Assemblée nationale du Québec et motion sur ‘’le génocide Congolais’’

assemblée nationale du quebec
Ayant suivi sur YouTube la motion des députés Québécois[1] sur ‘’le génocide congolais’’, nous avons décidé d’en savoir un peu plus en écrivant à un ami, Bernard Desgagné, journaliste Québécois et auteur de plusieurs articles sur le Congo-Kinshasa et la Côte d’Ivoire.

 
Voici notre petit message :
 « Bien cher Bernard,
Le 05 juin, nous avons suivi la motion des députés de l’assemblée nationale du Québec sur les massacres commis au Congo-Kinshasa. Personnellement, j’aurais souhaité avoir votre commentaire là-dessus.
Qu’est-ce qui serait à la base de cette motion? Que pouvons-nous, nous Congolais, attendre de cette Assemblée?
Bien à vous. »
Et quelque temps après, Bernard Desgagné nous répondait  et acceptait que notre échange soit mis sur la place publique. Voici sa réponse :
 
« Salut Jean-Pierre,
Je n’avais pas entendu parler de cette motion avant de lire votre courriel. Je vous remercie d’avoir attiré mon attention sur ce point. Je vais prendre quelques minutes pour écrire un mot aux députées qui sont intervenues dans le débat sur cette motion, dont l’auteure semble avoir été la députée Carole Poirier, du Parti Québécois. Elle semble par ailleurs avoir été inspirée par la communauté congolaise du Québec. Je vous ferai parvenir le courriel que j’enverrai à ces députés.
Comme vous le savez, le Québec ne possède malheureusement qu’une moitié d’État, puisqu’il fait partie de la fédération canadienne, une monarchie constitutionnelle, en fait, dont le souverain est Elizabeth II, reine d’Angleterre et du Canada. Le Québec n’a donc que des pouvoirs et des moyens limités en matière de relations internationales même s’il rayonne passablement dans la francophonie. Le Québec n’est pas présent à l’ONU. La motion adoptée à l’Assemblée nationale a donc plutôt valeur de symbole.
Néanmoins, le Parti Québécois, de Mme Poirier, le parti Québec Solidaire, de Mme David, ainsi que d’autres partis politiques non représentés à l’Assemblée nationale, ont comme projet de réaliser l’indépendance du Québec, donc de faire du Québec un pays à part entière, membre des Nations Unies. Pour les Africains, je pense que l’arrivée, sur la scène internationale, d’un nouvel État issu du G7 n’ayant aucun passé colonial, mais ayant été plutôt colonisé lui-même, serait une bonne chose. J’invite toujours mes amis québécois d’origine africaine à adhérer au projet indépendantiste québécois, qui est démocratique et qui va dans le sens de leurs intérêts.
Donc, je vous transmets sous peu mon courriel aux députées concernées. Mes salutations les plus cordiales. »
Et voici le courriel adressé aux députées. Il est riche en son contenu historique :
« Madame Carole Poirier, députée du Parti Québécois
Madame Françoise David, députée de Québec solidaire
Madame Nathalie Roy, députée de la Coalition avenir Québec
Madame Christine St-Pierre, députée du Parti libéral du Québec et ministre des Relations internationales et de la Francophonie
Mesdames,
J’ai pris connaissance de la motion que vous avez présentée conjointement à l’Assemblée nationale du Québec, le 5 juin 2015, concernant la violence dont est victime la population de la République démocratique du Congo (RDC). Je tiens à vous écrire pour vous en féliciter et pour attirer votre attention sur la cause fondamentale de cette violence. J’ose espérer que l’information que je vous donnerai alimentera votre réflexion et vous incitera à poursuivre votre démarche dans ce dossier, qui est une tache inqualifiable sur la conscience de l’humanité.
Comme l’a bien souligné Mme Poirier, la violence en RDC dure depuis 1996 et semble être sans fin. Beaucoup de motions ont déjà été adoptées par des assemblées législatives, un peu partout dans le monde, pour condamner cette violence. Malheureusement, en plus de n’avoir que valeur de symbole et de ne jamais être accompagnées de moyens efficaces, ces motions passent très souvent à côté de l’origine réelle de la violence.
Vous n’avez mentionné, dans votre débat, ni le Rwanda ni le dictateur Paul Kagame. Or, c’est bien ce pays et ce tyran qui sont les causes directes des souffrances des Congolais. Ce sont essentiellement les Congolais vivant à l’Est de leur pays, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, près de la frontière rwandaise, qui souffrent le plus. Comment juguler un mal si on n’est même pas capable de le nommer?
