L’opposant Moïse Katumbi quitte la RDC pour être soigné en Afrique du Sud

L’opposant Moïse Katumbi escorté par ses partisans, alors qu’il se rendait au palais de justice, à Lubumbashi, le 11 mai 2016.
© REUTERS/Kenny Katombe
 Par RFI

Depuis l’annonce de l’inculpation de Moïse Katumbi, les avocats de l’ex-gouverneur du Katanga avaient demandé à ce qu’il soit soigné à l’étranger et plus précisément en Afrique du Sud. Demande désormais acceptée par le procureur de la République. Pourtant sous le coup d’un mandat d’arrêt provisoire, le candidat à l’élection présidentielle est d’ores et déjà en partance dans un avion médicalisé. Une expertise médicale a permis d’appuyer cette demande et le parquet dit s’être conformé à l’avis du médecin qui avait été mandaté.

Une décision qui réjouit ses avocats, pour qui « c’est un soulagement ». Maître Georges Kapiamba salue « un geste du procureur général de la République qui a démontré finalement qu’il a le souci de respecter et faire respecter le droit de la défense », tout en précisant : « mais nous restons vigilants jusqu’à la fin de l’enquête. »

« Ce qui nous préoccupe maintenant c’est son état de santé, ajoute l’avocat de Moïse Katumbi. Nous ne pouvons pas évaluer le nombre de jours, nous resterons en contact permanent avec lui, ainsi qu’avec le parquet général de la République dans la requête qui a été introduite pour obtenir cette autorisation. Il a clairement pris l’engagement de pouvoir se remettre à la discrétion de la justice une fois que son état de santé sera complètement amélioré. Il n’y a pas de souci à se faire, il va revenir en RDC. »

Mais si la décision satisfait les avocats de Moïse katumbi, en revanche, son entourage politique s’interroge précisément sur ses chances de rentrer au pays. « C’est peut-être un piège pour l’obliger à prendre la route de l’exil », confie l’un des compagnons politiques de l’opposant àJoseph Kabila. Ce dernier craignait une condamnation par contumace, assortie d’une impossibilité de revenir sur le territoire. « C’est une manière de se débarrasser de lui », insiste-t-il.

Cette décision « vide la justice de toute crédibilité »

« Le pouvoir est totalement paniqué et il fallait mettre coûte que coûte Moïse Katumbi hors d’état de nuire, c’est-à-dire l’empêcher de se présenter aux élections », déclare Charles Mwando. Le président du G7 ajoute : « La justice n’est pas très convaincue des éléments qui se trouvent dans le dossier de M. Katumbi en était au point de s’interroger si ça valait la peine de poursuivre ce dossier. » Pour l’officiel, « les pressions politiques étant telles qu’il a fallu couper la poire en deux », c’est-à-dire prononcer une inculpation provisoire et autoriser les soins. Cette décision « vide la justice de toute crédibilité » poursuit Charles Mwando ajoutant que cela « confirme le fait que la RDC est un état de non-droit ».

« Il y a des personnalités qui ont certains problèmes avec leur propre comportement et c’est tout, ça n’a aucun rapport avec l’alternance politique », déclare Léonard She Okitundu. Le sénateur, ancien ministre congolais des Affaires étrangères et membre du bureau politique de la majorité présidentielle poursuit : « Je me rappelle que l’autre camp disait qu’on est en train de tout faire pour empêcher tel candidat à faire ceci et cela. Je ne suis pas ce genre de commentaires. Je pense qu’il y a des gens qui ont posé certains actes qui sont répréhensibles et qui doivent rendre des comptes, un point c’est tout. »

Pour le porte-parole de la majorité présidentielle, Alain Atundu, cette décision de parquet ne doit pas lui permettre de se soustraire à l’enquête en cours et à la justice. « Ceci ne résout pas son statut. Il est évident que dès qu’il termine ses soins, il va revenir pour aller dans un endroit conforme à son statut d’inculpé. Je ne suis pas particulièrement inquiet. S’il a la conscience tranquille, il va revenir parce qu’il faut savoir assumer ses actes. Si d’aventure il emploie ce stratagème pour se soustraire des autorités de la justice, je crois qu’il sera condamné par défaut. »

Droit de réserve

Selon les informations recueillies par RFI, Moïse Katumbi serait en tout cas soumis à un devoir de réserve. Selon une lettre du procureur général de la république à Kinshasa adressé au collectif d’avocats, dont RFI a reçu copie, le candidat à la présidentielle ne peut s’exprimer « sur les faits ayant donné lieu à l’instruction du dossier judiciaire en cours ». « Le non-respect de cette condition m’amènera à lui retirer l’autorisation accordée », insiste dans son courrier le procureur général de la République.

Le dossier est cependant loin d’être enterré puisque ses quatre gardes du corps sont toujours à l’agence nationale des renseignements, accusés d’être les fameux mercenaires recrutés par l’opposant. Ils devaient être transférés au parquet de Kinshasa, mais aux dernières nouvelles, ce n’était toujours pas le cas.

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