L’OPPOSITION EN CONFÉRENCE À BRUXELLES – E. TSHISEKEDI : « EPARGNER AU PAYS UN CHAOS GÉNÉRALISÉ »

conclave 1 bxls
Principal initiateur de la rencontre de l’Opposition à Bruxelles, dite Conférence des forces politiques et sociales acquises au changement, Etienne Tshisekedi, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), joue au rassembleur. Selon lui, la conférence de Bruxelles est cruciale dans la consolidation de la démocratie congolaise. Il s’agit, pense-t-il, d’« épargner au pays un chaos généralisé »

Le Potentiel

C’est entre les villes de Bruxelles et Namur à l’hôtel Château du Lac, à Genval, que se sont donné rendez-vous les principaux leaders de l’Opposition congolaise. Chacun en ce le qui le concerne a fait le déplacement de Belgique pour répondre à l’appel à l’unité de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi.

Dans son discours inaugural, Etienne Tshisekedi en a cerné l’objectif d’une conférence qu’il qualifie de « tous les espoirs ». Il s’agit, pense-t-il, « d’arrêter ensemble des stratégies pour mettre fin à cette crise et épargner au pays un chaos généralisé ». La charpente de cette conférence de Bruxelles va, selon Tshisekedi, s’articuler autour de trois points : « sceller l’unité des forces politiques et sociales acquises au changement autour des objectifs communs ; convenir d’aller au dialogue politique sous la modération du facilitateur international renforcé par un appel des représentants des organisations suivantes : les Nations unies, l’Union européenne, l’Organisation internationale de la Francophonie et les Etats-Unis d’Amérique, en vue d’assurer la garantie de bonne fin des résolutions du dialogue politique ; veiller à la bonne mise en application de la Résolution 2277 par toutes les parties concernées ».

Le mandat expire le 19 décembre 

Pendant ce temps, à Kinshasa, la conférence de Bruxelles est commentée dans tous les sens. La Majorité présidentielle qui l’observe au loin tente d’en pénétrer l’énigme. Pour l’instant, en Belgique, au cœur de l’Europe, rien n’a encore été décidé. On en est encore aux tractations élémentaires, rapportent des sources concordantes. Hier mercredi, c’est en début de soirée, autour de 17 heures (heure de Bruxelles) que les parties au conclave ont enfin gagné la salle de réunion.

Autour de la table, on a reconnu la présence des têtes couronnées de l’Opposition. Tout le monde a répondu à l’appel d’Etienne Tshisekedi.

Que sortira-t-il de cette réunion ? La question est sur toutes les lèvres, autant à Kinshasa qu’à Bruxelles. Et Tshisekedi y a apporté quelques éléments de réponse.

« Le peuple attend de nous et nous n’avons pas droit à l’erreur des réponses claires à ses revendications de respect de la Constitution de la République et de l’alternance démocratique », a-t-il déclaré dans son discours inaugural. Il croit fermement que « cette conférence doit offrir des perspectives nouvelles et un nouvel espoir au peuple congolais ».

De l’avis de Tshisekedi, la conférence de Bruxelles est aussi une manière de consolider les fondations de la démocratie congolaise. C’est notamment lorsqu’il rappelle que « le régime républicain que notre peuple a choisi comme système de gouvernement est conventionnel, ce qui implique le respect des principes et règles convenus ». Restant intransigeant, Ya Tshitshi a encore martelé : « Nous disons encore une fois, si les élections présidentielle et législatives ne sont pas organisées dans les délais, Monsieur Kabila quitte le pouvoir ».

Comme à la table ronde de Bruxelles, il y a 56 ans « où les nationalistes congolais ont su taire leurs divergences », Etienne Tshisekedi a appelé à « un sursaut patriotique », loin de « toute étroitesse d’esprit et tout égoïsme pour ne privilégier que l’intérêt du Congo ». « Le moment est encore venu, a-t-il renchéri, où chacune et chacun de nous doit s’élever et ne voir que le Congo et le peuple qui souffre ».

Dans les chancelleries étrangères, on suit de près ce qui se discute à Bruxelles. La Majorité ne semble pas trop s’agiter. Elle est dans l’expectative – en attendant que Bruxelles livre ses secrets.

Le rassembleur

En réussissant à faire venir à Bruxelles les ténors de l’Opposition congolaise, Etienne Tshisekedi a gagné le premier round de son coup. Mais, il gagnerait davantage à faisant réellement fédérer l’Opposition autour d’un même idéal. Ce qui, à première vue, n’est pas acquis à l’avance. Les trois jours de discussions de Bruxelles sont déterminants.

Par-delà toutes les divergences de l’Opposition dans sa forme plurielle, Etienne Tshisekedi reste la clé de cette rencontre. De son attitude dépendra donc tout le reste.

A Bruxelles, tout le monde espère le voir prendre véritablement la mesure des enjeux. Car, il s’agit au bout du parcours de parvenir à l’alternance démocratique au sommet de l’Etat. Le peuple, qui a des yeux rivés sur Bruxelles, entend voir les uns et les autres, transcender leurs clivages idéologiques en mettant en avant le seul intérêt du peuple. Or, les profondes aspirations du peuple sont celles d’asseoir une vraie démocratie en RDC et d’aller aux urnes dans le strict respect des limites constitutionnelles.

Autant dire qu’à Bruxelles, tout est possible. Pourvu que Tshisekedi et les autres se démarquent sensiblement de leurs clivages internes en n’ayant pour seuil leitmotiv que le seul intérêt du peuple congolais meurtri.

Du côté de Tshisekedi, il y a déjà des signaux qui rassurent. Dans son discours inaugural, Etienne Tshisekedi est paru très conciliant. L’homme a évolué, autant dans ses méthodes que dans ses déclarations. Aussi a-t-il invité les conférenciers de Bruxelles à « un esprit d’amour, d’humilité, de fraternité et de tolérance en vue de la réussite de ces assises ».

 

Leave a comment

Your email address will not be published.


*