Le régime de M. Kagame est financé et armé depuis longtemps par certains membres de la communauté internationale, notamment les États-Unis, et il jouit d’un soutien indéfectible à Ottawa. Les impôts que les Québécois paient à Ottawa ont servi à aider M. Kagame. De plus, le président de la RDC, M. Joseph Kabila, dont le père, Laurent-Désiré Kabila, a renversé Mobutu et pris le pouvoir grâce à l’Armée patriotique rwandaise de Kagame, est lui-même complice du Rwanda et de Kagame. Il a même déjà combattu au sein de l’Armée patriotique rwandaise, sous les ordres de James Kabarebe, chef d’état-major de cette armée et grand criminel de guerre avéré.
Il est donc évident que la filière rwandaise devrait être incontournable lorsqu’on parle des souffrances du peuple congolais. Pourtant, les élus occidentaux sont en général d’une timidité maladive à ce sujet. On sent les pressions du Département d’État qui s’exercent sur eux directement ou indirectement, par l’entremise de diverses ONG faussement humanitaires et faussement impartiales, qui ont pour vocation de brouiller les cartes et de brosser un tableau peu flatteur des Congolais eux-mêmes. Pourquoi? Sans doute pour protéger le vrai responsable de la barbarie et ses complices assassins et violeurs, qui font partie de la stratégie de pillage et d’asservissement de l’Est de la RDC, une région immensément riche de l’Afrique, comme le souligne bien Mme David dans son intervention du 5 juin.
Ainsi, les centaines de reportages abondamment diffusés par les médias au fil des ans ont réussi à faire des hommes congolais les champions mondiaux du viol et de leur pays, une terre de barbares. Pendant ce temps, aucun député occidental n’ose prononcer le nom de Paul Kagame. J’ai fait une petite recherche, et le nom de Kagame n’apparait qu’une fois, de manière strictement anodine, dans les débats de la Chambre des communes, à Ottawa, depuis 1986, tandis qu’il y a été très souvent question de la RDC. Est-ce normal?
Il ne suffit pas de regretter la violence et de pleurer les souffrances. Il ne suffit pas de pointer du doigt les sociétés minières qui profitent de la situation. Il faut avoir le courage de nommer les criminels même s’ils se servent du génocide rwandais comme fonds de commerce. M. Kagame se targue d’avoir «arrêté le génocide» au Rwanda, en 1994, mais cette version des faits est éminemment contestable. Au contraire, il a été le principal instigateur des massacres au Rwanda, et l’histoire convenue du génocide rwandais, que l’on relaie encore sans cesse dans les milieux politiques et médiatiques canadiens, avec un manque de rigueur scandaleux, sert à dissimuler la vérité et l’origine réelle de ce que vous avez voulu dénoncer le 5 juin.
Chaque fois que M. Kagame se propose, avec l’aide de ses parrains occidentaux, principalement à Washington, Londres, Ottawa et Bruxelles, de déclencher une nouvelle vague de violence en RDC, il la déguise en guerre contre les «génocidaires». Avec la bénédiction de certains fonctionnaires onusiens corrompus, il prétend devoir traquer les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Depuis 1994, les FDLR se cacheraient à l’Est de la RDC et y sèmeraient la terreur. Cette légende des méchants génocidaires hutus qui séviraient encore et qui seraient inexpugnables — avec quels mystérieux appuis financiers et militaires, je vous le demande — sert de prétexte pour faire la guerre et s’emparer des richesses de la RDC, comme le coltan qui est largement exporté par Kigali alors qu’il n’y en a pas une once au Rwanda.
Kagame se sert aussi des FDLR comme prétexte pour arrêter et emprisonner ses opposants politiques, notamment Victoire Ingabire, une mère de famille qui, avec un esprit de sacrifice admirable, a quitté le confort des Pays-Bas pour tenter de se présenter à l’élection présidentielle de 2010, au Rwanda, mais croupit depuis lors, le crâne rasé, dans les geôles du despote Kagame, après un long procès truqué.
Comme je sais que votre temps est précieux, je n’en abuserai pas et je vous recommande en terminant les trois reportages ou documentaires ci-dessous, qui vous montreront que je n’invente rien.
