Grand Kasai: ce qui nous manque

A la fin de leurs études, des étudiants finalistes en électroniques d’un institut supérieur technique de Kinshasa recevaient les derniers conseils de leur professeur expatrié: Bientôt, vous allez sortir, le vent en poupe, ingénieurs électroniciens. Un grand diplôme. Un bel avenir en perspective; mais ce n’est pas aussi simple que ca. Votre pays est pauvre; les débouchés sont limités; il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui vont vous engager. Mais Dieu vous a presque tout donné: l’espace, la forêt, la brousse, etc. N’ayez pas honte! Commencez par couper du bois et faites-en des braises. Vendez-les; vous obtiendrez un fonds nécessaire à vous acheter de l’outillage dont vous avez besoin pour votre travail. Et vous vous lancerez dans l’exercice de votre métier.

Le Kasai se meurt aujourd’hui. Nous sommes intelligents, nous avons de grands diplômes, mais ce qui nous manque, c’est l’esprit d’initiative. Nous sommes restés dans le vieux schéma: étudier, obtenir un grand diplôme, chercher du travail et faire carrière.Dans notre culture et dans notre éducation, il n’y a pas de place pour l’initiative individuelle et pour la créativité en matière d’emploi. Le constat en est que chaque année, les universités et instituts supérieurs déversent sur le marché d’emploi, des milliers de chômeurs qui tournent les pouces ou jouent aux dames en-dessous des manguiers, attendant que le gouvernement leur trouve de l’emploi par le canal des investisseurs. Et si les investisseurs ne venaient pas?

Dans l’histoire de l’esclavage aux Etats-Unis, nous avons appris que certains esclaves refusaient la liberté qui leur était accordée et préféraient rester vivre avec leurs anciens maîtres, parce qu’étant incapables de se prendre en charge! Plusieurs d’entre-nous gardent encore aujourd’hui les tares de la colonisation. Ils négligent le travail de la terre, et attendent de devenir des „évolués“ au service d’un maître blanc! Je m’en vais illustrer ceci par une autre anecdote.

Un sujet belge, aventurier, est descendu à Kinshasa vers les années 80. Mécanicien de son état, il était muni d’une boite d’outillage tout simplement et un peu d’argent en poche. Usant de sa peau blanche comme d’une carte d’assurance dans un pays où les gens croient encore qu’être blanc signifie être riche, il n’a pas eu de difficulté pour obtenir tous les papiers nécessaires à son établissement. Il a loué un hangar dans les environs de Kintambo, et a engagé deux mécaniciens zairois. Au bout de quelques années, son garage s’est agrandi et il a engagé beaucoup d’autres Zairois à son service. Tuetu, tudi ba mayi, tshiowesha ba bende (nous sommes semblables à l’eau qui rend les autres propres, mais se salit, elle-même)!

Le cas du développement du Kasai nous préoccupe tous; mais combien ont pris une quelconque initiative? Combien ont ne fût-ce qu’un lopin de terre qu’ils cultivent chez-nous? Combien ont ne fût-ce qu’un poulailler au coin de leur parcelle? Nous sommes fiers d’être Baluba, mais nous sommes les premiers à déserter le Kasai pour bâtir ailleurs, profitant des conditions favorables que cet ailleurs nous offre! Mais pourquoi ne pas créer les mêmes conditions chez nous?

J’étais dans le Bas-Zaire vers les années 80 pour des raisons professionnelles. C’est là où j’ai constaté que la force d’un Mukongo se trouve dans l’amour de sa région: chaque homme politique y avait sa résidence, sa ferme ou son commerce. les villas avaient poussé même dans des villages avec, dans un coin de la vaste cour, une gigantesque antenne parabolique pointée vers le ciel! Ils vivaient chez-eux, au village comme en Europe, captant toutes les chaînes de télévision du monde entier! C’est ainsi que Mobutu ne pouvait se permettre de punir un Mukongo en le reléguant dans son village natal, puisqu’il pouvait bien y vivre comme à Kinshasa ou en Europe.

Le développement doit commencer par la base, et il est une affaire de tous. Nous devrions, chacun dans son domaine, commencer quelque part. Mais les activités champêtres devraient être, à mon avis, notre dénominateur commun. Nous n’allons pas développer le Kasai à Kinshasa ou en Europe. C’est dire que nous devons déjà songer au grand retour. Ici, nous encourageons les initiatives des UKE (Union Kasaienne de l’Extérieur) dirigée par nos frères Diela et son frère Kayembe Bob et de l’association “La maison du Kasai“. Malheureusement, certains, au lieu de se joindre à eux, préfèrent multiplier inutilement d’autres associations de développement.

„Tozela obele bapaya, tozela obele crédit spécial!“ Mobutu Sese Seko

Lumbamba Kanyiki

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1 Comments

  1. As tu une idée d un projet de développement qu ils ont implanté au Kasai pour son développement ? Faire du bruit pour se faire remarquer c est de la fumée qui ne peut que laisser des traces noires.. Ils étaient chargés du suivi du projet de 100 jour. Près de 22 millions euros volatiles sans aucune ni école ni avenue ou route réhabilitée honte de la diaspora à Kananga par ses propres fils. Aller à l école c est une chose , acquérir un savoir pour transformer son environnement c est autre chose. On acquiert des diplômes par plusieurs astuces, en faire un outil de développement est une chose.On est content et on croit avoir réussi en se pavant en veste au milieu des illettrés qui se débrouillent mieux pour leur niveau des compétences et s en sortent mieux. La diaspora sans aucun esprit d entreprise coût derrière la politique pour chercher un poste pour voler et croire être arrivé.

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