Enfin, les chats sont nommés  »chats » au Kongo-Kinshasa

« Une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses » K. Marx

0. Mise en route

Marcher peut être un acte symbolique riche en significations. Il peut dire le besoin de se mettre debout, de se prendre en charge pour avancer sur le chemin de la vie. Il peut être le moment de penser par soi-même et/ou collectivement. Il peut dire un avancement vers un mieux être physique et mental, un mieux vivre avec soi et avec autrui.

Marcher peut signifier sortir d’une terre d’esclavage pour aller vers des horizons de liberté. Souvent, les marcheurs se laissent guider par quelques-uns d’entre eux. Ils ont un point de départ et un point d’arrivée. Ils se parlent. Ils échangent.

Une marche peut se révéler longue et épuisante. A ce moment-là, la tentation de la facilité et l’adoration des  »veaux d’or » peuvent devenir des voies de substitution. Les guides peuvent en prendre pour leur grade.

1. Des Kongolais(ses) se remettent debout et marchent

Des Kongolais(es) en font l’expérience ces derniers temps. Ils en ont déjà fait l’expérience dans un passé très récent. Ils se mettent debout. Ils marchent et essaient, tant bien que mal, de résister à la guerre raciste de prédation et de basse intensité imposée au pays depuis bientôt plus de trois décennies. De plus en plus, dans leurs rangs, les langues se délient, ils appellent le chat  »chat » et expriment clairement et collectivement leurs souhaits pour la préservation de la souveraineté et l’intégrité territoriale.

Il y a là comme  »un éveil », comme  »un réveil » collectif riche de toutes les luttes passées.

Les masses populaires kongolaises sont en train de prendre conscience, de plus en plus, du danger auquel le pays est exposé. Une bonne partie est en train de se transformer en  »masse critique ». Ici, une question se pose. Ne devrait-elle pas avoir, comme certains autres marcheurs de  »l’histoire biblique »  » sa table des lois », ses principes intangibles pour mieux avancer sur le chemin qu’il a emprunté en vue de faire face aux Mammonites adorateurs du  »veau d’or », vampires et populicides , aux  »serpents » dont les morsures excitent les démons du tribalisme, de l’ethnicisme et du particratisme ?

Lorsqu’une marche est longue, s’asseoir pour évaluer les moyens de sa politique est importante. La fonder sur des principes intangibles auxquelles souscrivent tous les marcheurs en vue des objectifs qu’ils se sont assignés tout en restant attentifs au réel, cela est très important. Donc, pour bâtir et/ou préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale,  »une table des lois » servant de boussole est indispensable.  »La Constitution » actuelle ne peut pas en être une dans la mesure où elle a été conçue, à travers certains de ses articles, contre la souveraineté et l’intégrité du pays. Un criminologue kongolais l’a prouvé magistralement au cours d’une émission avec Israël Mutombo. (BOSOLO NA POLITIK | 03 OCTOBRE | CONSTITUTION DE LA RDC : POUR OU CONTRE LE DÉVELOPPEMENT DU CONGO ? – YouTube )

Marcher collectivement, avoir  »une table des lois » ou ses principes intangibles ne pouvant pas être  »désacralisés » et ses guides, cela me semble être une voie salutaire pour le pays de Lumumba.

2. Le peuple dans la rue : une donne à prendre au sérieux

Dimanche 04 décembre 2022, des marcheurs kongolais ont eu à s’exprimer sur la guerre orchestrée contre le pays et certains de leurs leaders ont lu des mémos contenant des recommandations pouvant contribuer à la sauvegarde de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.

Ils l’ont fait dans la rue. Loin de  »l’assemblée (dite) nationale » et du  »sénat ». Il y a là une donne à prendre au sérieux : le peuple dans la rue.

Pourquoi ? La rue est en train de se transformer en un  »véritable parlement » pour les peuples africains trahis par  »les négriers des temps modernes » et les autres  »compradores » africains squattant les institutions  »manquées ».

Ailleurs, au Burkina Faso, au Mali, en Guinée Conakry, etc., les marcheurs mobilisés dans la rue pèsent de tout leur poids dans les rapports de force antagonistiques et rejoignent des  »leaders collectifs » répondant, tant bien que mal, à leur soif d’émancipation politique, de liberté, d’égalité, de fraternité et de solidarité. Avec des  »leaders collectifs » d’un nouveau genre, ils prennent le temps d’organiser des assises de refondation de leurs pays avant de penser au  »suffrage universel » dont ils relativisent l’importance.

Au Kongo-Kinshasa, prendre au sérieux la donne du  »peuple dans la rue » pourrait signifier une prise en compte des mémos lus dimanche et même avant. Mais aussi, penser sérieusement aux assises kongolaises de la refondation autour de quelques thèmes tels que la souveraineté et l’intégrité territoriale, les principes intangibles -une constitution à soumettre ua référendum populaire intégrant la nécessité du mandat impératif, du principe de subsidiarité, du référendum révocatoire, du référendum d’initiative citoyenne-, la justice transitoire, la cohésion nationale, la justice sociale, l’équité, le leadership collectif, le profil du leader politique de demain, l’habitation de  »la grandeur kongolaise », les terres kongolaises, etc.

3. Un  »réveil collectif » tardif

 »Le réveil collectif » kongolais est un peu tardif. Il porte les marques de son retard et il risque d’être pris au piège des joueurs des coulisses. Les mots et le vocabulaire de certains de ses  »leaders » ont besoin d’être revisités. Ils entretiennent une confusion terrible entre  »l’Occident collectif » et  »la communauté internationale ». Ils peinent à intégrer  »l’éveil kongolais » dans le contexte mondial d’une guerre à mort entre le système unipolaire des globalistes apatrides et le système multipolaire des Etats-civilisations. D’où leur tendance à esseuler le Kongo-Kinshasa dans sa quête de souveraineté et leur méfiance en la mutualisation des efforts et des intérêts avec les partisans du monde multipolaire. Ils donnent l’impression de refuser de comprendre que la fin de la guerre menée contre le Kongo-Kinshasa implique un profond changement systémique à la fois militaire, politique, spirituel, économique, financier et culturel. Ils font encore malheureusement confiance aux joueurs des coulisses et à leur double discours au dépens du réel. Donc, il y aurait encore des efforts collectifs à conjuguer. Surtout, pour conjurer la guerre cognitive que pourrait perpétuer  »les prochaines élections ». Elles viendraient corrompre toutes les énergies engagées dans la mobilisation autour de ces deux thèmes communs : la souveraineté et l’intégrité territoriale.

Pour conclure : Une étape cruciale de la lutte collective

Pourquoi, à cette étape cruciale de la lutte collective, le pays aurait-il besoin de chercher d’autres thèmes de campagne électorale alors que nous en avons quelques-uns qui sont unificateurs ? Qu’est-ce que les mille  »ligablo-partis-mallettes » dont regorge le pays viendraient apporter de mieux à un pays en guerre perpétuelle ?

Au cours d’une marche, lorsqu’elle est longue, la pire des tentations est de se fabriquer des  »veaux d’or », de privilégier  »l’avoir » à la place de  »l’être », d’envier  »les marmites de viande esclavagisantes », de convoiter  »le champagne de la soumission » à  »l’ eau claire » de la liberté, de la coopération, de la fraternité et de la solidarité.

En principe, à cette étape cruciale de la lutte collective, la coopération, la fraternité, la justice, la cohésion nationale et la solidarité devraient l’emporter contre tout esprit partisan, c’est-à-dire contre la politique du  »diviser pour régner ».

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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