Je vous prie de recevoir mes salutations les plus cordiales et je vous remercie encore de vous intéresser au sort peu enviable de nos soeurs et nos frères congolais ainsi qu’à l’Afrique en général, qui a bien besoin que le Québec parle davantage en son nom sur la scène internationale, pour y faire entendre autre chose qu’une dialectique humanitaire symbolique servant de façade et occultant les causes des pires atrocités. »
Bernard mets à la dispositions des députées, des reportages et des documentaires à voir sur ‘’le génocide congolais’’
Reportages ou documentaires à voir
Rwanda’s Untold Story (avec sous-titrage français)
Documentaire de la BBC diffusée en 2014, qui remet fondamentalement en question l’histoire convenue du génocide rwandais, avec beaucoup de témoignages percutants. Depuis ce reportage, Émile Gafirita, l’un des trois membres du FPR qui transportèrent depuis l’Ouganda jusqu’à Kigali les missiles ayant servi à abattre l’avion du président Habyarimana, le 6 avril 1994, a été enlevé à Nairobi. Son enlèvement a eu lieu le 13 novembre 2014, alors qu’il devait témoigner devant le juge d’instruction français Marc Trévidic. M. Gafirita n’est pas réapparu depuis. Son nom et le lieu exact où il se trouvait ont été obtenus par l’avocat français du FPR et communiqués à Kagali, où les autorités rwandaises ont vraisemblablement fait le nécessaire pour faire taire ce témoin gênant.
Reportage poignant du journaliste étasunien Jim Wooten, du réseau ABC, à Goma, au Zaïre, en 1994. On y voit le désespoir et la souffrance du million et demi de réfugiés rwandais décharnés tentant d’échapper aux massacres perpétrés par l’Armée patriotique rwandaise (APR), de Paul Kagame. Les enfants orphelins crèvent dans la rue. Des montagnes de cadavres sont déversées chaque jour en bordure des camps. En 1996, l’APR, dirigée par James Kabarebe, bombardera les camps de réfugiés de la région de Goma, sous prétexte d’y traquer les «génocidaires».
Puis, en 1996 et 1997, l’APR poursuivra les réfugiés sur des centaines de kilomètres dans les forêts du Zaïre, en massacrant des centaines de milliers. Un rapport de l’ONU publié en 2010 atteste la présence d’innombrables fosses communes entre Goma et Kisangani et qualifie l’œuvre des tueurs aux ordres de Kagame de «génocide». Un Québécois, Pierre-Claver Ndacyayisenga, faisait partie des réfugiés hutus en fuite. Il a raconté son incroyable périple dans un livre intitulé Voyage à travers la mort (VLB, 2012).
Reportage de Patrick Forestier diffusé le 15 novembre 2008 nous montrant le sort des Congolais du Nord-Kivu victimes des assassins aux ordres de Laurent Nkunda, un homme de main de Paul Kagame qui coule aujourd’hui des jours tranquilles au Rwanda. Derrière les beaux discours de Nkunda se cache la vraie nature de cet homme et de son patron, que Patrick Forestier nous fait voir au grand jour. C’est l’un des rares reportages qui révèlent sans l’ombre d’un doute qui sont les vrais auteurs de la violence sévissant en RDC depuis 1996.
Aujourd’hui, dans les médias canadiens, on persiste à présenter Paul Kagame comme un chef d’État légitime et comme l’homme qui a «arrêté» le génocide des Tutsis. Jamais aucun document audiovisuel n’a montré les prétendus «génocidaires hutus» à l’œuvre, en train de perpétrer des massacres de masse. En revanche, des documentaires et des reportages comme ceux de Jim Wooten et de Patrick Forestier retracent clairement l’œuvre des génocidaires de Kagame, en pleine tuerie. C’est Paul Kagame qui a commencé la guerre en attaquant le Rwanda depuis l’Ouganda, en 1990. C’est lui qui tuait encore en 2008, par l’entremise de Nkunda. Et c’est lui qui poursuit les massacres aujourd’hui, dans l’Est de la RDC, avec la protection de certaines grandes puissances et d’Ottawa, qui ne font strictement rien pour le dénoncer.
Dès que notre ami aura la réponse des députées, nous la mettrons  sur la place publique. Il nous semble nécessaire de savoir que nous ne sommes pas seuls dans la lutte que nous menons contre ‘’le génocide congolais’’ et pour ‘’un autre Congo’’. Nous avons des alliés.
Mbelu Babanya Kabudi
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Ayant suivi sur YouTube la motion des députés Québécois[1]

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