Avoir une bibliothèque ou aller à la bibliothèque. L’avenir du Congo-Kinshasa en dépend

Il me semble important d’avoir toujours des livres à portée de sa main. Reprendre les livres déjà lus à deux ou trois reprises peut apporter une lumière neuve sur certaines questions. Un exemple. Je viens de me livrer à une lecture croisée, sur  »l’histoire commune » de la Belgique et du Congo-Kinshasa, de cinq livres :  »Secret d’Etat. Le livre des Belges zaïrianisés » de Vincent Delannoy et Olivier Willocx,  »Les sombres histoires de l’histoire de Belgique » d’Alain Libert,  »Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise » de Charles Onana,  »Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » et  »Noires fureurs, blancs menteurs » de Pierre Péan.

Je me rends compte que ces livres dégagent quelques constantes au sujet de certaines questions liées à nos deux pays. Ils aident à avoir une vue historique d’ensemble, d’identifier le mode opératoire de certains acteurs sociopolitiques et économiques et celui de  »leurs partenaires » nationaux et/ou internationaux.

Je me rends davantage compte que la décolonisation et la dénéocolonisation des imaginaires passent par le livre et la culture. Plusieurs acteurs sociopolitiques et/ou  »leurs descendances » sont cités. Leurs contradicteurs de gauche ou de droite, aussi. Les disputes internes et leurs conséquences externes peuvent être lues.

Je me rends compte que sur les questions sociales, politiques ou historiques concernant nos deux pays et cela depuis plusieurs années, tous les Belges et tous les Congolais n’émettent pas sur une même longueur d’ondes. Cette vérité basique peut être vérifiée au niveau institutionnelle. Il arrive que les voix discordantes soient minoritaires (ou minorées) au Sénat ou au Parlement. Cela est aussi vrai.

Un exemple parmi tant d’autres. Le débat au Sénat Belge sur la question de la guerre des Grands Lacs tel que Charles Onana l’étudie dans son livre susmentionné illustre cette hypothèse.

De toutes les façons, je suis d’avis qu’il y a toujours, d’un côté comme de l’autre, des humains épris de justice, de vérité et d’équité. Il y en a qui en paie le prix fort. Mais ils existent.

Avoir une bibliothèque ou aller régulièrement à la bibliothèque peut garder de certaines généralisations abusives. Cela peut aider à acquérir un niveau suffisant de discernement, de critique et d’auto-critique. Cela peut aider à  »politiser l’intelligence ».

Il y a quelques jours, j’ai appris que Ludo De Witte, un Belge, a cédé une bonne partie de ses livres à la Bibliothèque Patrice Lumumba (BPL). Cette BPL devenue une ASBL congolo-belge est sous la direction d’un Belge amoureux du Congo-Kinshasa. Décoloniser et dénéocoloniser les imaginaires est possible dans un contexte interculturelle promue et acceptée mutuellement par  »les minorités organisées », adeptes des mémoires collectives éveillées.

L’entrelacement entre le culturel, le religieux et le politique (cfr R. GORI) implique une grande ouverture à la bibliothèque sous ses différentes formes pour impulser des nouvelles formes de vie communes  »Les monstres nihilistes » ont besoin des idoles, de la violence sacrificielle et de la mort. Les créateurs d’une autre humanité ont fondamentalement besoin de la culture. D’une culture humanisante et humaniste. Cela d’autant plus que la violence sacrificielle peut être un symptôme d’une crise individuelle, collective et même civilisationnelle. Elle peut relever de la psychopathie, de la schizophrénie, de la paranoïa ou d’une crise de sens.

Avoir une bibliothèque et la revisiter peut être un plaisir énorme du point de vue de l’apprentissage, de l’éducation et de la formation permanents.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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