Robert Menendez dénude Paul Kagame. Muan’a Kongo Keba…

« Timeo Danaos et dona ferentes » Virgile

Finalement, un secret de Polichinelle est mis sur la place publique après plus de deux décennies et plusieurs millions de morts : Paul Kagame est le déstabilisateur du Kongo-Kinshasa ; il bénéficie de l’aide de son parrain US. Donc, « depuis le génocide au Rwanda au milieu des années 90, alors que le démocrate Bill Clinton gérait son premier mandat à la Maison-Blanche, les États-Unis ont toujours été d’indéboulonnables soutiens pour le pouvoir de Kigali» (Rwanda : Washington peut-il remettre en question son soutien à Kigali ? — La Libre AfriqueRobert Menendez le dit en des termes on ne peut plus clairs dans une lettre adressée à Antony J. Blinken, Secrétaire d’Etat américain.

Cette lettre du Président de la Commission des Affaires Etrangères au Sénat US est trop bien écrite. Elle est  »intelligente ». C’est tout un message à décoder.

A mon humble avis, son décodage doit prendre beaucoup de temps. Tous les mots et les expressions qu’elle utilise doivent être étudiés en profondeur. La situer dans le contexte de l’intensification de la guerre froide me semble indispensable. Elle constitue un message important des USA adressé aux  »paralytiques » de la trempe de Kagame ayant tendance à ne pas comprendre qu’ils jouent  »un rôle » et que ce  »rôle » ne garantit absolument rien de durable ; sur le temps long.

Cette lettre prend HRW et d’autres ONGs à témoin ; celles-ci participent de la mise de Kagame à nu. Elle soutient que « HRW a également noté que depuis 2019 seulement, pas moins de 32 journalistes, des commentateurs sur Internet et des militants de l’opposition au Rwanda ont été tués, ont disparu, ou (ont été) emprisonnés. Le gouvernement du Rwanda est également accusé, avec preuves, de cibler des dissidents vivant à l’extérieur du Rwanda. Des critiques virulents de Kagame ont été assassinés en Afrique du Sud, au Mozambique, en Ouganda et au Kenya. En juillet, un autre dissident rwandais a été abattu par des assaillants inconnus au Mozambique. Le gouvernement sud-africain ainsi que les forces de l’ordre au Royaume-Uni et en Belgique ont dénoncé que Kagame ciblait les Rwandais dissidents dans leurs pays. » Elle ajoute qu’ « en mars, l’organisation canadienne Citizen Lab a identifié le Rwanda comme l’un des pays au monde, responsables des actes de répression transnationale. « contre la diaspora rwandaise », écrit Citizen Lab, « Les assassinats, harcèlements physiques et rapatriements forcés de ressortissants par le régime rwandais hors de ses frontières ont été combinés par des menaces numériques, telles que l’utilisation de logiciels espions et harcèlement en ligne. En juin, Freedom House a également identifié le Rwanda comme l’un des pays les plus prolifiques acteurs transnationaux de la répression dans le monde, aux côtés de la Russie, de la Chine, de l’Iran, de l’Égypte et de l’Arabie saoudite Saoudite, et a noté qu’en 2022, »

Par sa façon de faire, le Rwanda de Paul Kagame serait désormais du  »mauvais côté de l’histoire » comme la Russie, la Chine, l’Iran, etc.

A ce point nommé, il y aurait des messages à décrypter. Pourquoi les deux géants des BRICS sont-ils pointés du doigt au moment où ils jouent un rôle déterminant dans la promotion d’un système mondial alternatif à celui unipolaire soutenu par l’Oncle Sam et ses alliés ?

En fait, lue entre les lignes, la lettre du sénateur américain pose beaucoup plus de questions qu’elle ne donne des réponses. Elle mérite d’être bien étudiée.

A partir de quel moment historique,  »la nation exceptionnelle » et ses politiciens se sont-ils, par exemple, rendu compte que  »leur kind of guy » (Paul Kagamé : « Our Kind of Guy », par Edward S. Herman, David Peterson (voltairenet.org) lutte contre  »leurs intérêts » et leurs  »valeurs » parce qu’ils sont avec lui depuis le début de ses aventures au Kongo-Kinshasa ? Quels sont ces  »intérêts » et ces  »valeurs » ? Les étudier historiquement est indispensable.

Pourquoi cette lettre et maintenant ? Peut-être parce que Kagame exagère et s’en prend aux citoyens américains. En effet, note le sénateur, « le FBI a publié un bulletin soulignant comment le Rwanda, avec l’Iran et l’Arabie saoudite, se livraient à une « répression transnationale aux États-Unis ». » Est-ce suffisant comme motif de dénudement de Paul Kagame ? Je ne crois pas. Il faut encore fouiner. La roue de l’histoire aurait tourné…

Il ne faudrait pas bouder le plaisir qu’offre cette lettre. Elle vient enrichir les archives des chercheurs kongolais. Elle va alimenter leurs réflexions et leurs propositions au sujet des orientations géopolitiques et géostratégiques que le Kongo-Kinshasa devrait prendre pour son devenir collectif et souverain.

Lire cette lettre, l’archiver, relire l’histoire de Mobutu avec les mêmes parrains et se dire collectivement : « Tokeba ». Le triomphalisme serait un mauvais conseiller. Muan’ a Kongo, fungola miso. Keba…Même si  »les murs les plus puissants tombent par leurs fissures  », comme dirait Jean Ziegler.

Babanya Kabudi

Génération Lumumba 1961

Leave a comment

Your email address will not be published.


*