Un souverainisme esclavagiste au Congo-Kinshasa

Souvent, le recours au  »souverainisme » fait par les thuriféraires et les tambourinaires de  »la kabilie » est un enfumage. A quoi sert-il ? Au refus de tout débat sur la nature prédatrice et esclavagiste qu’ils servent, main dans la main avec  »leurs maîtres » au travers un lobbying permanent. Cet enfumage soutenu par  »les sanctions US ou UE » participe de la théâtralisation de  »l’après politique » congolais. Il fait le lit du carriérisme des  »affairistes » au service du capitalisme ensauvagé au Congo-Kinshasa.
Les thuriféraires et tambourinaires de  »la kabilie » ne cessent d’évoquer  »la souveraineté » du Congo-Kinshasa. Quand  »leurs maîtres » les sanctionnent, ils recourent à cette notion politique pour justifier leur affairisme dans un contexte du marché ultralibéral mondialisé auquel il participe. De plus en plus, ils évoquent aussi  »les valeurs du Bomoto » dans un pays où leurs pratiques affairistes ont réduit des pans entiers des Congolais(es) au rang des  »indigents ».
Ils déploient beaucoup d’efforts pour  »cacher l’histoire » de leur accès  »aux affaires » comme  »nouveaux prédateurs » ayant comme mission première l’ouverture du pays au capitalisme ensauvagé. Plus de deux décennies après, ils font semblant d’avoir rompu avec  »les chasseurs de matières premières » pour se livrer à la politique ; à une politique garantissant au Congo-Kinshasa d’être  »souverain ». Ils le font, fort du soutien de  »leur autorité amorale » ayant fermé l’espace public au pluralisme politique réel et ayant fait de  »l’achat des consciences » la marque de fabrique de son affairisme. Ces  »consciences achetées » envahissent les réseaux sociaux et s’adonnent à la vidéosphère pour vanter  »les mérites » et  »les exploits » de leur  »acheteur ». Ce beau moyen de procéder leur évite des débats sur  »le système kleptocratique » auquel ils participent, de près ou de loin. Panamas Papers, la centaine de permis miniers et la septantaine de sociétés appartenant à leur  »autorité amorale » et sa fratrie passent, dans leurs milieux pour des sujets tabous. Il en va aussi ainsi de la multiplication des fosses communes dans presque toutes les provinces du pays.
Dans ce contexte d’un  »Etat raté kleptocratique », parler de  »souveraineté » nous semble être un abus de langage ou plutôt  »un inversion sémantique ». Pourquoi ?
 »Etre souverain, c’est avoir la capacité de décider » (J. Sapir, 2016). Le processus décisionnel présuppose que la liberté d’expression et de manifestation puisse être garantie. Il présuppose qu’un peuple libre participe au débat, à la délibération et aux décisions sur la res publica. Un peuple libre dans sa diversité et non un peuple d’esclaves pris en otage par une poignée de tambourinaires et de thuriféraires d’affairistes. Un peuple acceptant la légalité et la légitimité de l’autorité politique qu’il se donne librement au travers d’une histoire des luttes et des conflits (non-meurtriers) conduisant aux compromis (provisoires) indispensables au politique, à l’organisation harmonieux du  »vivre ensemble ».
Disons que la capacité de décider du peuple suppose qu’il soit nourri d’une bonne culture politique, fruit de ses luttes et de ses résistances ; mais aussi d’une éducation et formation citoyennes permanentes, continues. Dans cette perspective, le débat citoyen permanent peut aussi être un lieu d’apprentissage (et désapprentissage) en commun.
Au Congo-Kinshasa actuel, l’espace public est verrouillé. Les lieux d’apprentissage en commun sont quasi-inexistants. L’homme y est nié comme  »animal politique ». La prise libre de la parole lui est déniée ; à quelques exceptions près. Et là où cela est possible, elle beaucoup plus  »affairiste » que politique. Ou elle est mise au service de la flatterie et/ou du servilisme.
Dans ce contexte de répression, d’oppression et d’assujettissement permanents où les affaires avec la Banque mondiale et la Fonds monétaire se portent bien ; où tous  »les acteurs politiques » ne jurent que par la vente des terres congolaises et par  »l’amélioration du climat des affaires », parler de  »souveraineté », c’est un mensonge éhonté. Souvent, le recours au  »souverainisme » fait par les thuriféraires et les tambourinaires de  »la kabilie » est un enfumage. A quoi sert-il ? Au refus de tout débat sur la nature prédatrice et esclavagiste qu’ils servent, main dans la main avec  »leurs maîtres » au travers un lobbying permanent. Cet enfumage soutenu par  »les sanctions US ou UE » participe de la théâtralisation de  »l’après politique » congolais. Il fait le lit du carriérisme des  »affairistes » au service du capitalisme ensauvagé au Congo-Kinshasa.
Le looso, le kinzonzi et les massabakanyi, cette palabre congolaise consacrée par la diversité de nos traditions culturelles, devrait venir au secours des Congolais(es) appauvri(e)s anthropologiquement par ce carriérisme des  »affairistes », ces  »bena tshididi » (des donneurs des coups tordus en politique),afin que  »le vivre ensemble » soit réellement fondée sur une souveraineté digne de ce nom.
Demain, un mouvement civico-écologique congolais devrait, à partir de nos cultures, procéder au dépoussiérage de la pensée politique congolaise et participer ainsi vigoureusement à la lutte contre  »la régression néolibérale » à laquelle participent actuellement  »les carriéristes affairistes » de gauche ou de droite au pays de Lumumba.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

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