Calendrier réaliste et consensuel : C Nangaa clame l’indépendance de la Céni : « Je n‘attends pas le consensus »

corneileCENI
Pour le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), la publication d’un calendrier électoral réaménagé n’est pas conditionnée à un quelconque compromis. Question : la Céni serait-elle arrivée au point de faire valider son indépendance ? Au-delà des déclarations, c’est par les actes que l’on attend juger de la capacité de la Céni à s’assumer pleinement – en toute indépendance, bien sûr.

Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ne conditionne pas l’organisation des scrutins à un compromis entre politiciens. Il l’a déclaré à l’issue de la tripartite avec le gouvernement et les bailleurs de fonds : « les partenaires me demandent un calendrier réaliste et consensuel, mais je n ‘attends pas le consensus » avant de le publier, a-t-il dit, répondant à une question.

Alors que personne n’a semblé accorder de l’importance à ce bout de phrase, tout esprit alerte note qu’à la Céni on veut assumer l’indépendance lui reconnue par la Constitution. La Céni a péché pendant plusieurs années en se considérant comme un acteur politique à part entière. Et pourtant, cette posture, la Constitution de la République ne la lui reconnaît pas. Dans la loi fondamentale, il est reconnu à cette institution d’appui à la démocratie une forte dose d’indépendance, bien que composée d’acteurs désignés par la classe politique. Ce recadrage de la démarche pour aboutir à l’organisation d’élections apaisées était nécessaire d’autant plus que la centrale électorale devra se placer en position d’inspirer la confiance à tout le monde par des positions rassurantes et neutres.

En se mettant en position d’objectivité et de neutralité, la Céni semble déterminée à relancer le processus électoral en panne. D’ailleurs, la Cour constitutionnelle avait invité la Céni à revoir sa copie du 12 février 2015, rendant quasi-inopérant ce calendrier jugé trop chargé par l’Opposition. Les opposants avaient accusé l’abbé Malumalu d’avoir sciemment adopté la position de la Majorité afin de rendre difficile la, mise en œuvre de ce calendrier trop, global afin d’ouvrir la voie au glissement.

Pour sortir de l’impasse, l’Opposition a proposé à la Céni d’élaborer un calendrier consensuel. La communauté internationale a ajouté l’aspect réaliste pour que le poids de l’organisation ne pèse pas sur les maigres ressources de la République démocratique du Congo et aussi afin que l’assistance des partenaires ne devienne pas une part importante dans la répartition des charges financières pour le financement des élections en RDC.

Les élections ne sont-elles pas un attribut par excellence de l’exercice de la souveraineté ? Pris ensemble, il importe de faire face à cet appel qui relevait du bon sens pour la Céni que de se départir de l’image d’une mise sous tutelle de la Majorité présidentielle. Ce qui lui enlevait toute la neutralité qui doit la caractériser.

La Céni s’est ressaisie à travers cette déclaration de son président Corneille Nangaa. En tout cas, exhorter à un calendrier «réaliste et consensuel» revient pour la Céni à s’assumer. Et en faisant pareille déclaration, bien que lapidaire, Corneille Nangaa sait de quoi il parle. S’il met son institution en position d’attente d‘une solution politique, ce qu’on appelle pudiquement un «consensus», il se mettra en porte à faux avec la mission qui lui est assignée par la Constitution et la loi portant organisation de bonnes élections. Cette mission technique ne lui donne pas droit de s’en remettre aux politiques pour sortir de l’ornière. Il doit appliquer la loi, surtout que la crédibilité de l’institution est mise en doute par une frange importante d’acteurs, ceux d’une majorité des partis d’opposition. Face à ces divergences notables, ouvrir une brèche en faveur des pro-dialogue, cela se traduit pour la Céni par une prise de position partisane au profit de la MP.

La décision de ne plus subordonner l’élaboration d’un calendrier à la ténue du dialogue doit, en principe,’ rassurer tout le monde, en ce compris la MP. Comment ne pas le prendre ainsi lorsqu’on sait que le dialogue est voulu par les unis mais boude et chahuté par les autres? C’est là toute la question qui a mis en mal la neutralité de la Céni, lorsque son président a embouché le langage de politicien partisan du dialogue. Pour les anti- dialogue, le consensus peut se dégager hors du dialogue. «Un glissement technique de deux, trois ou quatre mois est acceptable», a déclaré un cadre de la Dynamique de l’Opposition qui ne voulait pas s’attirer les foudres de ses pairs. «C’est du réalisme», a-t-il indiqué. «Si au sein du dialogue, on aboutit à un tel scénario, pensez-vous que nous refuserions de nous soumettre à cette donne ?», a-t-il renchéri.

En ne faisant plus de la tenue du dialogue comme préalable à l’élaboration et à la publication du calendrier électoral, le président de la Céni a franchi un pas important, celui de sortir son institution de la mainmise de la MP. Dans ces conditions, il était difficile d’obtenir une quelconque adhésion de ceux qui sont hostiles à l’idée du dialogue. Ce recadrage obtenu, il est incompréhensible que cela n’ait pas attiré l’attention tant des médias que des acteurs politiques et de la Société civile. La Céni n’attendra plus le consensus, les consultations qu’elle mène lui offre là possibilité de récolter les avis et considérations des uns et des autres pour faire avancer le processus et produire, à la fin du parcours, un calendrier «réaliste et consensuel.

 

QUID DU CALENDRIER «REALISTE ET CONSENSUEL»?

Personne ne voudrait porter la responsabilité historique de violation de la Constitution qui est le fruit d’un compromis coulé sous forme de loi. Le compromis de Sun City qui a fixé les conditions d’accession, de durée et d’exercice du pouvoir.

Au regard de l’immensité de la tâche, la Ceni devra arbitrer entre un calendrier qui commence par la présidentielle, une élection à échéance expressément prévue dans la Constitution et commencer avec les arriérés électoraux de 2006 et 2011. Il lui sera aussi loisible de dissocier les élections coûteuses de celles moins onéreuses et vue de faire face aux contraintes financières. Il ya moyen d’obtenir ce consensus sans passer par la case du dialogue, estime-t-on a la Dynamique.

Serait-il réaliste de tenir le scrutin présidentiel sans un nouvel enrôlement de la population? Lé fichier électoral corrompu permettra-t-il de rendre crédible ce scrutin? Par ailleurs, violer la Constitution est-il acceptable, par l’a classe politique sans trahir le peuple qui a voté la loi fondamentale a 85%?

Le calendrier «réaliste et consensuel» pour les Congolais est celui qui tient compte du respect de la Constitution, particulièrement l’alternance en 2016 et qui permettra de ne pas trop le charger. Si la date du 27 novembre 2016 semble convenir, il faudra à la Céni une forte dose de responsabilité et de courage pour expliquer et convaincre autour des contraintes qui peuvent entraver la marche vers cet objectif.

Si la centrale électorale arrive à dégager un consensus sur cette première et essentielle étape, il deviendra clair que l’apaisement sera au rendez-vous parce que tous les acteurs (Majorité, Opposition et Société civile), s’engageront; sur la voie de la recherche des candidats gagnants. Tous seront tellement préoccupés par la recherche des voix des électeurs que personne ne se hasarderait à appeler des gens dans la rue ou encore à créer le chaos en tirant sur des manifestants pacifiques.

Leave a comment

Your email address will not be published.


*