Finances publiques : l’ODEP et le GAT présentent les priorités au gouvernement Ilunga

Le Phare

 « La première priorité du nouveau gouvernement : réhabiliter et renforcer les fonctions clés du processus de Planification, Programmation, Budgétisation et Suivi – Evaluation au sein de notre moribonde administration ». Telle est l’intitulé d’une étude  menée par  l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) et le Groupe d’Actions de la Société Civile pour la Promotion de la transparence et la participation citoyenne aux Finances Publiques (GAT/OCAP), dans le cadre des activités liées au contrôle citoyen de l’action publique. Les auteurs sont le professeur Florimond Muteba Tshitenge (PCA de l’ODEP) et Maître Jean-Marie ELEY (Secrétaire général de GAT/OCAP). La publication est intervenue la soirée de  jeudi 29 août 2019. Axée sur la gestion les finances publiques en République Démocratique du Congo, cette dernière fait l’objet d’une analyse qui couvre la période allant du régime du Président Mobutu jusqu’à celui de Joseph Kabila.

 

Cette étude a pour objectif principal de mettre à la disposition du 1er ministre et son gouvernement de bonnes pratiques de gestion. Car, le président de la République, Félix Antoine  Tshilombo, est déterminé à apporter un vent nouveau à la gestion finances publiques avec comme devise. ‘’Le peuple d’abord’’. La société civile estime que la formation de gouvernement Sylvestre Ilunga Ilukamba, étant donné qu’il est le tout premier pour ce régime du changement, doit tout mettre en œuvre pour faire des finances publiques le moteur du développement.

En effet, l’ODEP et GAT ont, au travers cette étude, identifié des dysfonctionnements, qui ont fortement marqué l’exécution du Budget de l’Etat en général, et du Budget d’investissement en particulier, durant plusieurs années. En abordant le sujet sur la programmation et l’exécution des investissements publics, l’’ODEP et du GAT constatent que l’un des principaux problèmes qui continue de se poser en RDC est la faiblesse de la gestion économique, aussi bien au niveau de la prise de décisions qu’à celui de l’exécution. Ainsi, la gestion du développement de manière générale, et la gestion de l’économie et des finances publiques en particulier, sont handicapées par un certain nombre de contraintes qui se manifestent au quadruple niveau de la conception, formulation, la mise en œuvre et le suivi des politiques et programmes macroéconomiques et sectoriels ;  la mobilisation des recettes et des ressources intérieures et extérieures ; la programmation des dépenses publiques, l’affectation et le contrôle des dépenses publiques.

Toujours dans ce chapitre, la société civile s’est référée au régime Mobutu, où elle constate que la programmation et l’exécution des investissements publics en RDC se heurtaient à de sérieuses difficultés, à savoir la mauvaise identification et préparation des projets ; la prolifération des projets immatures; les ingérences politiques excessives dans la sélection et le financement des projets ; la faiblesse de la gestion et de la supervision ; la coordination insuffisante entre les bureaux des projets, les financiers et les usagers, provoquant gaspillage double emploi et mauvais choix en matière d’équipements.

Face à ce qui précède, la société civile estime que le pays fait une programmation qui n’apporte aucun développement pro-pauvre. Raison pour laquelle, l’étude de l’ODEP et du GAT dresse un tableau sombre d’une série de programmes d’investissements élaborés dans le contexte de divers documents de politique économique à moyen terme, dont les effets positifs restent limités : le « Plan Mobutu » de 1979 ; le Programme intérimaire de réhabilitation économique » de 1983 – 85 ; le « Premier plan quinquennal de développement économique et social » de 1986 – 90 et les « Documents – cadres de politique économique » pour 1988 – 91 et 1989 – 92.  Suite aux bouleversements politiques et militaires et à la suspension de l’aide structurelle, le processus de planification n’a repris qu’à partir de 1997 avec le « Programme Triennal Minimum » qui était reconduit chaque année après actualisation jusqu’à l’élaboration du « Programme Intérimaire Renforcé » de 2001.

La mise en œuvre de ces programmes a apporté une croissance certes, mais une croissance non inclusive, non pro-pauvre, sans impact sur le vécu quotidien de la grande majorité de la population. Une croissance pour une élite très minoritaire, note l’ODEP et le GAT. Par ailleurs, il n’y a pas eu de volonté politique suffisante pour améliorer véritablement l’allocation des investissements publics.

 

Que doit faire le gouvernement Ilunga ?

       Pour palier  cette situation, l’ODEP et GAT pensent que le Premier Ministre Silvestre Ilunga doit prioriser la réhabilitation des fonctions clés du processus de Planification, Programmation, Budgétisation et Suivi-Evaluation au sein de l’administration, en faisant la relecture du  Plan National Stratégique de Développement (PNSD).

Il est plus qu’opportun de lancer la préparation de prochains cadres programmatiques, fédérateurs de toutes les interventions de développement. D’où, la nécessité d’avoir : le « Plan National Stratégique de Développement » avec une extension en provinces « PQ 2017-2021 ».

 

Perspectives d’avenir

            « Seul le renforcement des capacités matérielles et humaines des structures pérennes pourrait permettre d’amorcer le processus de retour à une situation normale d’une administration réhabilitée dans son rôle de colonne vertébrale de toute la dynamique de la gestion publique du développement.

Dans l’ordre des priorités, si le gouvernement ne veut pas naviguer à vue, c’est là son véritable premier chantier.

A titre illustratif, ces deux organisations de la société civile préconisent, une remise en cause de la stratégie de développement agricole basée sur le développement du grand capitalisme agricole, à travers des parcs agro-industriels et la marginalisation de la paysannerie. Ces PARCS produiront au mieux une croissance non inclusive et non pro-pauvres mais une croissance pour l’élite.

Dorcas NSOMUE

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