PLAN DE SORTIE DE CRISE EN RDC, KABILA-TSHISEKEDI : DES CONCESSIONS RÉCIPROQUES

Écrit par Le Potentiel

 A l’unanimité, la communauté internationale tient au respect de la Constitution du 18 février 2006, en même temps qu’elle s’accroche à une résolution par consensus, à travers un vrai dialogue inclusif, de la question du calendrier des scrutins et de la gestion du pays pendant «une période de transition technique». Pour y arriver, il est attendu de Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi, principaux protagonistes, des concessions réciproques.

La crise qui secoue la RDC préoccupe toutes les organisations internationales. Chacun veut apporter sa contribution à la résolution à cette crise. Tous sont d’avis qu’il faut éviter, cela dans un bref délai, que le pays ne sombre dans une instabilité aux conséquences incalculables. Ce qui est arrivé jusqu’à présent est considéré comme un pan de la catastrophe à venir.

Raison pour laquelle un calendrier de rencontres au niveau sous régional, continental et intercontinental a été déroulé. Il va se tenir le 27 octobre un sommet de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL) sur la situation de crise en RDC.  Les chefs d’Etat se rendront à Luanda autour du président Edouardo Dos Santos, à qui reviendra la latitude de pousser les Congolais à un consensus nécessaire pour sortir le pays de la crise politique liée aux conséquences de la non-tenue de la présidentielle avant le 20 décembre 2016. But : marquer l’effectivité de l’alternance prévue dans la Constitution.

Pour contourner l’interdit qui lui est fait par la loi fondamentale, le président de la République, Joseph Kabila, a initié le «dialogue national». Lequel a été  tout de suite boycotté par le « Rassemblement » que préside Etienne Tshisekedi. Cette frange de l’Opposition a pris sur elle toutes les aspirations de la population en vue de l’alternance tant attendue au terme de des deux mandats de Joseph Kabila.

A ce stade, les forces en présence se sont neutralisées par l’ampleur des défis qui restent à relever. D’une part, le dialogue est bloqué par les manifestations des 19 et 20 septembre, la répression qui s’en est suivie a tétanisé les autorités qui ne pouvaient s’imaginer pareille détermination de la part des Kinois, donnés pour des gens qui sont investis dans le quotidien à la quête de la survie. Ne dit-on pas que « le Kinois aime vivre », et que face aux armes, ils vont détaler comme des lapins ? C’est tout le contraire qui a été vécu, jusqu’à traiter les manifestants de « drogués ».

D’autre part, le « Rassemblement » est également bloqué dans ses tentatives de mettre régulièrement le peuple dans la rue alors que le dialogue peut aider à sortir de l’ornière, en faisant l’économie de sang. La Majorité ne s’est-elle pas investie dans une démarche de diabolisation accréditant la thèse selon laquelle les responsables du Rassemblement seraient des extrémistes ? C’est là toute la difficulté qui fait que le pays est, à ce jour, dans un cul-de-sac et cette situation inconfortable de deux camps qui se regardent en chiens de faïence, indique l’imminence de l’explosion.

Le plan de la CIRGL ?

Pour parer au plus pressé, avant que tout ne dégénère, la CIRGL à laquelle appartient la RDC a décidé de prendre le taureau par les cornes, selon des sources diplomatiques africaines à Kinshasa. L’organisation sous régionale a connaissance de la crise qui prévaut en RDC et croit maîtriser la meilleure manière d’y mettre un terme. Le plan qui sera dévoilé à Luanda, selon des indiscrétions, aurait fait l’objet d’analyses et d’un examen approfondi des partenaires des USA, de l’Union européenne, de l’Union africaine voire de l’ONU.

Il sera demandé au président Kabila d’accepter le principe d’un nouveau dialogue dans un format plus réduit et dans un temps relativement court. Ces nouvelles négociations sont voulues directes entre le groupe de la Cité de l’Union africaine et celui de Limete. Elles vont aider à aplanir les points de divergence déjà identifiés par le groupe d’accompagnement de la facilitation actuelle.

Comme deuxième concession, le président Kabila devra poser des actes d’apaisement, notamment garantir le respect de la Constitution dans ses dispositions verrouillées contenues dans l’article 220. Enfin, il devra consentir à ne pas jouer un rôle central pendant la période de transition qui devra être relativement courte et techniquement justifiée par des contraintes logistiques réelles liées au processus électoral. Selon les mêmes sources, cette transition ne devra pas dépasser 18 mois pour être politiquement et diplomatiquement soutenable, sans heurter la susceptibilité du peuple congolais.

Au Rassemblement, il sera « imposé par  consensus » d’accepter que le président Kabila reste au pouvoir pendant cette « période spéciale » suivant le principe de la continuité de l’Etat, mais que le gouvernement aura tous les pouvoirs pour gérer la République, en collaboration étroite avec le chef de l’Etat.

La deuxième concession qui sera faite au Rassemblement est de ne pas remettre à plat tout ce qui s’est fait à la Cité de l’UA et d’accepter la médiation qui sera décidée par l’Union africaine. La source confirme que ce sera « absolument » un membre de cette organisation sous-régionale qui aura la charge de la conduire. Et le nom du président Denis Sassou est régulièrement cité pour remplir cette tâche. L’Angolais Dos Santos n’y verrait pas d’inconvénient, précise la source diplomatique africaine.

A la communauté internationale, il sera demandé de garder plus de neutralité afin d’éviter d’attiser davantage le feu qui couve. Mais, un appel lui sera lancé pour qu’un soutien financier et logistique réel soit apporté à la Céni. De même qu’un accompagnement pour la bonne exécution des résolutions  qui seront prises lors des pourparlers à venir.

Ces positions seront examinées avec « minutie », a déclaré un membre de la Majorité présidentielle qui a, par la suite, précisé que « tout ce qui a trait à la souveraineté ne sera pas accepté ». Au Rassemblement, la même attitude est observée. Personne ne remet en cause pareille initiative, mais tous sont unanimes que rien qui énerve le pacte républicain de Sun City ne sera toléré. Le Rassemblement veillera à la bonne exécution de la Résolution 2277 de l’ONU pour faire aboutir dans la paix le processus actuel.

A tout prendre, il apparaît clairement que la CIRGL pourra débloquer la situation actuelle. La diplomatie africaine qui a pris en main le dossier RD Congo joue ainsi sa crédibilité.

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