Kongo-Kinshasa. Répéter l’une des erreurs de Lumumba et croire aux résultats différents

« On peut longtemps ignorer la réalité (…), elle nous rappelle brutalement que nous sommes le peuple ou pas. Mettre des lunettes de soleil ne fait pas disparaître le soleil. » P.SACRÉ

L’organisation des espaces de sécurité mutuellement protégés est une question essentielle dans un monde où certaines institutions dites internationales sont réellement au service des forces dominantes du marché mondialiste et du  »gouvernement par le chaos ». Quelques pays de l’Eurasie viennent de prouver cela en allant secourir l’un des leurs. La Russie et la Chine, membres de l’OTSC (Organisation du Traité de la Sécurité Collective), sont intervenues au Kazakhstan afin de sauver ce pays d’un  »coup d’ Etat » en cours d’exécution. Ces deux articles en témoignent :La situation au Kazakhstan se stabilise après le discours de Tokaïev et l’arrivée des forces de maintien de la paix de l’OTSC (reseauinternational.net) et La Chine intervient au Kazakhstan (reseauinternational.net) ).

Ces deux géants de l’Eurasie ont de la suite dans leurs idées. Ils savent que comme cela a été le cas pour la Syrie, par-delà le Kazakhstan, c’est la Russie qui est dans la ligne de mire. Un article signé par Moon of Alabama fournit un peu plus de détails là-dessus. (La rébellion dirigée par les États-Unis au Kazakhstan pourrait bien renforcer la Russie (reseauinternational.net))

Lire cet article attentivement peut aider à comprendre davantage la guerre de basse intensité et de prédation menée contre le Kongo-Kinshasa. Mutatis mutandis, par-delà le génocide rwandais des années 1990, c’est le grand Kongo-Kinshasa qui était visé. Depuis lors, cette guerre est devenue perpétuelle. Guerre d’usure, elle fait rarement partie des débats kongolais. Imaginairement, des compatriotes, victimes consentantes des élections-pièges-à-cons depuis 2006, soutiennent que ce pays en guerre perpétuelle est devenue une  »jeune démocratie ».

Ce faisant, ils entretiennent des conflits internes d’une très grande violence. Ainsi, sont-ils devenus, consciemment et/ou inconsciemment, des agents du  »gouvernement par le chaos ». Ils sont aidés dans ce désordre par  »les escadrons de la mort » ayant infiltré les institutions du pays, l’armée et les services de sécurité par ladite guerre de basse intensité, par les opérations de mixage, de brassage, de démobilisation et de réinsertion. (Ils leur arrive de classifier des agents du  »gouvernement par le chaos » dans  »le patrimoine national » kongolais. Comble de la bêtise!)

Selon certaines indiscrétions, sur les 200.000 militaires que comptent le pays, 45.000 seulement sont kongolais. Avec cette armée infiltrés par  »les escadrons de la mort » et des  »Chevaux de Troie », le pays se préparerait, sans un audit au préalable, à mettre fin à cette guerre perpétuelle et à organiser, sur toute l’étendue du territoire, des élections libres, apaisées, transparentes et limpides !

Bon ! Un miracle peut être possible. Même si je n’y crois pas.

 »Gouverner par le chaos » risque de devenir le mode normalisé du dysfonctionnement du pays jusqu’au jour où des patriotes souverainistes accepteront de travailler main dans la main avec des collectifs citoyens, les masses villageoises et paysannes pour récupérer les terres kongolaises vendues comme carrés miniers ou offertes au  »grand remplacement ».

En attendant, les sous-fifres et les autres proxys impliqués dans cette guerre répètent à dessein la même erreur que Lumumba face aux fanatiques, thuriféraires et tambourinaires kongolais coupés de leur histoire et refusant d’apprendre des autres. Et ils veulent aboutir à des résultats différents ?

Quelle est cette erreur ? Accepter la présence de l’ONU au Kongo-Kinshasa. Parlant de cette erreur, Frantz Fanon écrit : « Il ne fallait pas faire appel à l’ONU. L’ONU n’a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l’homme par le colonialisme, et chaque fois qu’elle est intervenue, c’était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur. » Et il ajoute : « Il n’est pas vrai de dire que l’ONU échoue parce que les causes sont difficiles. En réalité, l’ONU est la carte politique qu’utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute échoue. Des partages, les commissions mixtes contrôlées, les mises sous tutelle sont des moyens légaux internationaux de torturer, de briser la volonté d’indépendance des peuples, de cultiver l’anarchie, le banditisme et la misère. »

Ailleurs, en Eurasie, ceux et celles qui luttaient aux côtés de Lumumba et des autres Pères et Mères de l’indépendance africaine et kongolaise ont assimilé cette leçon de Frantz Fanon. Bien que membres de l’ONU, ils ont réussi à organiser leur sécurité collective en la tenant à l’écart.

Les minorités kongolaises résistantes et dissidentes ont compris cela. La preuve ? Bien que leur pays soit devenu un  »Etat-raté-manqué » (Lire La Fabrique d’un Etat raté – #CongoLobiLelo ), ils ne veulent pas en perdre un seul centimètre.

Plusieurs sont d’avis que même s’ils en perdaient aujourd’hui, ils lutteront demain pour le récupérer.

Ils se battent et sur le front intérieur et sur le front extérieur. Souvent, avec les moyens du bord.

Ailleurs, en Afrique, le Burundi, la République Centrafricaine, le Mali, l’Algérie essaient, tant soit peu, de mettre en pratique le conseil de Frantz Fanon. La présence de l’ONU au Mali et en Centrafrique n’a pas empêché à ces deux pays de diversifier leur partenariat stratégique. Ils ont fait appel aux Russes pour un partenariat gagnant-gagnant.

En sus, le pays de Modibo Keita a choisi d’en finir d’abord avec la guerre de prédation qui lui est imposée avant d’organiser les élections. Il a pris cette grave décision après avoir organisé les assises nationales de sa refondation à tous les niveaux du pays (MALI/ASSISES NATIONALES: LES PARTICIPANTS SOUHAITENT PROROGER LA TRANSITION DE 6 MOIS A 5 ANS – YouTube )

Bon ! Cela a un prix. Il le paie déjà. Certains fils ont été corrompus pour torpiller cette orientation géopolitique et géostratégique (MALI:LA FRANCE VERSE 23M D’EURO AU PARTIS POLITIQUE, LA TÊTE D’ASSIMI GOITA À PRIX – YouTube ). La CEDEAO vient de lui imposer de lourdes sanctions (Très lourdes sanctions contre la junte au Mali (reseauinternational.net).

Ceci est un bon signe. C’est signe que le pays d’Aminata Dramane Traoré est en train de triomphé du  »viol de l’imaginaire ».

Si ce pays de Modibo Keita pouvait inspirer le grand Kongo….

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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