Le 26 novembre 2011, la police politique de  ‘’la kabilie’’ tirait sur les Congolais(es)

tirs sur la populationPlusieurs dates au cours d’une année civile devraient retenir l’attention du peuple congolais. Il serait souhaitable que les Congolais(es) possèdent un calendrier pouvant les aider à entretenir leur mémoire collective  et éviter de tomber dans l’amnésie. Pendant que plusieurs compatriotes se préparent à participer au ‘’dialogue pour les élections libres, transparentes, démocratiques et apaisées’’, il se pourrait qu’ils aient oublié que le 26 novembre 2011, ‘’la police politique de la kabilie’’ tirait  sur  les nôtres à belles réelles. La magie des  Nouvelles Technologiques  de l’Information et de la Communication  nous ont aidés à conserver les images. Comment en sommes-nous arrivés là ?  N’aurions-nous pas banalisé la vie et la mort, bafouer la dignité humaine au nom de l’argent, des postes ministériels et de la servitude volontaire ? La paix et la démocratie seraient-elles possible sans un minimum de justice ?
 
 La paix et la démocratie ne peuvent pas être bâties sans la justice. Depuis le début de la guerre que ‘’les maîtres du monde’’ mènent contre les Congolais(es) à travers des proxys rwando-burundo-ougando-congolais interposés, la justice est la chose dont nous parlons de moins en moins.  Parler des  crimes de certains responsables (ou irresponsables) de certaines institutions congolaises ou des mercenaires les ayant infiltrées semble être proscrit.  Il y a là comme ‘’un déni permanent’’ des crimes des oligarques et autres élites compradores  tuant, violant, violentant  les Congolais(es) et favorisant le pillage de ses ressources du sol et du sous-sol.  Curieusement, quand la violation de la Constitution est souvent évoquée, elle l’est en fonction de ses principes liés   aux élections et aux mandats  électifs.  Plusieurs partis politiques estiment par exemple qu’il est plus du devoir citoyen des Congolais(es) de descendre dans la rue  si l’article 70 de la Constitution est violée que si celui  soutenant que ‘’la vie humaine est sacrée’’ l’est.  Un autre fait curieux. Depuis le hold up électoral de 2011, plusieurs partis politiques congolais n’ont fait que parler des élections (jusqu’à ce jour).
Rares sont ceux qui font encore allusion  aux massacres qu’il y a eu à l’aéroport de Ndjili le 26 novembre 2011[1]. Rares sont aussi ces partis politiques qui parlent des  ces plus de 400 corps enterrés dans une fausse commune à Maluku.
Une année avant les élections de 2011, un rapport des experts de l’ONU, le rapport mapping, a été publié. Il y avait été proposé la création des tribunaux mixtes pour juger les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et d’autres actes pouvant être assimilés au génocide commis sur le sol congolais de 1993 à 2003. Jusqu’à ce jour, rien n’est fait dans ce sens.   La création de ces tribunaux ne figure presque pas dans certaines recommandations formulées par les partis politiques, candidats au ‘’dialogue pour les élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées’’. Certains bourreaux impliqués dans ces crimes sont sollicités comme pompiers  avant  ces ‘’élections-pièges-à-cons’’.
Bien avant le rapport mapping, il avait été prévu la création d’une Commission Vérité et Réconciliation (que  nous souhaitons dénommer Commission Justice, Vérité et Réconciliation).  Elle  a connu un début de création, mais elle n’a jamais fonctionné.
Comment, dans ce contexte de plusieurs rendez-vous manqués avec la justice, croire que la paix et l’apaisement, la démocratie et la véritable liberté peuvent être garantis ?
Il se pourrait que  le déni des crimes des oligarques soit liés  au fait que plusieurs d’entre eux ont infiltrés les  institutions congolaises.  Ils ne peuvent pas   couper la branche sur laquelle ils sont assis. Il se pourrait aussi que le déni des crimes des ‘’chefs’’ soit un produit du viol de notre imaginaire collectif au sujet de ce que nous en avons comme approche.  ‘’Les chefs’’ seraient, dans notre imaginaire collectif, des citoyens pas comme les autres. Malgré le fait qu’ils jurent, avant leur entrée en fonction, de respecter et de faire respecter  les règles du vivre-ensemble, ils peuvent les violer impunément. Cela d’autant plus qu’ils ne font presque pas de reddition des comptes sur   leur  manière de gouverner.
Il se pourrait enfin que cela soit lié au fait que le Congo-Kinshasa est un ‘’Etat failli’’, un ‘’Etat manqué’’ au service des nouveaux prédateurs, des oligarques d’argent et des ‘’nouveaux cercles de pouvoir’’ dominant  la justice et la politique internationales[2].
Si ce pays devient un véritable Etat de droit mené par un leadership visionnaire et  patriote, il pourra revenir sur ces crimes  et en juger les responsables.
En attendant, il serait souhaitable de créer des lieux de l’entretien de la mémoire collective par respect pour les victimes  de cette guerre raciste, néocoloniale et impérialiste menée contre le Congo-Kinshasa. Plus de 6000.000 de morts, sans monument, sans place du souvenir, sans commémoration collective annuelle à travers toutes les provinces du pays, c’est une honte ! Mais aussi un signe à déchiffrer : depuis plusieurs années, au cœur  de l’Afrique, dans le chef de plusieurs compatriotes et autres ‘’nègres de service’’, la vie et la mort ont été banalisées. La dignité humaine y est bafouée au nom de l’argent, de postes ministériels ou de l’esclavage volontaire.
 
Mbelu Babanya Kabudi


[2] Lire F. HARTMANN, Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales, Paris, Flammarion, 2007. Lire aussi J.-L. IZAMBERT,  Crimes sans châtiment, Paris, 20 cœurs, 2012.

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