40.000 dollars:le prix d’une vie ! La vie de Chebeya monnayée

« Seules les gens éveillés, debout, révoltés, dans les rues, les écoles, les institutions pourront stopper le mal qui avance avec le concours malveillant de quelques-uns et la soumission librement consentie du plus grand nombre. » P. SACRE

40.000 dollars. Tel fut le prix proposé pour monnayer la vie d’un humain (Chebeya) au Kongo-Kinshasa. Me Peter Ngomo, avocat des parties civiles, au cours du long  »procès » sur le double assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana y fait allusion dans sa plaidoirie. (Le plus grand site d’information en république démocratique du congo (7sur7.cd)

Le procès en appel sur le double assassinat des activistes des droits de l’Homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana devant la Haute Cour militaire, est entré dans sa dernière ligne droite. Dans cette affaire, les prévenus sont les policiers Christian Ngoy Kenga Kenga, Jacques Migabo et Paul Mwilambwe. Les avocats des parties civiles ont entamé, ce mercredi 16 février 2022, leurs …
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Ce monnayage de ce qui est sans commune mesure, la vie, est un signal fort. Il transmet plusieurs messages. En voici quelques-uns.

La guerre de basse intensité menée contre le Kongo-Kinshasa a permis aux escadrons de la mort d’infiltrer les institutions du pays ou ce qui en restait afin de le forcer à embrasser le militarisme, le matérialisme (pur et dur) et la discrimination sociale comme socle pour que triomphent le néocolonialisme et l’ultralibéralisme. Ceci s’est fait et se fait encore au détriment des  »humanités ».

Donc, le néocolonialisme et l’ultralibéralisme triomphants au Kongo-Kinshasa ont pu être imposés et se maintenir par la guerre, par le sang versé par ses filles et ses fils dont des frères et des sœurs converti(e)s au matérialisme, au militarisme-kadoguisé et à la discrimination sociale ont coalisé avec les forces de la mort. Quel paradoxe ? Et cela dure et perdure ! L’humain (re)devient  »un bien-meuble ».

Dans ce contexte,  »réussir sa vie » c’est la monnayer. La monnaie est devenue l’unique mesure de tout et même du  »bonheur ». A quel prix ? Au prix du sang et de la trahison. Au prix du clientélisme et du fanatisme. Au prix de la vente collective de l’âme des masses populaires réduites à ramasser les miettes tombant de la table de  »nouveaux riches », ces  »ex-kadogos » ou ces  »frappeurs » de nos villes et cités.

Comment faire pour redonner à ces populations leur  »âme vendue » ? La justice juste peut être une voie. Mais, peut-elle avoir lieu dans une néocolonie où les clients des  »ex-kadogos » sont  »aux affaires » et où lois taillées sur mesure protègent  »les nouveaux riches » ? J’en doute très fort. Même si je suis d’avis que de petits pas initiés aujourd’hui peuvent servir à une justice plus juste demain. Ils présentent un avantage certain. Un groupe de compatriotes a fini par identifier-après plusieurs autres- quelques individus ayant une responsabilité dans le double assassinat. Il en a identifié  »l’auteur intellectuel » présumé. (Même si un débat peut être engagé à ce niveau afin de prouver que cet  »auteur intellectuel » n’est qu’un Cheval de Troie.)

Ces compatriotes ont créé un  »nous » décrédibilisant tous les propos fantaisistes des fanatiques de cet  »auteur intellectuel » le plébiscitant comme étant  »le père de la démocratie »,  »l’artisan de la passation pacifique du pouvoir » (os clientélisé), etc. « Nous plaçons, ont-ils soutenu, Joseph Kabila à la tête de l’organisation criminelle. Il est l’auteur intellectuel .»

Ces compatriotes constitue  »une minorité avertie ». Le temps qu’ils ont mis à étudier le dossier du double assassinat de Chebeya et de Bazana leur a permis de déconstruire une approche aveugle et fanatique du  »Cheval de Troie » de Kigali.

Ils ont fait leur part. Elle peut être minime et/ou insignifiant. Elle est faite. Ils ajoutent une petite page à l’histoire tourmentée du Kongo-Kinshasa.

 »Créer des nous averti », voilà une autre voie pour sauver collectivement  »l’âme vendue » des masses populaires. Recréer le lien physique en conscience pour que ce  »nous averti » pèse dans la balance des rapports de force des soutiens à tous les auteurs des  »organisations criminelles » au Kongo-Kinshasa.

L’interconnexion sur les réseaux sociaux peut y contribuer. Mais elle demeure virtuelle. Passer du virtuel au réel (physique) est indispensable pour tous  »les nous avertis ».

Faudrait-il reprendre l’organisation des conférences en présentiel pour cela ? Peut-être ! Le virtuel pourrait se révéler éphémère.

Le procès du double assassinat de Chebeya et de Bazana a pris du temps. Attendre douze (12) ans pour entendre les plaidoiries des avocats de la partie civile, cela peut se révéler fatiguant. Pourtant, la vérité (juridique) comme toutes les grandes vérités prennent la voie des  »escaliers ». Travailler sur le temps long devrait être la marque de fabrique de tous  »les ascètes du provisoire » et de leurs relais. Convoquer l’histoire à temps et à contretemps devrait participer de cette lutte pour  »les âmes vendues » au Kongo-Kinshasa. Refonder l’école et l’université en y faisant un part belle à l’histoire est indispensable au pays de Lumumba.

En principe, le procès du double assassinat de Chebeya et de Bazana est porteur de deux ou trois autres procès. Les responsables de Bundu dia Mayala peuvent, par exemple, s’ils ne l’ont pas encore fait, traduire en justice ceux qui ont assassiné celui qui luttait pour que leur cause soit entendue au niveau des instances  »internationales ». (Même si, comme l’écrit si bien Florence Hartmann, ce double assassinat intervient au cours d’une guerre de basse intensité participant des guerres secrètes de la politique et de la justice internationales!)

Le double assassinat de Chebeya et Bazana devrait mettre une puce à l’oreille des  »défenseurs kongolais des droits de l’homme ». Ils devraient être attentifs au danger de leur instrumentalisation au cours des guerres secrètes en vue des desseins inavoués.

Finalement, le procès du double assassinat de Chebeya et de Bazana est porteur d’un appel à une justice et un droit souverains dans un pays souverain débarrassé de la guerre perpétuelle de basse intensité et ouvert sur les autres pays en lutte contre l’oligarchie mondialiste thanatophile et ses vassaux. Seuls des  »nous avertis et interconnectés », debout, dans le réel peuvent, là où ils sont, impulser une autre dynamique de vie protectrice des forces de la vie et démonétisant l’argent.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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