Le procès Chebeya et la crise de sens au Kongo-Kinshasa

« L’histoire nous apprend que nous ne savons pas apprendre de l’histoire. » M. JEAN

Paul Mwilambwe, l’un des policiers témoin du double assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, a dit sa part de vérité (de Polichinelle) au cours du procès. Les avocats de la partie civile ont demandé que les individus cités par Paul Mwilambwe puissent être entendus comme renseignants. Cette demande vient d’être rejeté au sujet de l’un d’eux. Pourquoi ?

Cet individu rentré par effraction et/ou par infiltration au Kongo-Kinshasa avait fini par usurper un poste de responsabilité taillé à sa mesure afin qu’il profite d’un crime à la Brutus (LIWA YA M’ZEE: ETIENNE MUANA NA YE, ATUMBI ZAMBA, ABIMISI MAKAMBO YA SOMO…MASASI PE BA BOMI.SUIVEZ – YouTube )

Choisi pour être au service des multi et des transnationales ainsi qu’à celui d’un pays voisin (22.06.2016 Massacres dans l’est du Congo – YouTube ), cet individu a fini par devenir calife à la place du calife ; la crise de sens aidant.

En effet, le clientélisme politicard ainsi que l‘inversion sémantique ont facilité le fait que ce mercenaire et Cheval de Troie soit, au cours de la guerre de basse intensité et de prédation menée contre le Kongo-Kinshasa, dénommé  »Président ». Des lois scélérates le protègent. Il ne peut pas répondre de ses crimes présumés. Il est donc (aussi) le produit d’une crise de sens.

Au cours de cette longue guerre, la crise de sens s’est manifestée par la perte de signification de plusieurs mots utilisés au quotidien et cela dans plusieurs domaines de la vie.

Cette perte de signification des mots s’est accompagnée d’une grave perte d’orientation. Disons qu’elle a empiré une perte d’orientation déjà entamée à l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 1961.

Depuis plus de deux décennies, au cœur de l’Afrique, une (néo)colonie s’est mise à se penser, à cause de la bêtise de certains de ses fils et de certaines de ses filles, comme étant  »une démocratie »,  »une jeune démocratie » appelée à devenir  »un pays plus beau qu’avant » sous la conduite des  »frappeurs » et autres  »escadrons de la mort ». (Encore un usage abusif des mots!)

Le procès Chebeya -comme celui de Rossy Mukendi- est révélateur de cette désorientation et du triomphe des forces de la mort au cours de la guerre perpétuelle que le Kongo-Kinshasa est en train de subir. Le sort réservé à Paul Mwilambwe risque de nous le révéler davantage.

Dans un pays désorienté où des mots ont perdu leur signification, il est fort possible que s’effritent la foi et la confiance en un  »à-venir » chantant. Une justice transitionnelle refondatrice d’un Etat responsable serait l’une des meilleures issues possibles. Mais qui va l’initier ?  »Le pouvoir-os » en place semble avoir peur de froisser ses  »clients »…

Dans un pays désorienté où les mots ont perdu leur signification, initier des assises nationales de la refondation comme au Mali serait important pour une renaissance de la confiance mutuelle et de la cohésion nationale brisées par  »le gouvernement par le chaos » dont les Kongolais(es) sont victimes depuis plus de deux décennies.

C’est vrai. Il n’y aura pas de baguette magique. Des initiatives des patriotes, des résistants, des  »dissidents » et de vrais souverainistes  »collectivisées » sont indispensables à l’insurrection des consciences et à une réorientation éthique du pays.

Celle-ci devrait s’appuyer sur une autre façon d’édicter les règles et les lois de la République. C’est-à-dire que des collectifs citoyens interconnectés selon leurs intérêts respectifs devraient, de plus en plus, s’immiscer dans tous ces endroits où les règles et les lois du pays sont concoctées et discutées afin qu’ils en deviennent les sujets.

Les experts en droit et autres constitutionnalistes devraient être forcés de jouer, au sein de ces collectifs citoyens, le rôle d’intellectuels organiques, du levain dans la pâte. Cela éviterait que les populations kongolaises puissent demeurer à tout jamais les dindons de la farce des  »frappeurs » et de leurs clients fabricant des règles et des lois du pays à leur goût et pour leur seul et unique profit.

Bref, il y a un renversement du système (néo)colonial en place au pays de Lumumba à opérer.

Est-ce possible que les élections-pièges-à-cons de 2023 puissent réaliser cet exploit ? A mon humble avis, non. Dans une (néo)colonie, les armes du jeu électoral ne sont pas entre les mains des collectifs citoyens. Elles sont entre celles des hégémonistes, accapareurs des biens et des personnes, créateurs des proxys et autres sous-fifres commis à leur service et au dépens des populations paupérisées.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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