»Le paralytique de Kigali » et les avancées de la relecture collective de l’histoire kongolaise

« Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin ! » Pape François

Mise en route

Kagame a fait une passe en or aux Kongolais(es). Il s’est trompé d’époque. Ses parrains l’ont induit en erreur. Son inculture lui a rendu un très mauvais service. Ils l’ ont manipulé à ses dépens. Son choix cupide et hégémonique pour une guerre d’usure est en train de le perdre.

Les réseaux sociaux et tout le numérique ont permis aux Kongolais(es) de faire d’une pierre plusieurs coups. La guerre d’usure qui leur est imposée leur a permis de relire leur histoire depuis Berlin 1885 jusqu’à ce jour. De plus en plus, le nombre de Kongolais(es) maîtrisant de mieux en mieux leur histoire augmente.

Des compatriotes essaient de remonter jusqu’à l’Egypte ancienne en relisant C. Anta Diop, Théophile Obenga, Bilolo Mubabinge, Evariste Pini-Pini, etc. en vue de donner au Kongo-Kinshasa et à l’Afrique des racines indispensables à leur renaissance.

Donc, plusieurs Kongolais(es) ont aujourd’hui une approche paradoxale de la guerre par procuration que mènent Kagame et ses pions contre le pays de Lumumba. D’une part, ils veulent en finir le plus vite possible. D’autre part, ils essaient de désapprendre et de réapprendre de cette guerre.

1. Vaincre l’analphabétisme (historique)

En échappant à l’analphabétisme (historique), ils s’apprêtent à lutter sur le moyen et sur le long termes afin qu’aucun centimètre de leur terre ne puisse être pris par  »le paralytique de Kigali ». Ils savent dorénavant qu’en partageant cette histoire maîtrisée autour d’eux, ils arment les générations présentes et futures afin qu’elles soient toujours disposées à lutter pour l’intégrité territoriale du pays. Il y a lieu de dire qu’à quelque chose, malheur est bon !

Vaincre l’analphabétisme (historique) devrait conduire ces compatriotes épris de la maîtrise collective de l’histoire à étudier les autres guerres orchestrées par les parrains de Kagame à travers l’histoire et le monde.

Ils se rendraient compte les pays qu’ils veulent vassaliser et dépeupler sont souvent opposés les uns aux autres afin qu’ils se neutralisent en créant  »le chaos contrôlé » en leur sein. Croire au cours d’une guerre d’usure qu’ils peuvent changer leur fusil d’épaule est une erreur grave. Elle se paie lourdement.

Un peu plus tôt, Frantz Fanon avait compris cela lorsqu’il écrivait ceci :

« Notre tort à nous Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa nocivité. »

Dieu merci ! Des pays africains commencent à renoncer à l’amnésie en diversifiant le partenariat stratégique et en s’orientant différemment géoéconomiquement. Ils prennent des précautions pour neutraliser leurs ennemis intérieurs et assument le principe de contradiction à la Mao pour se débarrasser de leurs ennemis extérieurs. C’est-à-dire que plusieurs de leurs fils et filles acceptent de mettre entre parenthèse leurs oppositions internes afin de constituer un bloc contre leurs ennemis extérieurs communs. Dès qu’ils ont gagné cette lutte, ils organisent des assises de refondation pour baliser la voie collective d’un nouveau départ.

Rejetant l’insularisation, ils cherchent à créer des alliances géopolitiques et panafricaines pouvant les conduire à co-produire des Etats fédérés africains. Le Mali et le Burkina Faso, contre vents et marées, sont engagés sur cette voie. La République Centrafricaine, aussi. Elle est devenue la capitale d’une Banque des Brics. Et ceci est important à souligner. Pourquoi ?

2. Des institutions alternatives

Les frontières artificielles héritées de Berlin ne permettent pas l’épanouissement intégral d’une Afrique panafricaine telle qu’elle a été voulue par les Pères et les Mères des indépendances politiques des pays africains. Nkrumah était convaincu que l’Afrique devait s’unir. Lumumba estimait que le Congo indépendant devrait l’être avec les autres pays de l’Afrique australe.

La ligne de conduite adoptée par le Mali et le Burkina Faso devrait inspirer les autres pays africains. Le Kongo-Kinshasa, par exemple, devrait se rapprocher davantage de la République Centrafricaine et rompre avec  »le colonialisme économique  » (entretenu par l’ EAC et la Monusco) en devenant membre de la Banque des Brics.

Dans un futur proche, l’option de rompre avec toutes plusieurs institutions mises en place par  »les vainqueurs » de la deuxième guerre mondiale devrait se généraliser en Afrique. Ces institutions étant mises au service des parrains de Paul Kagame, il faudrait leur trouver des institutions alternatives et y adhérer. Cela éviterait, entre autres, aux pays africains ayant opté pour les institutions alternatives, d’échapper à l’application des  »règles » édictées par les parrains de Kagame et surtout de ne pas tomber victimes de l’application du principe d’extraterritorialité.

Pour conclure ; Une relcture intelligente et collective de l’histoire

Il est possible de procéder à une relecture intelligente et collective de l’histoire du Kongo-Kinshasa et de l’Afrique de façon à apprendre, à désapprendre et à réapprendre l’importance d’être des acteurs historiques à part entière en partant de la guerre raciste de prédation et de basse intensité dont le pays souffre horriblement. Ceci pourrait produire des orientations nouvelles et déjouer les pièges des parrains de Paul Kagame habitués à souffler le chaud et le froid. Le Mali, l’Algérie, le Burkina Faso, l’Afrique du Sud, etc. ont pris le risque de s’engager sur cette voie de la réappropriation de la souveraineté intégrale dans un monde de plus en plus polycentré. Donc, il y a lieu de pleurer les morts kongolais, de préparer la légitime défense sur le court, le moyen et le long termes, de s’apprêter pour une justice transitionnelle digne de ce nom et de s’engager sur des voies géostratégiques, géopolitiques, géoéconomiques et numériques alternatives. C’est possible.

Babanya Kabudi

Génération Lumummba 1961

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