ils se réclament, lus en profondeur, révèlent pour qui ils roulent.

Un exemple.  »La constitution » actuelle lue du point de vue de la critique économique est foncièrement  »libre-échangiste ». Ce n’est pas un hasard que tous  »les acteurs apparents » aux affaires partagent un dénominateur commun dans leur approche économique. Tous, de  »gauche », de  »droite », du  »centre », de  »l’extrême gauche » ou de  »l’extrême droite » partagent l’expression  » amélioration du climat des affaires ». Personne ou presque ne parle du patriotisme économique dans un pays aux potentialités énormes. Or, parmi les joueurs de coulisse, plusieurs savent que l’émergence de leurs pays fut le fruit de la pratique intransigeante du patriotisme économique.

Lorsque Monsieur Trump dit, par exemple, qu’il veut  »to make America first again », c’est entre autres de cela qu’il s’agit du point de vue économique et technologique. La Russie, la Chine, la Bolivie et plusieurs pays de l’Asie du Sud-Est l’on compris. Ils ont, bien que pratiquant encore un peu le libre-échange, créé leurs propres banques nationales, leurs Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, et tentent d’organiser les échanges économiques en leurs propres monnaies en conférant à leurs Etats le pouvoir de contrôler le mieux qu’ils le peuvent le marché. Le parti communiste chinois fait des progrès énormes en cette matière.

Au Kongo-Kinshasa,  »les acteurs apparents » ont réussi leur coup : créer un corps immense de fanatiques, de thuriféraires, de tambourinaires et d’applaudisseurs plongés dans une ignorance abyssale de la marche du monde. Y parler par exemple du  »Great Reset », de la  »grande réinitialisation » dans laquelle le monde est plongé depuis la crise du COVID-19 serait prendre le risque d’être lapidé. L’ignorance, le refus de savoir, la volonté d’ignorer, le manque de réponse collective aux besoins bassement primaires ont transformé le pays de Lumumba en une jungle.

Dans cette jungle, les politicards font allusion à une crise de légitimité sans en définir les contours historiques et économiques.

C’est vrai. Il y a une crise de légitimité au Kongo-Kinshasa. Il y a eu et il y a encore achat des politicards,  »acteurs apparents » de la  »politicaille kongolaise », par les forces dominantes du Capital représentées au pays par une multitude d’ONG dont l’USAID et d’organismes tels que la Banque mondiale, le FMI, l’ONU, etc. Voilà ce que ces politicards ne disent pas et ne diront jamais aux populations kongolaises que le manque de culture historique, humaine et humaniste a, en grande partie, abruties en les enfonçant dans la culture de la mort. Ce sont ces forces dominantes du Capital qui ont délégitimé le pouvoir politique au pays de Lumumba et accompagnent, en coulisse, la triche aux  »élections-pièges-à-cons ». La triche, la corruption, la ruse, le mensonge, etc. participent de leur mode opératoire. (Le comble est que plusieurs ONG dites de la société civile kongolaise bénéficient du financement de ces forces du Capital pour entretenir la confusion au pays en défendant  »les droits de l’homme » ou en luttant contre  »la corruption » sans couper la branche pécuniaire qui l’alimente et sur laquelle elles sont assisses. Plusieurs églises sont prises dans le même jeu.)

En 1960, le pays de Lumumba aurait pu prendre un nouveau départ si, sont premier Ministre, élu au suffrage universel, avait mis son programme de gouvernement et son projet de société en pratique.

Les forces dominantes du Capital ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont utilisé leurs chiens de garde pour tuer ce digne fils du pays et depuis lors, plonger le Kongo-Kinshasa, dans une crise existentielle d’orientation devenue aujourd’hui une débâcle.

Les politicards désorientés par peur de subir le même sort que Lumumba organise un cirque, depuis les années 1960, en s’opposant les uns aux autres tout en ayant les mêmes maîtres dans les coulisses et en participant aux réunions tendant à transformer toute l’Afrique en une zone de libre-échange. (Ils participent, par peur de subir le sort de Kadafhi et de Laurent Gbagbo, à la vente de l’Afrique aux enchères.)

Au cœur de cette crise existentielle d’orientation devenue une débâcle, même certaines intelligences kongolaises perdent la boussole et se mettent à parler le langage de  »la rue » trahissant une profonde haine de soi ; du soi individuel et collectif. Mais aussi un refus voulu et entretenu de ne pas se laisser embêter par l’histoire. Pourquoi ? Elles tiennent à tout pris à parler de  »la politique » et des  »acteurs apparents » comme s’ils étaient des  »acteurs pléniers » dans un Kongo-Kinshasa vendu aux forces dominantes du Capital depuis Léopold II et n’ayant pas eu la chance de devenir un pays souverain après l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 1961.

Le recours au langage de  »la rue » emprunte un peu à la jungle kongolaise : les inimitiés, les insultes, les attaques tribalisées, la violence, la culture de la mort entretenue, etc.

Dieu merci ! Ces errances des intelligences kongolaises ne torpillent pas, en tout et pour tout, leur capacité d’analyse et de propositions sur certaines questions face auxquelles le pays est placée.
Elles savent, tant soit peu, gérer leurs contradictions. Le souhait aurait été qu’elles ne trahissent pas notre mémoire collective, ne cèdent pas à la haine de soi et au langage de  »la rue-jungle » et poursuivent la lecture et la relecture de notre histoire depuis Berlin jusqu’à ce jour afin d’en tirer des leçons de vie pour un autre Kongo. C’est-à-dire un Kongo souverain et autodéterminé.

Le risque actuel d’intensification de la violence au cœur de l’Afrique , c’est du  »pain béni » pour le Capital ensauvagé. Contrairement à la doxa officielle soutenant que les investisseurs aiment la paix et la stabilité, à l’Est du pays, toutes les cinq minutes, un petit avion atterrit et repart avec les matières premières stratégiques pendant que des compatriotes sont tués et coupés en petits morceaux. Non. Le Capital ensauvagé opère là où son réseau de prédation entretient la guerre, la violence, le désordre et la mort. La doxa officielle désoriente.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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