Possible procès contre Roger Lumbala et contre le capitalisme global ?

« Le Capital a horreur de l’absence de profit » K. MARX.

Manger à tous les râteliers n’est pas une garantie de ne pas répondre de ses crimes un jour.

Roger Lumbala Tshitenge vient d’en faire une amère expérience (Crimes contre l’humanité en RDC: Roger Lumbala mis en examen et incarcéré en France — La Libre Afrique ). Ce chef de guerre pourrait répondre, plus d’une décennie après, de son implication dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Le retour au Rapport Mapping et tout le travail abattu par les compatriotes afin qu’un Tribunal Spécial pour le Kongo-Kinshasa juge les crimes qui y sont répertoriés, tout cela semble porter du fruit.

Néanmoins, en bon lecteur de l’histoire de Nuremberg et de Slavoj Zizek, j’ai peur que ce  »Tribunal » ne puisse s’en prendre qu’à une partie du réseau transnational de prédation ayant dépeuplé les terres kongolaises, déstructuré la culture et désorienté l’humain kongolais sur fond de l’alliance entre le militarisme, le matérialisme et la racisme. Oui, j’ai peur.

Et je relis ce texte de Slavoj Zizek : « Derrière la façade de la guerre ethnique nous sont ainsi donnés à voir les rouages du capitalisme global (…). Chaque chef de guerre entretient des liens commerciaux avec une compagnie ou une firme étrangère qui exploite la plupart des richesses minières de la région. Cet arrangement convient aux deux parties : la firme les droits miniers sans taxes ou autres tracasseries, le chef de guerre s’enrichit. » (S. ZIZEK, Vivre la fin des temps, Paris, Flammarion, 2011, p. 232

Et Zizek ajoute : « Oubliez le comportement sauvage de la population locale, ôtez simplement l’équation des entreprises étrangères de haute technologie, et voilà par terre toute l’édifice de la guerre ethnique qu’attisent les vieilles passions. » (Ibidem)

Si le procès contre le chef de guerre kongolais n’est pas suivi d’un autre contre le capitalisme global, contre les trans et les multinationales impliquées dans cette guerre raciste de prédation et de basse intensité, il risque de n’être qu’un coup d’épée dans l’eau.

Pourquoi ? Pour une raison aussi simple que sa quête insatiable de profit qui se moque de toutes les lois humaines, comme l’avait déjà si dénoncé Karl Marx en son temps : « Le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A vingt pour cent, il devient enthousiaste. A cinquante pour cent, il est téméraire. A cent pour cent, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à trois cents pour cent, il ne recule devant aucun crime. » Karl Marx, Le Capital, Livre 1, chapitre 22 (cité par Remdesivir, vaccins à ARN et « obsolescence programmée » des molécules : le capitalisme est un frein pour la science — Guillaume SUING (legrandsoir.info) )

La preuve est donnée par la perpétuité de cette guerre et le flou artistique entourant les forces onusiennes et kongolaises payées depuis plus de deux décennies pour y mettre fin. De plus en plus, à l’Est du Kongo-Kinshasa, la thèse officielle du terrorisme entretenu par les ADF ne tient plus la toute. Des compatriotes parlent de la complicité de ces forces avec des preuves à l’appui comme c’est bien décrit dans cet article :Les FARDC et la MONUSCO prises la main dans la poche en Ruwenzori/Beni dans le massacre de la population – Beni Lubero Online.

Donc, lutter pour un autre système économique géré par un Etat kongolais souverain, capable d’avoir des forces de sécurité et une armée à la fois républicaines et professionnelles, de se choisir les partenaires stratégiques dans un monde de plus en plus polycentré, tel est l’un des paris que devraient gagner les souverainistes kongolais de tous les bords.

En attendant, une mobilisation des masses populaires kongolaises sur la question de cette guerre raciste de prédation et de basse intensité demeure une urgence. L’étude du Rapport Mapping a fait des pas importants dans cette direction. Elle devrait être poursuivie et parvenir à la création d’une véritable masse critique kongolaise à même de renverser les rapports de force favorable, jusqu’à ce jour, au capitalisme global.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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