Des criminels kidnappeurs arrêtés à Kinshasa

Plusieurs criminels kidnappeurs arrêtés à Kinshasa hier, lundi, 2023. Ils enlèvent leurs compatriotes, les tuent et s’emparent de certains de leurs organes pour le marché. Ils ont des taxis, des motos, des fusils et des machettes dont ils se servent pour accomplir leur sale besogne.

De quoi sont-ils le signe ? Il se pourraient qu’ils disent l’ensauvagement dans lequel une bonne partie de notre jeunesse a plongé au cours d’une guerre qui se veut perpétuelle. Au cours de cette guerre le nihilisme s’est emparé de plusieurs coeurs et de plusieurs esprits. Ayant perdu toute boussole éthique, ils ont sombré dans la cupidité et la convoitise.

Ces criminels peuvent aussi être les révélateurs da la pauvreté de l’esprit d’un système néocolonial et néolibéral ayant fait de la marchandisation de tout sa fin. Donc, ces jeunes et ces adultes criminels disent la régression anthropologique à laquelle conduit ce système produisant un  »monde sans esprit ».

Les arrêter, c’est déjà un bon début. Les juger (et les sanctionner) serait bon pour éviter la récidive à laquelle conduit l’impunité. Néanmoins, cela ne suffirait pas pour redonner  »un nouvel esprit » au pays.  »Le nouvel esprit » relève du domaine éthique et spirituel. Ethique dans le sens d’indiquer collectivement les limites ne devant pas être dépassées en société pour faire de la place à autrui et à la vie.

( »Tu ne tueras pas »  »Tu ne voleras pas  » et  »Tu ne convoiteras pas » sont de bons exemples dans ce sens.). Le spirituel intervient comme promotion du triple lien à entretenir entre l’humain et son Créateur (et /ou les Forces de la Vie), entre l’humain et les autres, et entre l’humain et lui-même. Refonder cette triple dimension du  »biso », du  »nous collectif » sur les marqueurs de l’humain, sur les valeurs de la vérité, de la justice et de la solidarité, est indispensable à un devenir collectifs différent.

Enraciner l’humain kongolais individuellement et collectivement en ces marqueurs d’une humanité vivante est une tâche à assumer en famille, à l’église, à l’école, à l’université et dans les collectifs citoyens épris du souci du triomphe des forces de la vie sur celles de la mort.

L’exemplarité peut être d’une aide certaine. Arrêter et juger les  »kuluna » en cravate et les autres  »frappeurs », agents et artisans de la guerre perpétuelle et de l’injustice sociale, organiser une justice transitionnelle au pays peuvent être des actions salutaires .

Tant que les  »négriers des temps » modernes participeront du système de l’avilissement collectif par la marchandisation de la vie au su et au vu de tous, l’arrestation de  »petits kuluna  » risque de n’être qu’une goûte d’eau dans l’océan de l’appauvrissement anthropologique kongolais. Le problème est beaucoup plus profond. Il est celui de la perte collective du  »bomoto », du  »bumuntu » aux dépens des  »choses », des  » bintu ». Il est celui de la crétinisation collective , de la bêtise ayant gagné du terrain là où l’intelligence collective a déserté. L’hégémonie culturelle néolibérale a fini par avoir raison de certaines cultures et traditions kongolaises promouvant la vie et conjurant la mort en créant des conditions de justice et de solidarité indispensables à cela.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

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