Election des gouverneurs : les candidats obligés de faire acte d’allégeance à la MP

Une vue du centre de compilation le 2/12/2011 à l’enceinte de la foire internationale de Kinshasa, pour les élections de 2011 en RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
Une vue du centre de compilation le 2/12/2011 à l’enceinte de la foire internationale de Kinshasa, pour les élections de 2011 en RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Une vue du centre de compilation le 2/12/2011 à l’enceinte de la foire internationale de Kinshasa, pour les élections de 2011 en RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Pressée de l’intérieur comme de l’extérieur, la majorité au pouvoir a dû se résoudre de revenir à la raison en laissant la latitude à la Ceni d’organiser l’élection des gouverneurs de province. Cela a été applaudi dans la mesure où cette attitude tendait à corriger l’impair qui a consisté à nommer, dans la violation des lois en vigueur et de la Constitution, des fameux commissaires spéciaux à la tête des provinces issues du découpage.

Ce revirement n’aura été que de courte durée; comme qui dirait: «chassez le naturel, il revient au galop ». Quelques semaines après la publication par la Céni du calendrier relatif à ce scrutin, la MP a vite fait de revêtir sa peau de fauve impitoyable. Elfe vient de fournir la preuve qu’elle ne laissera jamais les choses aller normalement, c’est-à-dire selon les règles démocratiques.

Des sources généralement bien informées, il nous revient que la MP a décidé rafler tous les postes de gouverneurs de province. Se sachant en mauvaise posture vis-à-vis de son électorat concernant des promesses non tenues, elle n’a d’autre choix que de recourir à des méthodes non conventionnelles. Jouissant de son influence sur les institutions, elle s’est proposé d’écarter de la course tous les candidats de l‘Opposition et assimilés. Ceux des candidats autrefois proches de la MP sont mis dans l’obligation de faire acte d’allégeance au chef de l’Etat et à sa famille politique. C’est le cas, notamment, des candidats membres de la MP qui ont continué à se déclarer indépendants. Parmi les cibles figurent des anciens gouverneurs de province, des ministres provinciaux ou leurs collaborateurs.

En démocratie, cette pratique est désignée sous le vocable de discrimination, d’intolérance politique. « Tous ceux qui ne sont pas avec nous seront écartés de la course », a déclaré un cadre de la MP en ajoutant que la Céni a été instruite de trouver une formule pour invalider tous les candidats indépendants dont le contrôle leur échappe. Corneille Nangaa qui avait appelé à la fin des pressions sur son institution est pris au mot. Où est son indépendance lui qui s’était empressé de déclarer ce qui suit : « Que ça soit le gouvernement, que ça soit les partis politiques, laissez-nous tranquille. Que ça soit les partenaires, laissez la Céni parce qu’elle a un mandat constitutionnel ». Le président de la Céni est pris dans ce cas précis à son propre piège.

Quid ? Les candidats indépendants ne rassureraient pas en rapport avec la vision de la MP. Il serait superfétatoire de revenir sur cette vision tant les communicateurs de la MP se sont égosillés dans les médias pour justifier le glissement du calendrier électoral. C’est le principe du «j’y suis et j’y reste » qui n’accorde aucun espace aux adversaires, Et dire que la RD Congo est un Etat démocratique dans ses fondements constitutionnels !

Que va-t-il se passer le 28 février? La question est sur toutes les lèvres. Les candidats gouverneurs qui seront écartés avec la complicité d la Céni vont-ils se laisser faire et accepter, une fois de plus, l’arbitraire ? Difficile à dire. Toutefois, d’aucuns ont d’avis qu’il est temps que les appels de la communauté internationale produisent des fruits dans le chef de la MP qui ne se gêne plus d’afficher ses intentions de quadriller l’ensemble du territoire national et de tout rafler, quitte à tout bloquer, dans le cas contraire.

Le secrétaire général des Nations unies qui venait d’appeler toutes les parties à aller le dialogue dit inclusif devrait ravaler sa parole. Car, une des parties, en l’occurrence la MP, ne donne pas de signaux qui encourageraient le rapprochement entre toutes les parties afin d’arriver au consensus tant exigé et recommandé par la communauté internationale aux fins d’un processus électoral apaisé et réalisé dans les délais constitutionnels.

Ban Ki-moon ne va-t-il pas se rendre compte de Fa mauvaise foi de la MP qui rame à contre-courant et reste obnubilée par sa volonté à rempiler à tout prix ? Il devrait comprendre qu’on lui a fait avaler des couleuvres et que sa recommandation relative à la tenue du dialogue ne va pas donner des résultats escomptés.

La MP semble embrigadée dans une logique qui n’est pas prête à s’arrêter. Une logique, somme toute, suicidaire et qui est loin de favoriser la cohésion nationale, condition de réussite des projets formés pour le développement du pays.

Pour rappel, l’élection des gouverneurs de province a été programmée initialement pour le 31 août 2015. Pour des raisons propres à la Céni, elle a été renvoyée au 6 octobre 2015 avant d’être reportée sine die. Finalement, c’est le 10 février 2016 que la Céni a pu annoncer l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de province pour le 26 mars prochain.

Par LP

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