Réconciliation, justice et vérité. Le Kongo-Kinshasa face à son destin

« Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres » Jn 8, 32

Il y a quelques semaines, Félix Tshisekedi et Sam Lukonde se sont retrouvés au Kantanga pour plancher sur la réconciliation entre les compatriotes katangais et kasaïens. Une bonne initiative.

Il y a quelques jours, l’Archevêque de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba, a organisé une rencontre entre les filles et les fils du Katanga en vue de leur réconciliation. Dimanche 22 mai 2022, une célébration eucharistique semble avoir scellé cette réconciliation. Bravo.

Qui peut ne pas admirer ces initiatives ? Elles sont louables. Néanmoins, elles posent de problèmes de justice et de vérité.. Elles posent des questions historiques. Pourquoi les Kasaïens et les Katangais qui ont, pour une bonne frange de leurs populations, des ancêtres communs,tout d’un coup, ne s’entendent-ils pas ? Quels sont les éléments psychologiques, historiques, politiques, économiques, géopolitiques, géostratégiques, et sociologiques qui peuvent nous aider à mieux appréhender ce conflit fraternel ?

Dans un pays en guerre perpétuelle depuis les années 1990, est-il possible d’aborder la question de la réconciliation sans poser celle de l’identification de qui est qui, qui a fait quoi, qui est coupable de quoi, etc., afin que les réponses à ces questions permettent de penser à des réparations responsables indispensables à la paix des coeurs et des esprits ?

Ne pas poser ces questions peut, me semble-t-il, être une façon d’avaliser les abus ayant permis l’infiltration du Kongo-Kinshasa et sa mise en coupes réglées.

Qui est qui ? Qui a fait quoi depuis les années 1990 jusqu’à ce jour ? Au nom de quels intérêts ? Qu’est-ce que les populations kongolaises en ont payé commis prix ? Comment cela peut-il être réparable après  »la réconciliation » ? Cette réconciliation doit-elle gommé les vérités historiques ? Pourquoi la Commission Vérité et Réconciliation prévue à Sun City n’a jamais été mise en place au Kongo-Kinshasa ?

OK. Très bien. Maintenant que tout le monde est d’accord pour que les Kongolais(es) se réconcilient, luttons aussi pour qu’un tribunal pénal international pour le pays soit mis en place. Cela nous aidera à faire d’une pierre deux coups : réconciliation, oui ; justice internationale, oui.

J.-P. Mbelu

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